La grande mutation du monde rural ou périurbain repose sur la disparition d’une certaine forme de commerce de proximité qui ont parfois du mal à trouver ou à maintenir leur clientèle face au nouveau phénomène des achats en ligne. Plus que jamais la trilogie de l’habitat pavillonnaire étalé ou concentré en milieu rural « maison, gazon, télévision » est désormais complété par « promotion » puisque les achats se font via internet ! En effet 35 millions de français (plus d’un sur deux), souvent à l’écart des grandes villes et surtout désireux de ne pas y retourner quand toute la semaine ils ont été empêtrés dans les embouteillages, achètent à distance sans avoir à se déplacer. Les ventes du secteur ont atteint 72 milliards d’euros en 2016.
Le E- commerce est en croissance constante en France et ne cesseront pas de se développer avec par exemple l’arrivée dans les secteurs hors zones urbaines denses de la fibre porteuse du très haut débit. Les sites sont de plus en plus nombreux et surtout installés souvent hors des frontières hexagonales. Le marketing tourne à plein régime dans absolument tous les secteurs de la vie quotidienne ! En un clic on peut obtenir dans des délais raisonnables absolument tout ce dont on a besoin à un prix attractif si on n’est pas attentif au coût globale (transport compris) ! Les soldes en ligne et une foultitude de promotions attirent toujours plus de nouveaux acheteurs qui sont alléchés par la prise des références qu’est le pourcentage ! Il sert d’appât… pour les isolés, les occupés, les affamés de bonnes affaires ! Profitant justement d’un faux dialogue direct avec le consommateur ils manipulent à grande vitesse les propositions de telle manière que l’achat impulsif devienne profitable ! La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) vient de révéler que les apparences sont toujours trompeuses et même selon ses propres dires « catastrophiques ». Limitation dans le temps (ventes flash) ou réductions durables mais présentées durant des périodes propices aux ventes. On peut par exemple retrouver durant une période déterminée un produit réputé bradé ou soldé grâce à une annonce fracassante quand quelques mois plus tard ils sera en ligne au… même prix ! La DGCCRF a aussi détecté des pubs qui vantent une cession réputée très basse (pourcentage de baisse) alors que le produit avait un prix identique quelques semaines avant !
Des grandes marques sont désormais dans le viseur de la concurrence et de la défense du consommateurs et les premiers constats vont leur coûter assez cher puisque le montant cumulé des amendes atteint la bagatelle de 2,4 M€. Parmi les fraudeurs on trouve de grandes marques comme « Amazon », « H&M », « Zalando », « Vente-privée » ou encore « Showroomprivé », « Grosbill », « Comptoir des cotonniers » ou « Gérard Darel ». Des entreprises qui ont été condamnées, verbalisées et certaines autres restent sous haute surveillance puisqu’elles ont décidé de contester la verbalisation. On aura donc droit à un procès avec l’espoir que ces pratiques seront sanctionnées. Il faut maintenant se pencher sur la délocalisation de ces plate-formes de vente en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Suisse ou en Italie ce qui les rend plus difficiles à atteindre au non de la fameuse et terrible « concurrence libre et non faussée ».
Il ya fort à parier que les suppressions de postes de fonctionnaires annoncées (500 000 pour Fillon, 250 000 par Macron et en douce pour Le Pen) porteront très vite sur des secteurs réputés génants pour la libéralisme économique. Les secteurs des contrôles réclamés dès qu’un problème fait la une de d’actualité ( consommation, impôts, abattoirs, légalité du travail, qualité environnementale, dangers industriels…) vont être les premières victimes. On privatisera ces opérations en les confiant à des organismes agréés dont l’indépendance est très relative quand on sait quels sont leurs actionnaires. La dernière décision concernant la sécurité routière confiée pour les contrôles de vitesse mobiles à des entreprises amorce cette mutation dont rêvent les principaux candidats aux présidentielles (Le Pen, Macron, Fillon). Au nom d’économies budgétaires théoriques les fonctions régaliennes républicaines de l’Etat implosent sans que les citoyen(en)es réagissent autrement que par un laconique « laissez nous libres d’agir ! ». L’E-commerce qui est inéluctable et qui ne saurait être remis en cause se vante sans cesse de créer des emplois sans qu’une vraie évaluation soit faite sur les destructions qu’il provoque.
