L’Insee a dévoilé les grandes lignes de l’évolution de la population entre 2010 et 2015 et le constat fait que celle de la Gironde augmente de 1,3% par an (seulement 0,5 % au niveau national) avec 1 548 478 habitants. Ce dynamisme évidemment considéré comme le reflet de l’attractivité du département peut se résumer d’une autre manière : en 6 ans c’est une ville nouvelle de 23 000 habitants qui s’installe sur le territoire girondin. C’est ainsi que les deux-tiers de la ville de Bordeaux se sont installés de manière diffuse en Gironde en 6 ans avec certes tous les avantages mais aussi toutes les obligations qui vont avec. Bien évidemment on oublie la face cachée de ce qui est présenté comme une croissance positive alors que les difficultés s »accumulent.
Ainsi il faut simplement constater que sur la même période le prix du terrain à bâtir (de plus en plus rare) n’a cessé de grimper pour atteindre des sommets sur l’arrondissement de Bordeaux et surtout sur le Bassin d’Arcachon. L’immobilier a suivi la même progression sur les zones identiques avec comme conséquence un étalement de la construction qui devient dangereux puisqu’il génère en grande partie les graves difficultés de mobilité qui pèsent actuellement sur les axes allant vers la métropole bordelaise ou la contournant…Le locatif devient par ailleurs inabordable car la construction d’Habitation à loyer modéré ne suit pas sur les zones justement les plus sollicitées pour l’accueil de nouvelles populations. Une bulle spéculative s’est mise en place mais finira par se dégonfler.
On oublie aussi que 23 000 nouveaux arrivants c’est selon les estimations plus de 17 000 véhicules supplémentaires sur les réseaux routiers… et que ce n’est certainement pas un gigantesque ruban de bitume appelé « grand contournement » qui résorbera seul une fréquentation exponentielle des voies actuelles essentiellement utilisées pour des déplacements de proximité ! D’ailleurs si l’on dépasse les clichés paradisiaques sur les apports de la liaison Bordeaux-Paris en 2 heures via le TGV réservé essentiellement aux voyageurs ayant la possibilité de facturer leur déplacement à leur entreprise ou leur institution on constate qu’il existe un certain désenchantement. Mettre plus d’une heure pour regagner son domicile ou aller de chez soi à la gare agace singulièrement celles et ceux qui ont cru en Eldorado girondin. Les emplois sont rares et les rémunérations moins fortes qu’à Paris : on assiste à des retours vers la réalitié parisienne face à ce contexte!
Cette dynamique démographique louable impacte fortement le conseil départemental qui doit assumer deux secteurs clés de la vie collective : les collèges et en grande partie la défense incendie et secours. Sur le premier point l’évaluation des effectifs à échéance 2024 a conduit le Département à envisager la construction de 12 établissements nouveaux et de grosses restructurations dans 11 d’entre eux puisque un afflux de 23 000 habitants chaque année représente environ 1200 élèves nouveaux. Un plan qui avoisinera à terme les 600 Millions d’€. Un véritable défi puisque le gouvernement a décidé unilatéralement à travers des pactes financiers de limiter les budgets à une hausse de 1,2 % et de contraindre à un désendettement…. impossible dans la période où il faut justement investir massivement. La seule progression des recettes départementales pouvant venir du levier de la Taxe sur les propriétés bâties la marge est plus que réduite si les mesures dictées par Bercy sont appliquées !
L’autre volet concerne la sécurité des personnes et des biens. On atteindra en 2017 plus de 116 000 sorties des sapeurs-pompiers professionnels ou volontaires sur la Gironde (55 simultanées une fois ou une douzaine de jours avec une sorte toutes les 3 minutes sur le territoire départemental) ce qui nécessite outre des embauches massives (130 sur la seule métropole bordelaise actuelle) mais de lourds investissements en casernes, en matériels spécifiques liés aux risques connus croissants (circulation routière, réchauffement climatique, manifestations de masse, attentes aux urgences hospitalières, carence du secteur médical privé en zones rurales…) ou nouveaux (immeubles à l’architecture particulière comme par exemple l’Aréna, tourisme fluvial, surfaces industrielles ou commerciales en progression constante). Pour le moment les maires et les Présidents d’intercommunalité qui accueillent ces milliers d’habitants profitent d’une loi absurde qui leur permet de refuser d’assumer les conséquences de l’urbanisation qu’ils ont eux-mêmes décidée puisque leur participation est calée sur une population de… 2002 ! Faute d’un accord local rapide ou d’une modification indispensable de la loi ce sont chaque année 2 millions d’euros qui manquent au budget du SDIS 33… et qui ne sont compensés que par le seul Département mis par ailleurs sous tutelle étatique pour ses dépenses.
Il faut ajouter que le fort développement de la fréquentation touristique sur Bordeaux, le Bassin d’Arcachon et certaines zones girondines comme le littoral médocain, fort louable en soi, accentue cette pression sur l’ensemble du service départemental d’incendie et de secours de mai à octobre.
Alors bienvenue aux néo-Girondins car ils témoignent de la qualité de vie actuelle dans certaines parties de la Gironde. Il reste à assumer cet afflux par les efforts solidaires indispensables de toutes les collectivités pour à la fois éviter la détérioration possible du cadre de vie de ceux qui sont installés mais aussi faire en sorte qu’il soit conforme aux espoirs de celles et ceux qui arrivent. Il y a beaucoup de chemin à parcourir…
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Merci JMD de cette savante analyse réalisée pour 2 zones : Bordeaux, la CUB et le Bassin d’Arcachon. Les Autres sont les grands oubliés, à savoir la partie Nord, le Blayais etc…
Dans la grande région : la côte rochelaise et royan sont oubliés.
Que ces vilains cette expression de néo girondins sans compter tous les départements qui se sont accrochés.
Vous parlez d’évolution. ESt ce une évolution ?
Oui, Jean-Marie, tu as raison. L’évolution de la population girondine observée au cours de ces 15 dernières années est de plus en plus inquiétante, notamment sur les axes périphériques Bordelais qui ne suivent pas la progression démographique. Il suffit d’observer ce qui se passe tous les matins et soirs de la semaine aux entrées et sorties de Créon. Ces embouteillages durant plusieurs heures du lundi au vendredi doivent fatiguer ces courageux travailleurs qui se sont retirés de la Métropole Bordelaise en pensant avoir une vie plus agréable à la campagne et surtout plus accessible financièrement. Les pauvres, ils se sont trompé car cette campagne est devenue aussi polluée et coûteuse que la Métropole Bordelaise. Une question va finir par se poser; doit-on continuer à urbaniser nos campagnes sans faire évoluer les axes routiers ? Je crains qu’un jours la piste cyclable de Bordeaux-Eymet soit transformée en navette de trains ou tramways, une éventualité qui pourrait libérer les axes routiers et permettre aux cyclistes de se déplacer avec plus de sécurité. Il faudra évidemment prévoir de construire des parkings aux accès de chaque commune desservie. Je crains que cette idée soulève de fortes oppositions de tous les bords…
La convergence des autoroutes autour de Bordeaux pour prendre la rocade qui contourne la capitale régionale va devenir un très très gros points noirs. Les enfants, les femmes d’ agriculteurs et leur famille ont besoin de se déplacer vers la ville. Ou sont les transports en commun Collectifs ?. Etudier à Bordeaux ou dans la CUB est très compliqué, comme se soigner d’ailleurs…..CEux qui vivent dans l’agglomération de Bordeaux intra muros n’ont pas tous ces problèmes d’engorgement des axes routiers.
Si le chiffre de la population a évolué il n’en est pas de même des matériels roulants de transport en commun.