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Le monde sacrifie dans l’indifférence ses enfants

Je ne supporte pas la souffrance infligée par les adultes réputés « responsables » en raison de leur âge à des enfants. Il n’y a aucune raison, aucune motivation, aucune justification aux actes qui chaque jour envahissent les pages, les ondes, les écrans des médias. Horrible, effroyable, démentiel et surtout inhumain au sens premier du terme de voir des milliers de gosses ou de jeunes exploités, meurtris, tués dans un monde de plus en plus déboussolé. Pris en otage dans des guerres qui les dépassent ils sont les victimes innocentes des querelles des hommes. Morts de faim, morts sous les décombres, morts gazés, morts de chagrin, morts de maladies non soignées, morts de manque d’eau, morts de crimes sadiques… partout la société a transformé ces enfants en victimes expiatoires de son incapacité à gérer une paix productive et sereine.
En Syrie 25 000 d’entre eux ont été les victimes des affrontements et d’exactions ciblées (bombardements d’hôpitaux, d’écoles), au Yémen on estimé à 5 000 le nombre de ceux qui ont laissé leur vie et des milliers d’autres ailleurs ! Du Moyen-Orient à l’Amérique centrale, près de 8 % des enfants du monde vivent en effet dans des secteurs en guerre. Dans son rapport annuel l’ONG « Save the Children » alerte sur le sort des mineurs dans les pays en guerre, qui seraient au nombre de… 16 millions. Depuis vingt ans, la durée des conflits armés augmente, rendant leurs effets encore plus dévastateurs, notamment pour les enfants. Ils sont beaucoup plus exposés et il n’existe plus aucune réelle protection de leur fragilité !
On est loin de l’émoi provoqué par les images du Biafra ou de Somalie : la société bien pensante s’est accoutumée à l’horreur ! Ainsi les touristes qui se rendent au Mexique prennent-ils en compte le fait que dans ce pays un grand nombre de mineurs sont pris dans la guerre des cartels qui y fait rage depuis 2006 et que c’est aujourd’hui le deuxième conflit le plus mortel au monde – après la Syrie – avec plus de 23 000 morts (majeurs et mineurs) en 2016 ! Peu d’images ! Peu de compassion ! Les enfants ou les adolescents(e)s palestiniens meurent sous les balles. Au Nigeria c’est une hécatombe ! En Afghanistan ce sont près de 3 500 d’entre eux qui ont péri ! Des groupes extrémistes au Soudan les enlèves pour les transformer en bombes humaines… Plus aucune limite dans la cruauté !
On estime à 3,1 millions d’enfants de moins de 5 ans qui meurent chaque année de la faim dans le monde, sans compter les millions qui souffrent de malnutrition, ce qui représente près de la moitié (45%) des causes de décès. Il sont 154,8 millions d’enfants (de moins de 5 ans, ndlr), présentant des signes chroniques ou aigus de malnutrition. Le manque d’eau potable s’ajoute à ces famines ! Chassés par la misère de chez eux ils prennent les routes de l’exil avec l’espoir d’un ailleurs moins dangereux et plus accueillant. Beaucoup perdent la vie en route et les autres réputés « non accompagnés » sont reçus avec déshonneur et médiocrité. Ils deviennent les enjeux pitoyables de querelles politiciennes dignes des pires époques de notre histoire européenne.
Pas un jour sans que adultes entraînent chez nous, au plus près de nos vies civilisés, des enfants dans leur mort. Des querelles familiales coûtent la vie à des gamines ou des gamins innocents. En France on sait qu’en 2016, 67 enfants sont morts dans le cadre de violences intra-familiales, que 27 000 plaintes pour violences physiques ou sexuelles au sein de la famille ont été enregistrées… Enfin les procureurs ont placé, en urgence, plus de 13 000 enfants pour les mettre à l’abri. Mais ces données sont incomplètes, car elles ne représentent que les faits déclarés à la police. Les hôpitaux sont loin de tout recenser. Ils ne recoupent pas leurs fichiers avec ceux de la police, et les départements, responsables de la protection de l’enfance, ont chacun leur méthode pour répertorier les signalements qui leur remontent. En Gironde ce sont 4 500 (j’écris bien 4 500) mineurs de tous âges qui sont sous la tutelle du conseil départemental pour des situations jugées dangereuses pour eux !
Une société incapable de protéger ses enfants révèle un niveau culturel, social, matériel d’un niveau inquiétant ! Un monde qui avec le réchauffement climatique, le danger nucléaire, l’appauvrissement de ses richesses naturelles ne protègent même plus l’avenir de l’Homme va droit vers sa perte. Un enfant n’est plus un petit d’Homme mais tout simplement pour certains une marchandise, le fruit du hasard, de la chair innocente à canons, un « outil » de chantages affectifs, le symbole d’une réussite sociale, un souffre-douleur alors qu’il ne mérite qu’estime, amour, soutien, compréhension et minimum vital.

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Cet article a 3 commentaires

  1. bernadette

    Je lis le journal Sud ouest et decouvre ce matin un drame effroyable. Une maman a empoisonné ses 3 enfants. Comment est ce possible d’en arriver là ?.

  2. JJ Lalanne

    Quand on a exercé souvent auprès de jeunes « en difficulté » (tu parles, l’ euphémisme) on peut relativiser ses propres difficultés. On mesure l’ absurdité des propos tenus à leur sujet et on peut normalement comprendre que des opprimés, des oubliés, renvoient l’ ascenseur. Atroce de voir certains s’ en servir de boucliers dans l’ utilisation des hôpitaux et écoles, plus d’ ailleurs pour la guerre médiatique que pour chercher une protection logiquement illusoire. Atroce de voir l’ utilisation des enfants-soldats, âge où par manque de maturité ils n’ auront aucun état d’ âme pour massacrer l’ ennemi désigné. Scandalisé par tous ces morts mexicains, victimes de l’ indifférence mondiale. Chez eux pas de terminaux pétroliers ou gaziers potentiels pour nous alimenter directement comme au Moyen-Orient. Chez eux pas de base navale russe sur la Méditerranée pour nous déranger. Alors…

  3. bernadette

    Je pense que parler de soi est un progrès.
    Apporter un jugement de valeur sur quiconque est très dangereux parce que l’on ne peut pas mettre la vie d’autrui en danger à partir de jugement personnel.
    Parler de soi, de ses ressentis est une bonne chose.
    Ces 2 petits enfants photographiés parleront peut être un jour d’eux et de leurs ressentis.

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