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Je n’ai en moi que peu de choses de Johnny

Je suis certain qu’il y en a qui ne le savent pas encore : Johnny est mort ! Vous savez Johnny celui qui de trublion du Golf Drouot qui faisait le bonheur des fabricants de fauteuils de salles de spectacle… et qui rejetait tous les bourgeois trop paisibles de la chanson française. Dur comme un « rock » venu d’Outre-Atlantique le blondinet au style Elvis allégé révulsait les dames patronnesses, heureuses propriétaires d’une étrange lucarne en noir et blanc de l’ORTF. Un tantinet timide hors de la scène le gendre imparfait pour ce début des années 60 Johnny devenait un véritable diable sur scène pouvant provoquer des montées rapides d’orgasmes plus que musicaux grâce au moindre salut adressé aux copines d’alors.
Une apparition de celui qui symbolisait la révolte contre le carcan moral de la période d’après-guerre se transforma très vite en révolte. Une idole au vrai sens du terme se construisit peu à peu chez des jeunes en mal d’émancipation et voulant oublier qu’il a étaient allés sans rechigner au catéchisme, avaient fait leur première communion, subi leur poussée d’acné juvénile : le vent de révolte lancé par James Dean soufflait sur la génération qui laisserait faire mai 68 aux intellos des facs. Je suis de sa génération et donc c’est nécessairement mes 20 ans qui remontent à la surface.
La plupart des lanceurs de pavés dans la mare d’un gaullisme à bout de souffle adulait en effet Ferré, Brassens, Brel, Ferrat, Dylan et se gavait aussi de la « British connection » portée par les Beatles, les Rolling Stones, les Kinks, les Who, et les Yardbirds. Les révoltés de pointe snobaient ce semeur de tubes taillés sur mesures par la maison Barclay maîtrisant une ascension médiatique ponctué par l’un des tout premier mariage médiatisé entre stars du papier glacé de SLC. L’armée s’empara de son image en 1965 pour redorer un blason sérieusement mis à mal par la Guerre d’Algérie. Le rocker réputé rebelle s’intégra alors parfaitement dans le service mili­taire contesté par une part de la jeunesse, comme l’avait fait avant lui un certain Elvis Presley.
C’est préci­sé­ment à Offen­burg, en Alle­magne, que le rocker de 22 ans a servi dans le 43eme régi­ment blindé d’in­fan­te­rie de marine. Pas de « coupe au bol » pour lui et une promotion rapide de telle manière que le sergent Smet en treillis, puisse sur un film se rendre dans sa cham­brée où il découvrait avec sourire les nombreuses cartes de ses fans. Il a porté une vision idyllique de ce séjour Outre-Rhin que les hommes d’une vingtaine d’années de son époque n’appréciaient guère. Au mur de la chambrée, on découvrait dans ce vrai film de propagande une photo de la sublime Sylvie Vartan, sa récente épouse restée en France attendant le retour en perm de Johnny. En rentrant dans le rang au propre comme au figuré, « l’effaroucheur » de belles-mères bien pensantes s’inscrivait dans la durée. Il conservera en effet par la suite les signes extérieurs de la richesse d’esprit du contestataire mais à tout jamais il s’installera dans la vie sociale de millions de jeunes qui en vieillissant deviendront des fidèles au sens religieux du terme. Il lui faudra quand le tsunami des vedettes éphémères des sixties aura fini de ravager les paysages de la chanson française il saura revenir, non plus par les gestes mais par les textes qu’il choisira, à cette période de révolte. Il captera justement cette intériorisation d’un entiment nostalgique d’une période des vies où il faut que quelqu’un porte les mots que vous ne pouvez pas formuler.
La force attractive, fascinante de sa voix, la puissance de sa conviction dans les interprétations, la mise en scène tonitruante de ses spectacles, la qualité des es choix de paroliers et de compositeurs, sa générosité pratageuse sur scène… feront qu’il tiendra son rôle de capitaine Fracasse des certitudes de la chanson française avec constance et brio. Il brisera des tabous tout en sachant parfaitement rester dans ce monde du show-business où les apparences servent à construire des carrières durables pourvu qu’on les adaptent aux sensibilités du moment. Il chantera beaucoup l’amour, assez souvent la révolte, parfois la tendresse, inévitablement le désespoir, il laissera filtrer la tristesse avec au fil du temps le passage de sa gueule d’ange de ses débuts à celle d’un ancien combattant ravagé par des guerres contre bien des travers d’une vie moins splendide que ses passages sur les plus grandes scènes…
En fait il est devenu brutalement avec sa mort humain pour beaucoup quand il était considéré comme surhumain par celles et ceux qui appartenaient à ce que l’on appelle les « fans ». Il me faut avouer que j’ai aimé écouter des chansons écrites pour Johnny qu’il interprétait avec une force intérieure convaincante… Il est logique qu’il devienne plus, comme tous ceux qui l’ont précédé lors de leur disparition, « plus grand mort que vivant » comme chanteur et tout sera fait pour qu’il en soit ainsi. Sa sortie de la scène tragique quotidienne de ce monde, restera probablement le plus grand spectacle de sa vie, son ultime réussite, son apothéose. En revanche pour l’homme il faut raison garder (c’est devenu impossible tellement la pression est forte) et dans le fond comme Victor Hugo « je resterai (pour ma part) jusqu’à la mort le protestant de la liberté d’aimer (ou de ne pas aimer!) »

