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La maîtrise des dépenses ne s’applique pas partout

Les députés sont les garants de l’orthodoxie budgétaire. Ils vont attaquer la fameuse période des ajustements de crédits dévolus aux Ministères. Ils vont tailler dans les effectifs des services publics, diminuer les aides sociales, augmenter les taxes et surtout se vanter comme l’a fait le Premier Ministre devant les élus regroupés à Marseille que « l’effort de l’État pour la maîtrise de ses dépenses sera supérieur à celui demandé aux collectivités territoriales ». L’Assemblée nationale a ainsi limité dans un bel élan de rigueur l’évolution des dépenses de fonctionnement par exemple des départements submergés par le rééquilibrage social de plus en plus décisif pour l’avenir de la République, à + 1,2 % ! Une décision absurde dont doute la Cour des Comptes quant a son effet réel sur les finances publiques mais qui fait bien dans l’opinion publique puisqu’elle la persuade que les élus locaux sont dépensiers et inconscients. Ils aggraveraient la dette (qui ne cesse pas de croître pour approcher les 100 % du PIB) et surtout maintiendraient des effectifs en surnombre dans une période où la tendance consiste à expliquer que les fonctionnaires portent la responsabilité de la mauvaise santé du pays… Ces député(e)s fin(e)s connaisseur(seuse)s de la gestion locale qu’ils n’ont souvent jamais pratiquée appliquent un principe bien connu : faites ce que dis mais surtout pas ce que je fais !
Sous l’égide de leurs responsables désignés pour la présidence ou pour les connaisseurs les questeurs les dépenses de l’Assemblée nationale ont largement dépassé les prévisions du budget 2018 et le Palais Bourbon va devoir puiser près de 47 millions d’euros dans ses réserves. Pas question là de limiter l’augmentation à 1,2 %. Alors que les gestionnaires prévoyaient de piocher 28,4 millions dans ses réserves en 2019, sur un total de 318 millions d’euros, ce seront finalement près de 47 millions d’euros qui seront empruntés. « Les charges prévisionnelles de l’exercice 2019 sont supérieures à la dotation de l’État et aux recettes propres de l’Assemblée », explique le document. Un bel exemple de gestion… pour laquelle bien évidemment les élu(e)s ont des justifications liées à des dépenses incompressibles. Comment des représentant(e)s exigeant des efforts des collectivités territoriales peuvent-ils témoigner d’un tel mépris en faisant exactement le contraire ? Déplacements des députés, billets d’avions, acquisition de l’Hôtel de Broglie pour 63 millions d’euros, hausse des frais de secrétariat ainsi que les nombreuses charges engagées par les commissions des Affaires étrangères, des Finances et de la Défense : tout s’envole sans aucune retenue !
En plus au moment où les retraités sont la cible principale des réformes votées au Palais Bourbon la réforme du système de retraites des députés est également en cause. Si les retraites des députés ont coûté 67,4 millions d’euros cette année, ces dépenses devraient augmenter l’an prochain de plus de 11 % par rapport à 2018 ! « Le régime privilégié des députés a bien été aligné sur celui des salariés. Mais cette réforme s’applique en deux temps. La baisse des pensions (soit les dépenses) prévue dans la réforme ne touchera que les futurs retraités. En revanche, la réduction de l’assiette des cotisations (soit les recettes) est d’ores et déjà entrée en vigueur », explique Le Parisien dans son article « incendiaire ».
Bien évidemment quand il est demandé aux collectivités de sabrer dans les chapitres de la catégorie « autres charges » ceux de l’Assemblée Nationale ont explosé. Tous les élu(e)s locaux surveillent en permanence ces frais généraux car le moindre relâchement entraîne des augmentations rapides ! Aucune retenue : les frais de comptabilité, les frais postaux, les taxis, le téléphone, connexions Wifi… Et pour se justifier le premier Questeur mélange allégrement dépenses de fonctionnement (celles qui précèdent) et dépenses d’investissements (l’équipement numérique, tablettes, ordinateurs) En effet il justifie ce dérapage par une hérésie en matière de comptabilité publique : « Ce sont, pour la plupart d’entre elles, des dépenses d’investissement nécessaires à la modernisation de l’Assemblée » explique-t-il. Et idiotie suprême il ajoute doctement que justement ces investissements « se substituent à des frais de papier ou de photocopies » ce qui devrait justement diminuer la ligne… « autres charges » or elle augmente !
En fait sa justification est encore plus absurde quand il affirme que l’Assemblée fait des efforts en puisant dans ses réserves qui ne sont que des excédents de crédits publics accordés par l’État (un demi-milliard annuellement) au cours des années antérieures. Pas de problème de toutes les manières : les député(e)s ajusteront leurs besoins dans le cadre de la loi des Finances 2019 et par contre jetteront l’opprobre sur les élus territoriaux en leur fixant des objectifs intenables !

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Cette publication a un commentaire

  1. J.J.

    C’est avec de belles gestions comme celle-ci que l’on finira par hisser au pouvoir en France des gouvernants de la même farine qu’en Italie, Suède etc…
    Et on nous refera le coup de l’épouvantail, mais ça n’est pas sûr que ça fonctionne encore : rappelez vous l’histoire de Martin qui criait « au loup » !

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