Pour cette dernière chronique de 2017 je vais me risquer à pronostiquer, sans boule de cristal et surtout sans avoir d’entrailles de poulet ou de marc de café à analyser, que le mot qui sera le plus utilisé en 2018 sera celui de « migrants ». Il va entretenir les fantasmes et surtout les peurs, il va redevenir la clé du bréviaire des extrémistes et bien évidemment il va nourrir le national-populisme qui ne cesse de prospérer dans les esprits. Comme le veut la société actuelle de la facilité intellectuelle, face à l’opinion dominante qu’il ne faut surtout pas contrarier, le langage politique général s »adaptera à cette dure réalité universelle : les « migrants » parmi lesquelles se trouvent de nombreux réfugiés seront de plus en plus un enjeu de la conquête du pouvoir !
Dans quel pays de la planète le sujet n’apparaît pas dans les discours de campagne électorale ? Dans quel pays les télévisions n’abordent-elles pas de manière récurrente ce thème ? Dans quel pays du monde accepte-t-on de voir la réalité en face ? Ils sont très peu nombreux puisque partout, comme c’est le cas depuis des siècles, les migrations provoquent des rejets massifs des populations autochtones. Peu importe le motif de ces mouvements plus ou moins massifs la vox populi redoutable quand elle est dictée par la propagande ou la désinformation leur attribue tous les méfaits des crises sociales et morales. A chaque scrutin sur n’importe quel continent le triomphe est assuré pour celles (rares) et ceux (trop nombreux) qui témoignent d’une hostilité plus ou moins forte à l’égard des « envahisseurs » venus d’ailleurs.
Le pire c’est que ce sont les classes les plus défavorisées qui angoissent face à ces migrations et souvent ce sont même les deuxième et troisième générations des déplacements antérieurs de population qui sont les plus remontés. Ils voient des rivaux dans ces gens plus démunis, plus pauvres qu’eux pouvant les priver des maigres avantages qu’ils ont mis longtemps à se procurer. A l’inverse les dirigeants ou les nantis ne voient que des avantages à l’arrivée d’une main d’œuvre malléable, fragile et donc susceptible de pallier à moindre coût les départs des générations du papy-boom. Si l’on ajoute une bonne couche de guerre de religions potentielle on tombe vite dans le racisme de masse de plus en plus avoué.
Alors en 2018 tout tournera autour de ce qualificatif de « migrants » qui sert à tout et à rien car il recouvre des situations bien différentes. Depuis la fin du XXe siècle, le nombre de migrations a en effet explosé. Aujourd’hui, on estime qu’un humain sur trente a quitté son pays de naissance. Pour des raisons économiques, politiques, climatiques, d’insécurité… on fuit au péril de sa vie pour tenter de se reconstruire ailleurs. Le nombre de migrants internationaux – c’est-à-dire de personnes vivant dans un pays autre que celui où elles sont nées – a atteint 244 millions en 2015, soit une augmentation de 41% par rapport à 2000, selon de nouvelles statistiques présentées début 2016 par les Nations Unies. Ce nombre inclut près de 20 millions de réfugiés. Cette réalité semble ignorée volontairement par de nombreux gouvernants qui portent pourtant tous une vraie responsabilité dans ce phénomène qui ne cesse de prendre de l’ampleur.
En 2015, deux migrants internationaux sur trois vivaient en Europe ou en Asie. Près de la moitié des migrants internationaux dans le monde sont nés en Asie… alors que nous focalisons sur des secteurs du monde beaucoup plus en danger. Parmi les grandes régions du monde, l’Amérique du Nord est au troisième rang en termes d’accueil de migrants internationaux, suivie par…l’Afrique, l’Amérique latine et les Caraïbes, et l’Océanie. Entre 2000 et 2015, l’Asie a ajouté davantage de migrants internationaux – 26 millions – que toutes les autres grandes régions du monde. Dans de nombreuses parties du monde, cependant, la migration s’effectue essentiellement entre pays de la même zone géographique. En 2015, la plupart des migrants internationaux vivant en Afrique, soit 87% du total, étaient originaires d’un autre pays du continent. Les pourcentages correspondant étaient de 82% pour l’Asie, 66% pour l’Amérique latine et les Caraïbes, et 53% pour l’Europe. Par contraste, une importante majorité des migrants internationaux vivant en Amérique du Nord (98%) et en Océanie (87%) sont nés dans une autre région que celle où ils vivent actuellement.
En 2015, les deux tiers des migrants internationaux vivaient dans 20 pays seulement, tout d’abord aux Etats-Unis, qui accueillaient 19% de tous les migrants, suivis par l’Allemagne, la Russie, l’Arabie saoudite, le Royaume-Uni et les Emirats arabes unis. Il n’est pas inutile de rappeler que ce sont les Indiens qui constituent la plus grande diaspora au monde, suivie par le Mexique et la Russie. En effet en 2015, 16 millions d’Indiens vivaient hors de leur pays, contre 12 millions de Mexicains. Parmi les autres pays comptant une importante diaspora à l’étranger, figurent la Russie, la Chine, le Bangladesh, le Pakistan et l’Ukraine.