Bien évidemment je sais que je suis rétro, dépassé, réactionnaire même ! Je sais que je ne suis pas pour le progrès. Mais quand je constate que tout le monde se lamente sur la désertification des centres bourgs, des cœurs de villes moyennes, sur la main mise sur la production des plate-formes d’achats, de la fraude à la TVA… je ne peux que pointer du doigt des lâchetés idéologiques ! Mais on n’est plus à une contradiction près…
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Je retranscris les propos de Francois Ruffin à la cérémonie des césars, tout est dit.
« Mon film, il parle d’une usine qui part en Pologne et qui laisse derrière un paquet de misère et un paquet de détresse. Et au moment où je vous parle, c’est une usine d’Amiens, qui s’appelle Whirlpool, qui fabrique des sèche-linges, qui subit la même histoire puisque maintenant ça part là aussi en Pologne. Il y a quinze ans, j’étais déjà à Amiens, c’était le lave-linge qui partait en Slovaquie, j’ai connu Continental qui est parti en Roumanie, Goodyear parti en Pologne…
Ça fait maintenant 30 ans que ça dure dans l’ameublement, dans le textile, dans la chimie, dans la métallurgie, ainsi de suite. Pourquoi ça dure depuis trente ans ? Parce que ce sont des ouvriers qui sont touchés, et donc on n’en a rien à foutre. Si c’étaient des acteurs qui étaient mis en concurrence de la même manière avec des acteurs roumains, ça poserait problème immédiatement. Si c’étaient des journalistes, quand on touche à l’avance fiscale des journalistes, ça fait des débats, y’a des tribunes dans les journaux.
Mais imaginons que ce soient les députés, qu’on dise les députés ne sont pas assez compétitifs. Un député français coûte 7610 euros par mois, un député polonais coûte 2000 euros par mois. Et encore, je suis modéré, parce qu’au Bangladesh, un député c’est 164 euros. Mais imaginons qu’on dise : demain, il faut délocaliser l’hémicycle à Varsovie. Immédiatement, y’aurait des débats à l’Assemblée nationale, y’aurait un projet de loi. Ça fait quarante ans que ça dure pour les ouvriers, et y’a pas de projet de loi. Donc dans ce pays, y’a peut-être des sans-dents, y’a surtout des dirigeants sans cran.
Donc François Hollande, maintenant, il a l’occasion de montrer sur le dernier fil que son adversaire, c’est la finance, qu’il peut faire des réquisitions, qu’il peut interdire les produits Whirlpool sur le territoire français. Qu’il puisse sortir de l’impuissance et se bouger le cul ».
Il faut aussi prendre le temps de regarder l’ entretien de Claude Angeli et Fabrice Arfi pour médiapart, intelligence ,finesse ,réalisme, un grand monsieur et un bon journaliste en devenir, on le trouve sur youtube.
Bonjour,
le E-commerce représente l’alpha et l’oméga des ultras-libéraux, la rationalisation extrême du dernier maillon de la chaîne production/consommation. Un modèle de rationalisation financière avec une optimisation fiscale qui joue sur la concurrence internationale ou trans-européenne. la mise au point au niveau Européen de la TVA est un véritable casse-tête qui n’est qu’en partie résolu depuis 2015. L’érosion des ressources fiscales consécutives au développement de l’E-commerce est absent du débat des présidentielles. Et pourtant, le rapport http://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/note-26-fs-fiscalite-numerique_0.pdf
met en évidence les problèmes et la concurrence déloyale que constitue l’utilisation des failles de fiscalité inter-communautaires ou internationales. Le E-commerce va continuer à se développer inéluctablement et les commerces de proximité fermer les uns après les autres, puis lorsque les oligopoles se seront constituées la concurrence sera éteinte et l’avantage prix pour le client disparaitra … La spirale de destruction des commerces de centre ville accélère avec les contraintes environnementales, pollution/stationnement/coût du transport. La baisse d’attractivité des centres villes consécutif de la disparition des services publics fait disparaitre des tas d’emplois… L’évolution de l’environnement du commerce local et des ressources que celui-ci dégage ( emploi/fiscalités) doit être pris en compte sans délais.
salutations républicaines
Etant un vieux réac, je sais bien qu’en boycottant systématiquement Amazon et autres requins de l’ E-commerce (ne peut-on dire »commerce en ligne »?), mon action, ou plutôt ma non-action est absolument inefficace, mais je me fais plaisir.
Pourtant un César pour « Merci patron », ça c’est une belle victoire !