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Cet article a 14 commentaires

  1. Jouvet Fabienne

    Je n;ai jamais été fan, mais….. ses interprétations m’ont touchées plus d’une fois.
    L’envie, mais aussi Laura, et encore le chant des partisans…..les coups….aussi.

    1. bernadette

      Bonsoir Fabienne,

      Il paraît que Johnny est milliardaire ?
      Il a peut être 85 millions d’euros à offrir aux agriculteurs pauvres de ce pays sur lequel nous vivons

      1. bernadette

        C’est 85 millions représente un bug informatique à la MSA qui provoque un indu. (Un trop perçu).

  2. Alain. e

    Je n’ ai en moi également que très peu de choses de Johnny , j’ en ai fait une overdose à l’ internat ou un copain était fan absolu et nous en gavait tous les soirs.
    j’ ai apprécié un certain nombres de ses chansons, après l’ homme avait ses démons et ses faiblesses comme beaucoup, mais je trouve que l’ hommage national est excessif et c’ est peu dire.
    Il est sur d’ aller au paradis (fiscal) puis qu’ il doit être enterrer à st barthélémy, et ça limitera les pèlerinages sur sa tombe .
    Mais pour moi , le plus triste dans tout ça , c’ est le besoin absolu qu’ ont les gens d’ idoles , de maîtres, de dieu ,d’ icônes . que l’ homme , la femme est faible finalement .
    Cordialement.

  3. Odry

    Merci pour ce beau discours sur mon idole

  4. bernadette

    Johnny est un artiste indépendant qui tout au long de sa carrière a gagné beaucoup de cachets ce qui explique son succès.

  5. JJ Lalanne

    J’ aime son répertoire vivifiant qui nous changeait des Tino Rossi qui sévissaient avant l’ arrivée des rockers, il faut le rappeler. Combien ai-je reçu d’ « avoinées » pour l’ écoute des rythmes subversifs de ses chansons ou de celles de ses semblables. Si la censure était moins perverse que maintenant, l’ ouverture d’ esprit des personnes qui avaient été frustrées de leur jeunesse par la période de l’ occupation n’ était pas bien grande. Il a su, bien entouré, traverser des décennies là ou d’ autres se sont enlisés ou ont disparu. Resterait Mylène Farmer capable de remplir les stades comme lui si la nature et la société n’ étaient pas aussi dures avec les chanteuses qui ont peut-être un peu trop misé sur sur l’ érotisme. Est-ce que quelqu’un va prendre la place vacante? Je trouve qu’ il n’ avait pas tort de dire que les politiques étaient plus fort en showbiz que les artistes. Les grands rassemblements, les vociférations des tribuns ou les hurlements très canalisés des foules sont plus inquiétants que les comportements des fans. On est passé de l’ art même commercial à la manipulation politique de masse sur des méthodes semblables qui n’ ont rien à envier à celles employées lors des périodes noires de notre histoire. En dehors des côtés artistique et gestion de carrière, quelle est la balance entre ce qu’ a pu frauder ou plus exactement réussi à payer ailleurs le contribuable Johnny Hallyday et ce que son activité a rapporté au pays en impôts, taxes, emplois générés directement ou indirectement. Et ça ,sans arrière-pensée pour une fois.

