Température de base : – 17. Température ressentie : -28 ! Mettre le nez dehors ou seulement à la fenêtre vous fait prendre des risques pour votre anatomie. Un instant, au petit matin, il vous parait aussi volumineux que celui de Cyrano. Vous vous dites : « c’est un roc ! … c’est un pic… c’est un cap ! Que dis-je, c’est un cap ? … c’est une péninsule » plongée tout à coup dans un congélateur qui, surprise n’est pas à l’intérieur de la maison, mais plutôt à l’extérieur. Une réplique que n’a pas inventée Rostand le transformerait instantanément « en thermomètre… sensible. » Bizarre comme cet appendice vous encombre et reflète instantanément le fameux effet « ressenti » dès qu’une bourrasque traverse votre chemin. Vos naseaux prennent du fluide glacial de plein fouet et si l’on respire un bon coup pour lutter contre la douleur ce n’est pas nécessairement porteur d’une amélioration de la situation. Vous comprenez alors pourquoi votre grand-mère vous disait de ne pas partir vers l’école sans votre cache-nez… Elle savait elle, que plus que toutes les autres parties du corps l’appendice nasal capte les méfaits de la froidure ! Il devient alors le sujet le plus préoccupant de votre anatomie qui est vraiment au milieu de votre figure pourtant « écharpée ».
Comment planquer ce « véhicule » de votre sensibilité dont on vous vous moquez bel et bien qu’elle soit estampillée Celsius ou Farenheit ? Impossible, car le froid se faufile partout. Sa morsure devient douloureuse au point que vous remontez tout ce qui peut l’être pour l’éviter et protéger ainsi le fleuron de votre face. Peine perdue puisqu’en préservant le « phare » de votre visage vous livrez à l’ennemi une autre proie ailleurs. Une crainte vous envahit : qu’il soit saisi par les glaces puisqu’en plus de la blessure du froid vient insensiblement pour compliquer la situation, une chute liquide dont le flux ne cesse de grandir. Essayez donc de l’endiguer avec des moufles alors que les volutes de neige soulevées par une recrudescence imprévue du vent espiègle vous cinglent le reste du visage. Vous laissez donc l’épanchement se produire en étant davantage préoccupé par ce fichu effet ressenti que l’on vous avait expliqué mais dont vous doutiez. Et là vous le ressentez bien cet écart entre le niveau du mercure officiel et celui que vous prenez en pleine poire. Le « négatif » accentué ne vous convient guère surtout quand vous n’y êtes pas préparé. Même si vous piquez du nez vous avez au minimum le nez qui vous pique. Si vous vous promenez le nez en l’air ou pire dans le vent, vous vous le transformez en sonde extérieure pour le reste de la maison qui mesurera à sa rougeur le niveau des dégâts vous ayant transformé en congelé.
Le froid est relatif. On apprend vite que derrière les chiffres annoncés, ici comme ailleurs, dans ce domaine comme dans d’autres, il y a une réalité bien différente. Les jours d’averses neigeuses sont paradoxalement beaucoup plus confortables que ceux où le soleil brille rendant les apparences chaleureuses très trompeuses. Les congères artificielles des traqueurs des neiges luisent sous les rayons réputés bienfaisants mais ne cèdent pas un pouce de leur transparence glaçante. Inutile de préciser que vous n’irez pas mettre le nez dans les affaires du bonhomme hiver.
Dans la froidure il vaut mieux avancer sans sourciller, avec l’espoir de vite dégoter un havre accueillant fixe ou provisoire évitant de vous faire bouffer votre « pif » par ce dangereux prédateur qu’est le froid intense.
Impossible cependant de ne pas penser à celles et ceux qui n’ont, au même moment que la rue pour refuge face à notre indifférence. Leur souffrance doit être terrible quand la mienne n’est qu’éphémère et, dans le fond, supportable avec un brin d’habitude et de méthode dans la protection. Ressurgissent alors des images de ces corps allongés dans des abris précaires… ou des recoins de la mort où le sort les a jetés. L’effroi échaude et donc la prochaine fois sera bien moins préoccupante. Le respect s’impose pour ces températures québécoises. Il faut donc ne laisser aucune prise au vent mauvais, s’emmitoufler en ne laissant paraître que les yeux reflétant j’en suis certain un peu de honte dissimulée derrière la buée des lunettes. Suis capable de voir plus loin que le bout de mon nez même refroidi ?
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Bonjour Jean-Marie au pays de la Reine des Neiges,
Pour ton nez, ça passe, je pensais le voir plus endommagé.
un conseil : tartines toi d’une bonne crème bien grasse pour affronter ces températures frigorifiques. il paraît que c’est très efficaces.
alors comment se passe la vie avec cette neige partout : je pense que rien ne s’arrête, que tout fonctionne normalement, alors qu’ici 20 cm de neige et tout s’arrête.
bon séjour tu vas revenir en forme, le froid conserve et donne un coup de fouet.
bonne journée.
J’espère que chez nos cousins, pas un ne dort dehors sous des cartons, en fait, je devrais dire « pas un ne meurt dehors sous des cartons » car forcément le sommeil doit vite être très profond.
En ce qui concerne ton nez, n’existe t’il pas de « moufle » pour nez chez nos cousins? douillette et molletonnée pour y glisser ton appendice, j’imagine un truc laisser passer l’air mais un air réchauffé, pour ne pas agresser tes naseaux délicats…façon « trompe » quoi ! … -28 même pas je m’imagine ce que c’est … j’avais un copain (devenu Algérien par amour) Canadien, vivant à Saint Alexi, allée des Pins, qui m’expliquait qu’il se transformait les jours de grand froid, en « mille-feuille » l’air étant le meilleur isolant qui soit, et que du coup, entre la décision de sortir, et le départ il fallait compter du temps…. s’habiller se chausser, et se déshabiller se déchausser, impossible de sortir en robe de chambre, chercher son courrier, ou sortir la poubelle !… n’empêche que malgré le froid, j’aimerais voir ce que tu vois… « maudit français vas ! » cache ton nez et profites !….CHANCEUX !
Serez vous rentrés pour le 22?…. 😉 bises à partager.
Bonjour Fabi,
J’avais appris par un canadien ressortissant en 1976 que lorsqu’il y a beaucoup de neige, un accueil chaleureux est réservé à celui qui est dehors.
Bonne fin de journée Fabi
Tu sais que je t’aime toi, je me met à la mode « canadienne » si tu arrives vite fait à Bordeaux !
Jean- Marie,de ton commentaire calvaire de l’hiver CANADIEN et pourtant si beau,je retiens NEZ en MOINS qu’il faut etre Canadien pour affronter ce climat longtemps….!
Si la Théorie de l’Évolution a le temps de fonctionner, le nez des canadiens va peut être devenir comme celui des antilopes saïga, vivant dans des contrées particulièrement froides (chassé et consommé par les hommes de la préhistoire depuis les périodes glaciaires).
En effet le museau du saïga, dont il reste des spécimens en Asie centrale, s’est développé et adapté en une sorte de trompe, qui lui permet de réchauffer l’air inspiré avant que celui-ci pénètre dans les poumons.