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Vous prendrez bien votre part de champignon de Tchernobyl ?

Le 28 avril 1986, vers 13 heures, les Suédois informent directement le Service central de protection contre les rayonnements ionisants (SCPRI), dépendant du ministère de la Santé (mais aussi Centre de référence européen pour la mesure des faibles radioactivités), de la contamination de leur atmosphère qu’ils imputent à un accident nucléaire soviétique. Dans la soirée, le Kremlin reconnaît la survenue d’un accident dans un réacteur de type RBMK de la centrale de Tchernobyl, sans en préciser la date, l’importance ni les causes. On connaît la suite… et l’effarant désastre que va représenter ce que certains avaient immédiatement qualifié « d’incident » puis « d’accident » avant beaucoup plus longtemps après, employer le mot « catastrophe » !

Le lendemain 29 avril, Pierre Pellerin fait état de ses contacts avec les experts suédois, dénonce à l’avance le catastrophisme des médias et tient des propos rassurants : « même pour les Scandinaves, la santé n’est pas menacée. » Le soir même, son adjoint, le professeur Chanteur, répond à une question du présentateur : « on pourra certainement détecter dans quelques jours le passage des particules mais, du point de vue de la santé publique, il n’y a aucun risque »...et on allait enchaîner les déclarations se voulant toutes plus rassurantes les unes que les autres. Tous les médias qui rapporteront la fameuse phrase voulant que « le nuage se soit arrêté aux frontières » seront même condamnés pour diffamation à l’égard de celui à qui elle fut attribuée. Le réexamen des données collectées presque une décennie plus tard montre que les premières communications, faites dans l’urgence, avaient sous-évalué les retombées, parfois d’un facteur dix. La relation pluie-dépôt a permis d’aboutir à une carte des dépôts théoriques de césium 137 et d’iode 131 en 1986. Cette carte fait apparaître des dépôts supérieurs, voire très supérieurs aux estimations faites à l’époque, notamment sur toutes les zones de l’Est de la France ayant reçu des précipitations supérieures à 20 mm. Des polémiques interviendront et jamais on réglera définitivement les conséquences de Tchernobyl sur la santé des Françaises et des Français. Les scientifiques vont se battre avec des dosages infinitésimaux avec des normes internationales sans jamais parvenir à démontrer l’innocuité des retombées d’un panache pas très blanc mais injustement qualifié de nuage.

Or la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (CRIIRAD) et la Fédération Rhône-Alpes pour la nature et l’environnement (FRAPNA) ont ramassé à l’automne 2015, 38 spécimens de champignons sur l’ensemble des départements concernés par la région. Et les résultats de leur étude font quelque peu froid dans le dos, plus de 30 ans après ! On imagine aisément les conséquences immédiates qu’a eu la catastrophe nucléaire russe ! Il s’avère en effet que 36 de ces 38 échantillons étaient porteurs de césium 137, un élément radioactif. Si la limite autorisée pour l’exportation est fixée à 100 becquerels par kilo sec (Bq/kg), trois d’entre eux dépassaient cette norme, indique France Info : « Le bolet bai était à 3.000 Bq/kg. Les chanterelles en tube de la Loire à 2.700 Bq/kg sec et les petit gris de la Drôme à 2.200 Bq/kg ».

« Si les mêmes champignons étaient importés du Japon, ils dépasseraient les normes d’importation » a expliqué une personne qualifiée de la CRIIRAD mais, comme ils poussent en France, ils ne sont pas contrôlés même s’ils sont commercialisés. Cette étude ramène aux propos tenus depuis 30 ans et leur donne leur vraie valeur Peut-on faire confiance à la communication autour du nucléaire ? Doit-on se contenter des communiqués officiels ? Que penser des conséquences de certains « incidents » qualifiés de mineurs sur l’environnement immédiat ? Pour l’ingénieur auteur de l’étude, la contamination serait due à « la catastrophe de Tchernobyl mais également à cause des essais nucléaires des années 1950-1960 »... On trouve moins de césium 137 qu’il y a trente ans mais dans certains cas, les taux sont trop élevés. Il faut rappeler qu’après Tchernobyl on avait changé le thermomètre et ses valeurs de référence. La limite avait été revue à 600Bq/kg, puis à nouveau abaissée après la catastrophe de Fukushima. Pour autant, d’après ce spécialiste, le risque de développer un cancer en consommant les champignons de manière occasionnelle est très minime ce qui vous permettra de continuer à les acheter sur les marchés… Mais qu’en est-il vraiment de ceux qui sont vendus en provenance des pays de l’Est ou qui sont discrètement mis en conserves ou dans des productions gastronomiques ? Nul ne connaît les mesures effectuées dans les sous-bois d’origine pour la bonne et simple raison qu’elles n’existent pas ! Bref on ne saura probablement jamais qu’elles ont été et qu’elles sont les conséquences de Tchernobyl sur le reste de l’Europe balayée par un vent mauvais sélectif venu de Russie ! Mais surtout ne vous privez pas de cèpes… la vie est trop courte pour oublier ce plaisir !

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Cet article a 5 commentaires

  1. bernadette

    Bonjour M.Darmian,

    Je me rends compte que l’histoire de l’environnement a donné naissance au développement durable prône par les ONG.
    Les militants ONG sont des organisations de militants riches. C’Est la naissance ou plutôt la renaissance de la bourgeoisie.

  2. PC

    je m’inquiète pour les cèpes du repas de Noël….;

  3. louis pascal

    La solution, remplacer les cèpes par des champignons de paris cultivés en carrière, ils sont protégés des retombées malfaisantes !!!!!
    c’est de l’humour !

  4. JJ Lalanne

    Le paradoxe c’ est que sur la zone de Tchernobyl qui avait été la plus contaminée, la vie animale a très bien repris. Ça a été une vraie surprise… Pas une raison pour y pique-niquer quand même, encore qu’ à certains endroits. Maintenant pour ce qui est du mystère sur les mesures,les possibilités d’ utiliser des produits contaminés dans l’ industrie agroalimentaire, comme pour beaucoup d’ autres choses,ça relève de la mystique antinucléaire parce que dans le domaine de la radioactivité on ne peut pas dissimuler grand-chose. Les rayonnements ne connaissent pas les barrières ou emballages et peuvent être mesurés avec un matériel minime que même un gamin pourrait utiliser sans problème. Quand aux organismes indépendants de tout ce qu’ on veut mais pas du lobby antinucléaire ils s’ empêtrent trop souvent dans des millisiverts employés à tort et à travers. Mais pour eux l’ important est de convaincre le citoyen lambda,inculte dans le domaine, pas de l’ informer…

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