Le gaspillage alimentaire devient un « fléau » de la société de grande consommation. Avec près d’1,4 million de tonnes de produits – l’équivalent de 2,8 milliards de repas de 500 grammes -, la distribution produit 14% des pertes et gaspillages alimentaires, rappelle l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie. Un véritable fiasco économique et humanitaire dans un contexte où le nombre effectif des pauvres ne cesse de grandir ! On constate actuellement que 10 % de la population de la planète, 795 millions de personnes, continuent de souffrir de sous-alimentation. Or plus de 50 % de ce gaspillage vient des vendeurs !
Selon le rapport 2015 de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), présenté à Rome mercredi 27 mai, sur « l’état de l’insécurité alimentaire dans le monde », le nombre de personnes en situation de sous-alimentation – qui ne mangent pas assez pour mener une vie active et en bonne santé – a certes diminué de 167 millions sur la dernière décennie, et de 216 millions depuis les années 1990-1992 mais il reste significatif.
Malgré cette amélioration globale, 57 pays sur les 129 suivis par la FAO n’ont pas atteint l’Objectif du millénaire pour le développement (OMD) numéro un, de réduire de moitié la pauvreté et la proportion de personnes souffrant de la faim. Et croire que la France est épargnée par cette situation serait totalement malhonnête. Or des tonnes de nourriture finissent dans les poubelles et parfois mais encore trop rarement en bio-déchets !
Pour tenter de limiter ce gâchis, l’ADEME a proposé dix actions dans dix supermarchés et hypermarchés, volontaires, de cinq enseignes nationales (Carrefour, Intermarché, Système U, E. Leclerc, Auchan) avec des résultats satisfaisants : – de 22% en trois mois de diminution du gaspillage sur l’ensemble des magasins. Ainsi une grande surface, plutôt que de laisser les acheteuses (teurs) s’approvisionner eux-mêmes, a détaché deux personnes pour servir les fruits fragiles comme les pêches. Sur deux mois le magasin a obtenu un résultat significatif avec
15.000 euros d’économies qui amorti en partie le surcoût des employé(e)s pas nécessairement présent(e)s en permanence. Autre ajustement les gammes au rayon épicerie ou en vendant à l’unité certains produits comme des tartes à la part, son magasin a économisé 220.000 euros par an. L’ensemble des actions menées dans les dix magasins a permis de réduire leur gaspillage alimentaire de l’équivalent de 160 tonnes par an, soit 320.000 repas. L’ADEME a calculé que si l’ensemble de la distribution obtenait les mêmes résultats que ces dix établissements, « elle réduirait son gaspillage alimentaire de 300.000 tonnes par an et économiserait plus de 700 millions d’euros par an ». Sauf que jusqu’à présente la tendance est plutôt à laisser les gens se servir à leur guise dans les rayons et donc de surconsommer en méprisant les dégâts faits par la multiplicité des manipulations intempestives.
Les expérimentations ont toutes été concluantes comme la gestion plus serrée des dates de péremption ce leurre qui vise essentiellement à inciter les acheteurs à se ruer en permanence sur les dates les plus éloignées. Or on sait fort bien que ce repère temporel est au minimum sujet à discussion et au maximum sans aucune valeur réelle. Il faut en effet distinguer deux types de produits : ceux comportant une « date limite de consommation » et ceux marqués d’une « date de durabilité minimale » or les deux sont confondues. Les premiers, dont l’étiquette porte la mention « A consommer jusqu’au… », ne peuvent être commercialisés au-delà de la date indiquée, car leur consommation « présente un danger immédiat pour la santé humaine » une fois périmés. Sur les deuxièmes, on lit plutôt « A consommer de préférence avant le… ». Ce n’est alors qu’une simple recommandation, mais si les produits sont restés fermés et conservés dans les conditions indiquées, ils peuvent être consommés largement au-delà de cette date. Personnellement j’ai ouvert et mangé une boite de conserve de pâté appertisée intacte et de qualité alors qu’il était indiqué… à consommer avant 2014 !
Rappelons par ailleurs qu’une loi votée empêche désormais les grandes surfaces de jeter de la nourriture et de rendre leurs invendus impropres à la consommation, l’Ademe recommande également de développer les dons aux associations comme les épiceries solidaires qui apportent une nouvelle vision digne de l’action sociale ! Pour les fruits et légumes un supermarché a travaillé sur ceux qui étaient un peu abîmés en proposant des réductions allant jusqu’à 30%. Il a organisé un espace dédié; 90% à 95% de ces produits sont désormais vendus, contre seulement 27% quand ils étaient laissés en rayon. Il faut pourtant signaler qu’il arrive que les contrôles officiels condamnent certaines de ces pratiques ! Il en va de même dans la restauration collective puisque souvent de grandes déclarations visent à critiquer l’origine des produits quand plus de 30 % du contenu des assiettes sont expédiés dans les poubelles… La consommation supplante depuis des décennies la responsabilité citoyenne dans ce domaine comme dans tant d’autres !
