Il faut craindre que le débat autour de la réhabilitation de le peine de mort pollue encore davantage dans les prochaines semaines la vie politique. Avec méthode et obstination les communicants du FN remettent la guillotine sur la place publique dès qu’un acte criminel odieux occupe le devant de la scène médiatique. Le 17 septembre 1981 Robert Badinter avait renversé l’opinion publique dominante pour convaincre des parlementaires sur tous les bancs d’abolir ce châtiment réputé suprême. J’étais de ceux qui avait mené un combat incertain en faveur de cette acte digne de l’Histoire de la France… Ayant lu très tôt dans ma vie « Cellule 2455 couloir de la mort » d’un certain Caryl Chessman qui avait réussi à me persuader que le risque d’erreur judiciaire dans un contexte de vengeance collective devait raisonnablement conduire au doute. Ce doute qui doit conduire à éviter la pire des erreurs : exécuter pour l’exemple un innocent. Or nous entrons insidieusement dans une ère où la pression portée par la notion de « justice exemplaire » protectrice de tous, laisse de moins en moins de place au simple doute. La brèche a été ouverte avec la notion de rétention ou de détention préventive des fichiers S qu’un candidat pourtant largement bénéficiaire de la présomptions d’innocence. On pourrait selon ce principe être déclaré « coupable potentiel » ce qui conduirait inexorablement à la fin de l’État de droit. La mort institutionnelle reviendra alors dans les discours flattant la partie la plus déraisonnable de la nature humaine alors que des situations devraient inciter ces orateurs de la vengeance à plus de prudence. Les récentes révélations sur l’affaire Omar Addad illustrent cette nécessité. Que lui serait-il arrivé devant un jury populaire ayant comme preuve une inscription sanglante accusatrice ? Quel verdict aurait été rendue au nom de la justice républicaine ? La guillotine aurait-elle effacé le crime ?
Condamné en 1994 à dix-huit ans de prison, Omar Raddad n’a cessé avec ses mots de crier son innocence. L’affaire a mis en émoi l’opinion publique provoquant des polémiques exacerbées. Les médias en ont fait des tonnes sur ce fameux « Omar m’a tuer » et notre système judiciaire français a broyé le jardinier marocain, vers qui pointaient des preuves bien trop évidentes et bien trop peu vérifiées. Des millierrs d’articles de presse, un livre (« Pourquoi moi ? ») un film sorti en 2011 n’ont pas suffi à la remise en cause du jugement n’a jamais été obtenue. Après une longue bataille judiciaire, il a été partiellement gracié par Jacques Chirac en 1996. Après cette réduction de peine, il a finalement été libéré pour bonne conduite en 1998, sans jamais être totalement blanchi. Et une simple question vient à l’esprit : que serait-il arrivé si la peine de mort avait encore existé ?
Or la ténacité de l’avocate d’Omar Raddad a permis d’obtenir une nouvelle analyse ADN des scellés en 2015. Quatre nouvelles traces d’ADN ont été retrouvées sur les lieux du meurtre de Ghislaine Marchal. Elles ont été prélevées sur deux portes et un chevron, aux endroits qui portent les inscriptions “Omar m’a tuer” et “Omar m’a t”. Selon le procureur de Nice, elle ne correspondent ni à l’ADN d’Omar Raddad ni à celui des principaux suspects dans cette affaire de meurtre… Un échec cuisant pour une justice sûre d’elle.
L’avocate demande un recoupement de ces traces avec l’ADN d’autres proches de Ghislaine Marchal. Selon des propos rapportés par le journal « Le Parisien », elle aurait déclaré: « Ce n’est pas une surprise pour moi, mais ce n’est pas fini, je veux savoir à qui sont ces ADN ! On ne peut pas laisser ces quatre ADN dans la nature, dont l’un est forcément celui du meurtrier ! » Cependant, comme le rapporte Le Monde, les traces d’ADN se mélangent avec celles de la victime. Et il n’est pas exclu qu’elles aient pu être ajoutées par maladresse et ignorance lors d’une investigation sur la scène de crime. Le Monde rappelle également que d’autres traces n’appartenant pas à Omar Raddad avaient été retrouvées sur les lieux, en 2001 mais que la justice lui avait refusé un nouveau procès. Il n’est toujours pas innocenté à ce jour…. Il reste néanmoins un espoir de voir le doute s’amplifier et une nouvelle enquête relancée près d’un quart de siècle après les faits…
La justice a fait d’énormes progrès en matière d’investigations, de preuves, d’appréciations objectives des événements mais elle reste néanmoins sous la pression croissante de cette montée dramatique de la pire des haines, celles portée par une opinion dominante irrationnelle. Caryl Chessman a été exécuté le 2 mai 1960 à San Quentin (USA), après 12 ans de combat acharné contre le ministère publique simplement parce que la secrétaire du juge qui devait surseoir à son exécution s’est emmêlée dans ses touches d’imprimerie… Omar Raddad, marocain maîtrisant difficilement la langue française dans… les Alpes Maritimes, n’a semble-t-il pas eu la force dès le début de lutter contre cette institution en laquelle il pensait pouvoir avoir confiance. L’aura-t-il maintenant ? Il a au moins encore la possibilité de le faire contrairement à d’autres ! Le doute est permis !
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Exactement . Comment rétablir la peine de mort quand la justice est humaine donc source a erreur .
Comment améliorer encore et encore la Justice, afin que la source d’erreur soit la plus minimaliste possible ?
bravo a monsieur badinter!!!!!!
Ie combat d’un homme !
Il faut une barrière étanche entre l’exécutif et le judiciaire. Il faut que les magistrats ne soient pas sous l’influence de leur catégorie sociale. Pour ce faire, les enquêteurs de justice ne doivent pas appartenir à la police mais entièrement sous le contrôle des juges d’instruction. De ce fait le procureur ne doit que présenter le dossier d’instruction par rapport aux lois existantes et à la jurisprudence.
Oui comme etats unis ou le procureur et les juges sont elus et appartiennent soit a la majorité ou bien a l’opposition
Il faut également que le juge ne soit pas partisan ce en quoi le système américain n’est pas le bon
un aperçu avec la Pologne…
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