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Les guerres naissent toujours des faiblesses politiques du monde

La Syrie occupe depuis trop longtemps l’actualité internationale. Elle pèse même sur les élections présidentielles en France puisqu’une partie des candidats a trouvé des raisons de louer les mérites de l’alliance Poutine-Assad pour réduire le périmètre d’action des factions armées différentes de l’E.I. On oublie un peu vite que derrière des prises de positions simplistes se jouent des jeux d’influence décisifs pour l’avenir du monde. Jamais nous n’avons été aussi proche de la mise à feu de la poudrière internationale. Le marché des armes n’a jamais été aussi florissant et tout le monde n’a pas conscience que la guerre chez les autres a forcément de graves conséquences chez nous : attentats, privation de libertés, désastre économique, mise en cause de notre indépendance… Indéniablement, les risques de guerre ont augmenté depuis un an dans le monde.

Les faits démentent à la fois ceux qui, naïvement, ont cru que l’élection de Trump allait dans le sens de la paix puisqu’il était un « ami » de Poutine. Du moins il l’a été avant les élections mais il aura bien du mal à le rester compte-tenu des enjeux colossaux pour les deux grandes puissances sur les matières premières. S’il n’y a plus de doutes sur l’intrusion russe dans les élections américaines elle ne débouche pas actuellement sur des prises de positions communes. Et pourtant quelques jours avant l’investiture de Donald Trump aux États-Unis, une réunion a été montée aux Seychelles par les Émirats arabes unis, entre proches de Trump et de Poutine. Cette réunion secrète aurait été organisée dans le but d’établir un canal de communication officieux entre Moscou et Washington, selon le journal Washington Post qui dévoile l’affaire. En fait une première indication sur l’existence de ce pont entre régimes réputés ennemis mais d’accord sur des points clés (affaiblir l’Europe par son démantèlement et la remise en cause de ses frontières, réguler le Moyen-Orient via des régimes stables dénués de toute aménité à l’égard de leurs peuples et se répartir les richesses afin de préserver leurs industries confortées via des traités internationaux de libéralisation outrancière des marchés) va se vérifier dans les prochain jours.

Poutine et Assad ont, depuis des mois, défié les gouvernements occidentaux. Le gouvernement syrien a toujours démenti utiliser des armes chimiques dans une guerre qui a déjà fait plus de 320.000 morts depuis mars 2011. Il a d’ailleurs ratifié la Convention sur l’interdiction des armes chimiques en 2013. Mais début mars, l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) a indiqué enquêter sur huit attaques présumées au gaz toxique commises en Syrie depuis le début de l’année. En octobre 2016, le Conseil de sécurité de l’ONU avait par ailleurs reçu un rapport concluant que l’armée syrienne avait mené une attaque à l’arme chimique, sans doute à l’aide de chlore, à Qmenas, dans la province d’Idleb, le 16 mars 2015. Le 20 mars dernier, l’Union européenne avait placé sur sa liste noire quatre responsables militaires syriens, accusés d’avoir utilisé « des armes chimiques à l’encontre de la population civile » en 2014 et 2015. En août 2013, le régime de Bachar el-Assad avait été accusé d’avoir utilisé du gaz sarin lors d’une attaque ayant visé deux secteurs rebelles et dans laquelle 1.400 avaient péri. Tous ces crimes contre l’Humanité ont été commis avant l’arrivée de Trump…

Or des bombardements ont visé hier  Khan Cheikhoun, dans la province d’Idleb, au nord-ouest du pays. Le dernier bilan, donné par l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), fait état de 58 morts, dont 11 enfants, et 170 blessés. Bien évidemment ni Poutine, ni Assad ne reconnaîtront cette attaque ! la Maison Blanche (Trump n’a pas encore tweeté!) condamne l’attaque chimique qu’elle juge «  répréhensible « , soulignant qu’il serait dans l' »intérêt » des Syriens que Bachar al-Assad ne gouverne plus mais rien sur la responsabilité des Russes… la France a sollicité une convocation du conseil de sécurité de l’ONU qui lancera la énième enquête qui débouchera sur la énième résolution et en Syrien au Yémen ou ailleurs on continuera à comptabiliser les innocentes victimes de conflits qui se déroulent dans l’indifférence générale ! « Assad est en train de tester le président Trump et notre secrétaire d’Etat, Rex Tillerson. Nous ne pouvons pas ne rien faire » a expliqué un sénateur républicain et il a raison !

Au même moment des bombes explosent dans le métro de Saint Pétesbourg et soulèvent à juste titre des torrents de solidarité bien-pensante. Les larmes sur les morts des gaz en Syrie ne tire pas une seule larme aux habitués de la manifestation spontanée. Il est vrai que ce serait démentir les prises de position des leaders en compétition qui encensent Poutine et vont le saluer avec déférence, qui excusent Assad au nom de l’efficacité contre le terrorisme ou qui calquent leur campagne sur celle de Trump ! Il faudrait un peu revenir à la sincérité avec simplement la reprise du principe de Paul Valéry voulant que “ la guerre, (soit) un massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent mais ne se massacrent pas ». Et c’est pareil en politique !

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Cet article a 2 commentaires

  1. J.J.

    C’est vrai que c’est affreux, cette attaque aux gaz, encore faudrait-il trouver les vrais et authentiques responsables, ce qui est loin d’être le cas. L’emballement médiatique qui joue sur les sensibilités n’est pas forcément un gage d’objectivité.

    Il est vrai que parler de cette attaque permet de faire oublier les victimes civiles des bombardements étasuniens sur Mossoul.
    Mais là il s’agit de tirs « amis », c’est donc moins grave.
    Est-on moins mort, tué par des gaz, ou par une bombe « classique » ?

  2. Bernadette

    @J.J

    Je ne vis pas à Paris, la tour Eiffel aurait pu prendre les couleurs de la Russie.

    Bonne journée

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