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La cop 21 en action. C’est l’economie circulaire en marche. C’est la loi imposee par l’administration.
Cette loi rapporte a la grande distribution, les marges ne sont pas touchees bien au contraire, ce systeme permet d’installer « une société de l’abondance » par les hypermarchés, c’est la loi du commerce de detail.
Bonjour,
à vous lire on pourrait croire que nous ouvrons une nouvelle ère de Bisounours. Hélas le don aux associations philanthropiques cache une autre réalité l’article 238 bis du Code général des impôts qui prévoit une réduction d’impôt égale à 60 % des dons. Autrement dit, les erreurs de la grande distribution sont compensées par nos impôts. En lisant entre les lignes de cet article (http://www.lexplicite.fr/precisions-sur-la-valorisation-des-dons-alimentaires-beneficiant-dune-reduction-dimpot/) on décèle que les services fiscaux ont débusqué une vieille combine qui consiste à sur-évaluer la valeur des dons pour optimiser la déduction fiscale.Imaginez le « chantage » aux dons que subissent les associations qui signent les « cerfas » valorisant les produits donnés. Et oui l’enfer est pavé de bonnes intentions, aider les plus démunis passe aussi parfois par une cécité temporaire pour les meilleures raisons du monde.
Autre fait que je soumets à votre sagacité: les fruits pommes et poires que j’achète en grande distribution ne se conservent plus. Ces fruits noircissent de l’intérieur entrainant un gaspillage, pour moi, inacceptable. Je pensais, naïvement, que ce phénomène résultait de la conservation sous atmosphère contrôlée pauvre en oxygène et que le retour à T° et air normaux accéléraient la maturation. Erreur ! en fait ce résultat est la conséquence de l’utilisation du smartfresh. C’est un régulateur de croissance, à base de 1-Méthylcyclopropène (1-MCP), largement utilisé comme activateur de qualité pour la conservation des fruits, notamment les pommes. Il est appliqué dans les installations de stockage et les conteneurs de transport pour ralentir le processus de maturation et la production d’éthylène dans les fruits. Cette méthode de prolongation de la durée de vie des produits a été approuvée par l’Union européenne en 2005.À la fin de 2005, la méthode est mise sur la sellette dans la presse américaine, qui révèle que cette technique est parfois utilisée pour inhiber la maturation des fruits, pendant une période pouvant aller jusqu’à une année, ce qui conduit les consommateurs à acheter des fruits âgés d’un an sans qu’ils en soient conscients.
Et ce sont ces fruits dont la maturation s’accélère prodigieusement, chez le consommateur, depuis l’intérieur du fruit ( la où disparait en premier le 1 MCP) vers sa périphérie. Et voila comment le génie chimique transfère les pertes de la grande distribution, qui vous vend des fruits qu’il aurait du jeter sans cette technique, aux consommateurs. C’est y pas beau ça!! et je ne vous parle pas des conséquences sanitaires de ces produits.
“Ne soyez jamais certains de rien.” [Bertrand Russell] Russell est considéré comme l’un des plus importants philosophes du XXe siècle.(Prix Nobel de littérature 1950)
Salutations républicaines
@ faconjf,
Oui tout a fait. L’approvisionnement de ces grandes surfaces est fait par des centrales d’achat qui achetent aux producteurs 3francs6sous et revendent aux consommateurs 6 fois plus cher. C’est une bonne operation lucrative en plus.
Amicalement
Tout à fait d’accord avec ce billet mais j’aimerais attirer l’attention sur la nourriture confectionnée dans des cuisines centrales et qui arrivent sous vide dans les grands hôpitaux. C’est insipide, betteraves en purée, viande dont il est impossible de connaître la nature, omelette issue d’œufs en bouteilles et j’en passe. Les patients ne mangent pas, la nourriture est gâchée et la famille doit compenser pour éviter l’affaiblissement des leurs. Quelqu’un se penchera t’il sur ces problèmes ou bien la course à la rentabilité sera t’elle plus forte ?
@Maria,
J’ai entendu dire par des personnes agees que le portage des repas a domicile sur Bordeaux etait infecte.
Moi meme, je ne peux l’affirmer.
Bien a vous