La France est véritablement un pays des paradoxes dans le domaine des comportements par rapport à l’argent et à une forme d’américanisation du système bancaire. Alors que nous sommes des écureuils précautionneux pour beaucoup d’entre nous, nous sommes aussi des fourmis emprunteuses pour une bonne part d’entre nous. 5001,7 milliards d’euros : c’est ainsi le total de l’épargne financière des ménages (livrets A, assurance-vie mais aussi actions ou titres de créance) en 20018, selon les données de la Banque de France.
Ce n’est plus un scoop : si les Français ont une forte propension à épargner, leur placement se caractérise par une grande prudence et une crainte particulière du risque. Il gère leur épargne en bons grand(e)s-pères (mères) de famille quand ils se lient sur des durées très longues par des dettes de plus en plus légères en taux. La Banque de France a constaté que le montant du prêt moyen a encore progressé de 5% sur un an. La durée des prêts et le taux d’endettement sont également à des très niveaux élevés.
Comme ils possèdent d’immenses réserves de liquidité les banquiers baissent au maximum les taux et font même pour les collectivités territoriales les mieux notées des offres « négatives » en frais financiers. Cette situation « contribue à la dynamique des crédits et à une hausse des prix plus rapide que celle des revenus des ménages » selon les analystes spécialisés. Des milliers de ménages ou de particuliers se lancent dans des constructions ou des achats immobiliers et souvent n’entament pas totalement leurs économies en profitant de la faiblesse des taux. J’en connais qui payent comptant et empruntent ensuite pour réalimenter leur compte épargne.
Le montant du prêt moyen est en augmentation « quasi ininterrompue depuis 2009 ». Il a atteint 170 200 euros en 2018, en hausse de 5% par rapport à 2017. Cette hausse reflète celle, plus importante, du montant moyen des prêts accordés aux acquéreurs déjà propriétaires et disposant de revenus plus élevés. Ce montant moyen a par ailleurs progressé deux fois plus vite en Ile-de-France qu’en province, respectivement de 8,6% et de 4,6%. La durée des prêts accordés a aussi continué d’augmenter, pour la troisième année de suite, pour atteindre 19,9 ans, soit le même niveau qu’en 2008.
Le taux d’endettement, également en nette remontée, atteint son plus haut depuis 2004. Cet indicateur représente le nombre d’années de revenus nécessaires au remboursement d’un prêt immobilier. En 2018, il a atteint 5,2 ans -contre 4,8 ans en 2017- tiré vers le haut par la hausse du taux d’endettement moyen chez les primo-accédants et les acquéreurs déjà propriétaires. La part des charges liées à la résidence a aussi augmenté, mais plus modérément pour les ménages. Leur taux d’effort, soit le rapport entre les charges liées à l’habitation et les revenus, a atteint 30,1% en 2018 ce qui explique en partie la fameuse crise des Gilets jaunes car les autres charges devenues fixes des ménages (téléphonie,.télévision, carburant pour le trajet domicile-travail, santé..) rongent les marges des budgets mensuels.
La dette majoritairement à taux fixe constitue une obligation à laquelle la très grande majorité des Françaises et des Français s’astreint : la part des encours douteux de crédits immobiliers était de seulement 1,3% au 31 décembre 2018. Un niveau très faible car on sait que les banques se couvrent au maximum par des dispositifs d’assurance, des cautions, des hypothèques ou des garanties de défaut des emprunteurs.
Malgré tout, la banque centrale française et son organisme de contrôle des banques, l’ACPR, « restent particulièrement vigilantes quant à l’évolution des risques liés au financement du marché de l’immobilier résidentiel » compte tenu aussi du niveau élevé de l’endettement des ménages. C’est un avertissement qui devrait éveiller une certaine méfiance sur un possible krach bancaire s’il s’avérait que le pouvoir d’achat baisse et que les taxes rognent toujours plus les disponibilités des emprunteurs.
Il faut aussi ajouter à ce niveau d’endettement celui de l’État les 2358,9 milliards d’euros d’endettement de la France, voire les 37,4 milliards d’euros d’intérêts que l’Hexagone paiera en 2019 pour rembourser ses emprunts. Rappelons cependant le niveau de l’épargne qui se trouve être de plus de 5 000 milliards couvrirait largement ces créances strictement financières et théoriques. Que se produirait-il si justement dans un moment de panique les épargnant(e)s se mettaient à retirer leurs fonds ? Nuls ne le sait vraiment… dans un pays qui accentue chaque jour davantage sa dépendance à l’égard du crédit !
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L’affaire Madoff et la pyramide de Ponzi a fait couler beaucoup de salive.
Faut il se débarrasser de l’argent placé sur les livrets. ? Que font les banques de notre argent ?
La planche à billet est elle toujours d’actualité ?
Pyramide de Ponzi : Il existe depuis longtemps un système bien moins élaboré, mais tout aussi malhonnête, utilisé par de nombreux escrocs de petite envergure ou des commerçants(?) aux abois : la traite de cavalerie, qui est punie par la loi.
Je crains que cette bulle, gonflée artificiellement (Dans quel but ? A qui profitera le crime ? ) par un optimisme forcené, ne se termine tragiquement, comme la crise des « subprimes » aux USA, et autres emprunts toxiques.
Quant à nos « bas de laine » et autres livrets d’épargne, la Phynance, dénonçant notre manque d’audace et nos ambitions étriquées, bave d’envie et enrage de ne pouvoir spéculer avec, et surtout, de nous en déposséder .
Considérant l’escroquerie + les emprunts toxiques = 2 milliards 4 environs de dette française.
Lorsque les dépenses sont plus élevées que les recettes ça coincé. .