  6. LEON

    Noir c’est noir et trop c’est trop. Tout le malheur du monde vient de ce que les hommes ne savent pas se priver d’applaudir. ALAIN. Un jour nous serons aussi étonnés d’avoir eu des politiciens (1) pour gouvernants que nous le sommes aujourd’hui d’avoir eu des barbiers pour chirurgiens. J. ROSTAND.
    (1) les politiciens ne sont guère des politiques.

  7. JJ Lalanne

    Politiciens ou politiques, il en faut (tout en veillant à ce qu’ ils ne se déconnectent pas de la réalité vécue des citoyens) pour contrôler les gouvernants sinon on arrive à la situation actuelle où des gouvernants légifèrent en faisant croire à leurs électeurs que les lois sociales n’ ont pas été conçues suite à de longues expériences, même si elles sont perfectibles. Politique et politiciens ne sont pas des gros mots et si des politiciens ont fait dévaluer le concept c’ est parce que par manque de réflexion sur la société, le citoyen lambda l’ a laissé évoluer seul,se regrouper avec ses semblables en dehors des réalités et défaillir. Je réfute le tous pourris mais pas mal auraient besoin d’ une rééducation sans que je place dans cette idée quoi que ce soit de désobligeant et si personne ne les sort de leur routine ils continueront, aveuglés par des « familles » locales à porter tort en toute bonne foi.

  8. J.J.

    mes excuses Jean marie, je pinaille, mais c’est en 1964 que Johnny a été incorporé (64 1 C, il me semble)

    JJ lalanne@  » Je réfute le tous pourris mais pas mal auraient besoin d’ une rééducation « . Mais ce sont justement ceux la qui font du tort aux autres, comme on ne remarque que les trains qui arrivent en retard. Je pense que la plupart des hommes politiques sont et restent honnêtes.

    Moi non plus, je n’ai pas grand chose de Johnny, sauf le « Pénitencier », dont je préfère d’ailleurs la version originale(The house of Rising Sun, d’après une vieille ballade anglaise) interprétée par les « Animals ». Pour me désintoxiquer je les ai écoutés ce matin, avec ce superbe chorus à l’orgue, …et leur coupe de cheveu qui a sans doute inspiré les Beatles première manière.
    J’ai également écouté la version de Bob Dylan, mais je préfère les Animals, poignants.

  9. bernadette

    Adieu Johnny

  10. JJ Lalanne

    @JJ: Je ne veux pas dire que ce sont les malhonnêtes qu’ il faut rééduquer, ceux-là c’ est à la casse qu’ il faut les envoyer. Je pense plutôt à des gens honnêtes mais qui dérapent en faisant confiance aux amis des amis qui, eux sont des ripoux. J’ ai dû défendre des collègues victimes de ces agissements, refuser de faire taire un syndicaliste et j’ ai été moi-même été victime de magouilles infâmes. Toutes choses dont je garde les noms et détails pour moi mais pour dire que je sais de quoi je parle quand je dis que certains dérapent parfois. En faisant confiance aux autres et isolés par une sphère d’ « intimes », ils s’ investissent tellement dans le beau rôle de redresseur de torts qu’ ils n’ en sont que plus redoutables. Le cheminement de l’ erreur en politique c’ est comme la drogue. On commence par la drogue douce de l’ erreur sur l’ individu pour aller vers la drogue dure de l’ erreur sur la société.

    1. J.J.

      Bien d’accord avec toi, je voulais essayer de faire court,9 donc en restant succint je n’ai pas développé, mais je l’aurais fait dans ce sens.

  11. mlg

    Ta mémoire est excellente!! se rappeler des KINKS relève de l’exploit!
    La comparaison avec ELVIS un peu osée mais bon.
    Ce que l’on regrette avec la disparition de Johnny c’est notre propre jeunesse…

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