Soins de santé, perte d’autonomie, hébergement… Le financement de la dépendance est estimé à près de 24 milliards d’euros annuels en dépenses publiques (État et départements). D’ici 2050, la France comptera près de 5 millions de personnes de plus 85 ans, contre seulement 1,5 aujourd’hui. Instauration d’une deuxième journée de solidarité? D’un cinquième risque de la Sécurité sociale? S’il n’y a pas de véritable anticipation par la création d’un cinquième risque via la sécurité sociale la situation deviendra intenable très rapidement. Or si aujourd’hui la Ministre en charge des personnes âgées a annoncé un « plan de soutien aux établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes » dont est déjà assuré qu’il ne réglera rien. En effet les agences Régionales de santé ont élaboré un plan régional (PRS) dans lequel sont affichés les options pour les prochaines années et par exemple en Nouvelle Aquitaine le verdict est clair : aucune place ne sera créée en EHPAD ! Quand on sait que sur certains établissements on a des listes d’attente de plusieurs centaines de personnes parfois en extrême détresse en raison de la prolifération des maladies dégénératives. L’hypocrisie règne dans des propos ministériels déconnectés de toute réalité.
Lorsque l’on parle de la présence d’une infirmière de nuit on sait fort bien que c’est une vue théorique puisqu’il faudra non pas une mais deux ou trois personnes en raison des horaires de travail et des repos ! Le budget à trouver (exclusivement ARS) représente largement plus que les sommes dégagées. Le vrai problème réside dans la pénurie de personnel qualifié. Les IDE sont rares et leur salaire dans la fonction publique hospitalière ne correspond pas à leur qualification. Elles hésitent à s’engager auprès de personnes âgées dépendantes qui nécessitent des soins souvent très exigeants. Il a été subrepticement ajouté que si des économies étaient à faire ce serait sur le personnel administratif ou d’encadrement.
Le gouvernement avait nommé fin janvier un médiateur et annoncé des crédits de 50 millions d’euros en 2018 pour les Ehpad en difficulté, une «broutille» pour les représentants des personnels. Une partie de la contestation visait aussi une réforme controversée votée sous le quinquennat précédent, qui consiste à faire converger entre 2017 et 2023 les budgets des Ehpad publics et ceux du privé concernant les enveloppes «soins» (financées par l’Assurance maladie) et «dépendance» (financées par les départements) ; Côté «dépendance», une enveloppe de 47 millions d’euros permettra de compenser les pertes de certains Ehpad pour 2018 et 2019… mais ne réglera pas pour autant les taux d’encadrement. Aucune des difficultés ayant justifié les manifestations du personnel ne sera réglée puisque le niveau de dépendance en raison de l’âge d’entrée
Côté «soins», le plan propose d’accélérer la convergence sur cinq ans au lieu de sept, en apportant «143 millions d’euros supplémentaires» aux 217 millions déjà prévus sur cette période pour «favoriser des recrutements» dans les Ehpad. Une somme à rapporter aux 7 573 établissements répartis sur le territoire, qui comptaient fin 2017 608.000 résidents et 400.000 employés. On arrive à la somme de 47 000 € par ex-maison de retraite ou si l’en effectue un autre ratio de 600 € par résident sur un an et donc 50 € par mois. Peut-on prétendre résoudre les difficultés actuelles avec ce type d’annonce ?
Cette annonce devient encore plus illusoire quand elle est assortie ‘une nouveauté car pour désengorger les services d’urgences – et éviter le traumatisme d’une hospitalisation chez des personnes fragiles – le développement de l’hospitalisation au sein même des Ehpad est évoqué, ainsi que la création de 1000 places en Ehpad, facturées… au même prix qu’à l’hôpital, pour raccourcir les séjours et préparer le retour à domicile. Où va-t-on créer 1 000 places dans des établissements déjà ? Quel personnel prendra en charge ces « résidents-patients » ? Déjà en difficulté pour s’occuper des personnes il sera difficile de trouver des moyens humains pour s’en occuper.
Il y a bien d’autres solutions à mettre en place : au lieu de tabler sur la télé-médecine il est possible de déplacer les spécialistes (dentistes, cardiologues…) comme dans l’EHPAD du hameau de La Peloue à Créon en gardant la consultation à distance pour des cas très lourds. Par convention avec l’hôpital public l’accompagnement de fin de vie peut se faire par des soins hospitaliers à domicile c’est à dire dans l’établissement. Il faut imaginer des sections EHPAD à domicile avec des équipes pluridisciplinaires mobiles… pour le milieu rural et transformer certains d’entre eux en lieux ressources pour un territoire en lien avec les services à domicile. Il faut donner les moyens à ceux qui le souhaitent d’innover et de préparer le double enjeu du maintien à la maison et de la nécessaire prise en charge avec le vieillissement de la dépendance. Or le formatage institutionnel devient pesant et contraire à toute logique voulant que la solidarité humaine soit la grande oubliée de toutes les réformes !
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Les projections de population attestent un nombre important de vieux dependants, lorsque l’on scrute la pyramide des âges, les femmes vieillissent mieux que les hommes.
A la sortie de la guerre de 1945, la sécurité sociale a été créée et les cotisations sociales ont été instaurées pour permettre à tous de se soigner. Ces cotisations sociales très élevées pour certaines familles n’étaient pas obligatoires.
A ce jour la sécurité sociale n’existe pratiquement plus et les mutuelles ont pris le relais avec des coûts faramineux.
Comment les jeunes d’aujourd’hui vont ils faire pour assurer leur vieillissement sachant qu’il y a plus d’inactifs que d’actifs en France ?
La situation économique étant catastrophique comment ces jeunes vont ils assurer leur devenir ?
Et prescrire les pilules de cyanure pour ceux qui veulent absolument échapper à l’Ehpad et éviter de mettre leurs enfants sur la paille…
Oui, il y en a tant qu’ils veulent mourir. Pourquoi ne les laissons pas mourir puisque dans la société dans laquelle ils vivent, ils sont mal en état de mal Etre.
Il serait bien de reprendre l’idée « mourir dans la dignité »
Quand on veut vraiment mourir on peut toujours, il n’ y a pas de lois contre ça, et le choix est large, par contre de demander à quelqu’un, si celui-ci accepte cela relève de l’ assassinat pour le législateur et heureusement. Bien des décès de personnes « en fin de vie » sont déjà visiblement accélérés et quelle confiance avoir dans le personnel soignant s’ il a carte blanche? La tentative de marchandisation de la mort programmée est aussi insupportable que les sollicitations que subissent des soignants pour cause d’ héritage qui n’ arrive pas assez vite…Du vécu.