Le pillage des richesses naturelles, le saccage des océans, l’exploitation toujours plus flagrante des hommes en faveur du monde du profit, la financiarisation de toute la production agricole, et la corruption accentue des phénomènes contre lesquels la seule réponse réside dans l’absurdité des menaces et de la répression. Toute l’Europe s’arc-boute sur des certitudes reposant sur une culture ancestrale intangible quand d’un autre coté elle a admis depuis des décennies l’américanisation forcenée de pans entiers de ce que l’on présente désormais comme des acquis à défendre. Les accords transatlantiques signés ou à signer sont en effet à cet égard bien plus dangereux que l’arrivée de pauvres hères qui espèrent seulement échapper à toutes les formes de violence économique, sociale, religieuse, politique ou climatique. Or ils découvrent d’autres formes de violences qui sont institutionnelles ou idéologiques et leur misère ne change pas !
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Bonjour,
Concernant l’immigration les chercheurs ont édité des livres.
Les chercheurs pour ou contre les statistiques ethniques, très intéressant de se nourrir de réalités face à cette enquête qui a eu lieu en 2008.
En 4 lettres, ne court pas les rues de notre monde et pourtant existe dans biens des langues :
http://www.freelang.com/expressions/paix.php
Excellente fête de fin d’année, Jean-Marie et Marie-Claude, attention non pas aux migrants mais à la migraine !
J’évoquais dans un post précédent la question : y-a-t-il des immigrants dans mes ancêtres ? Question idiote car la réponse est forcément : oui !
Depuis son apparition sur terre, « l’homo » d’abord erectus, puis faber, puis sapiens, pour faire court, n’a pas arrêté d’immigrer.
Parti probablement d’Afrique, sa descendance n’a cessé de parcourir le monde, de se sédentariser, puis de répartir à nouveau.
Et le sédentaire provisoire a le plus souvent accueilli avec réticence et méfiance le voyageur attiré par un espoir de vie meilleur, chassé par une calamité ou simplement mû par un irrépressible désir de changement.
J’ai connu des »gens du voyage » sédentarisés et parfaitement intégrés à la population dont les enfants sont répartis sur « trimard ».
En réalité l’homme (terme générique, la femme aussi ….) est un nomade provisoirement sédentaire, de l’exode rural aux grandes invasions.
Un petit retour à l’histoire de l’Humanité permettrait sans doute de considérer l’affaire avec plus de d’objectivité et éviterait d’en faire un sujet de discorde.
Mais ne serait-ce pas le but rcherché ?
@JJ – Vous avez raison, les conflits guerriers et de plus en plus violents delogent les habitants pour les faire fuir vers d’autres pays dont ils ne connaissent pas la langue parlée, ni les habitudes de vie. Pour vivre en France il devient légitime d’avoir au moins la nationalité française, travailler pour gagner quelques euros pour se nourrir et se vêtir. Vivre nu est interdit.
Ces gens venus d’ailleurs reçoivent des droits (le logement et autres….)
Il ne faut pas séparer les enfants de leurs parents. L’enfant à besoin de ses parents.
@jj: D’accord avec toi et on n’ a pas besoin d’ aller loin pour trouver la xénophobie… @JM: Ce n’est pas l’attitude des exploiteurs qui choque le plus les immigrés, ça, ils s’y attendaient même si ce n’est pas toujours facile à vivre. Ce qui les choque c’ est l’ attitude de gens de gauche qui leur font des promesses et ne les tiennent pas, certains par cupidité, d’autres par racisme assumé (si, si), d’autres par nationalisme à la FN, d’ autres « parce que vous savez mon bon monsieur la vie est comme ça »… On en connaît. C’ est beaucoup plus destructeur que l’extrême-droite et ses fantasmes, ça présente bien. Un oncle immigré, un ex-beau-père immigré, une amie immigrée, des amis mariés à des immigrées des voisins immigrés dans un quartier à forte densité d’ immigrés, je pense pouvoir dire que je sais de quoi je parle ( même si on a le droit d’ avoir un avis sans ça).
Êtes vous un extremiste pour parler autant des immigrés ?
Je comprends JMD qui a le moral dans les chaussures et qui fait marche arrière avec ses ancêtres.
Les migrants il y en a dans les gares, sur les routes bouchées, ceux qui se rendent chaque jour à la ville, les routes enneigées ont empêché les automobilistes à poursuivre leur route et ils ont dû être hébergés dans les salles des fêtes pour passer la nuit. Où sont les chasse-neige?
@+
@bernadette. Je vois que surtout vous avez compris tout à l’ envers du billet de JMD… Ça va lui donner des ulcères et ce n’ est pas gentil pour débuter la nouvelle année. Je peux avoir parfois des nuances par rapport à lui mais le faire passer pour un fascho, JAMAIS.
Meilleurs voeux à vous et à JMD. L’immigration c’est un bien grand mot qui ne veut pas dire grand’chose, donc ne pas parler d’immigration qu’elle soit « jetable, utile, climatique, économique » ne changera en rien l’exclusion subie en France
Ecoutez donc la « Ballade des gens qui sont nés quelque part », une occasion de se rappeler le bon souvenir de l’irremplaçable Georges Brassens.
Je sais, ça ne ne dit pas, « se rappeler le bon souvenir », mais je le dis quand même.
Bonjour,
Je viens de consulter le magazine de
mon département et ne comprends pas très bien l’histoire du camembert d’investissement. Le partage des 224,2M €, en particulier le numérique rattaché à internet haut débit. Est-ce ça la qualité de vie et la qualité de l’éducation ?
Quelle complexité ces politiques. Comment peuvent ils encore appartenir à un groupe politique ?
– Les habitants sont trop nombreux
– Les budgets sont retrécis
– Maintien capacité d’épargne.
En tant qu’habitante girondine je me pose la question sur les droits et les obligations des habitants.