« Médaille » le mot sera probablement le mot le plus dit, écrit et montré cet été dans les médias. Il revient sans cesse dans l’actualité comme une référence de la réussite ou de l’échec des sportifs. Mais pas seulement ! Le 14 juillet sort en effet la liste attendue avec impatience par certains des promotions dans l’ordre de la Légion d’honneur qui récompense une action d’éclat profitable à la république ou une longévité dans la fidélité à ses principes. La promotion soulève toujours des polémiques surtout de la part des gens ayant mis en œuvre le principe de Pierre de Coubertin : « l’essentiel reste de participer » à la vie publique mais jamais de recevoir un témoignage de reconnaissance officielle pour cette action volontaire jugée « normale ». En fait c’est souvent une vraie volonté de refuser une « médaille » portée parfois par des dopés de la notoriété ou des honorés peu honorables. Au début de l’été ce « podium républicain » agite forcément les gazettes et les milieux du pouvoir. Cependant comme dans le sport on ne cache pas une certaine déception quand on est dans la compétition et que l’on est écarté de la sélection pour celles et ceux qui pourrait y prétendre.
Durant l’été chaque année on distribue aussi de l’or, de l’argent et du bronze dans de nombreux championnats mondiaux, européens ou nationaux mais également dans des compétitions beaucoup moins glorieuses. A la clé souvent une…médaille dont la valeur n’a pas de prix pour le (la) récipiendaire. Le seul fait d’en recevoir une représente souvent un moment clé de la vie puisque c’est la reconnaissance par les autres de vos qualités et surtout indirectement une forme de reconnaissance des efforts déployés pour la mériter !
En fait il y a deux sortes de médailles, celles qui récompensent et celles qui encouragent. Dans les deux cas tout paraît facile car la société ne vit que sur les apparences et donc ne s’intéresse guère à la réalité que cache l’instant de la cérémonie officielle. L’été ne retient que la facilité mais ignore vraiment la notion d’efforts. Il n’admet que la fête des réussites et refuse obstinément les moments douloureux des échecs. A tous les âges et dans tous les milieux il faut arriver à un niveau qui permet de dépasser ce que l’on considère comme la limite minimale du commun des mortels.
La médaille n’a pas toujours de réalité car elle est dans l’esprit de celle ou celui qui se fixe un défi ou un challenge. S’il est atteint c’est parfois suffisant pour se donner une vraie satisfaction intérieure mais dans le fond quelque part la reconnaissance ne fait pas de mal. La fameuse phrase que l’on prête à Napoléon : « On appelle ça des hochets, je sais, on l’a dit déjà. Et bien, j’ai répondu que c’est avec des hochets que l’on mène les hommes » a malgré sa cruauté réaliste tout son intérêt. On constate dans tous les domaines que lorsque le « hochet » incite au dépassement, à aller jusqu’au bout de ce qu’il est humainement possible d’admettre pour atteindre un objectif, il possède vraiment une utilité sociale. Du tournoi local de pétanque au 100 m des jeux olympiques la finalité reste en effet la même : conquérir un hochet qui prend les allures d’une coupe inutile ou d’une médaille symbolique !
De plus en plus souvent, la vérité oblige à reconnaître que les avantages financiers liés à cette récompense aussi belle soit-elle prennent le pas sur toutes les autres considérations. certain(e)s courent par exemple, les concours de pétanque uniquement pou glaner des enveloppes discrètes, des jambons, des bouteilles, des babioles plutôt que des trophées en matière plastique chinoise ! Prétendre qu’il y a toujours un caractère désintéressé à toute compétition relève vraiment de la naïveté absolue. Atour du cou il y a le cordon et la médaille qui au revers porte un chèque sans que personne ne trouve à critiquer que des sommes folles circulent. La façade de la motivation c’est le podium ! L’arrière-boutique ce sont les contrats, les partenariats, les salaires, les espèces sonnantes et trébuchantes. Inutile de préciser qu’on l’a constaté dans certains disciplines sportives
On comptabilise les médailles et on les expose afin de donner le change… mais chut il ne faut surtout pas parler de ce qu’elle a coûté humainement et financièrement. Elle a l’éclat de l’été si elle est dorée à l’or fin en façade mais elle n’a pas la même valeur pour celle ou celui qui la porte autour du cou. Le trésor des un(e)s n’a jamais été celui des autres. Dans les yeux des enfants encore naïfs on détecte de moins en moins une fabuleuse sincérité du plaisir d’avoir réussi et malheureusement déjà dans d’autres regards une mortelle indifférence vis à vis d’une babiole sans intérêt. Le reflet d’une amorce de la culture voulant que la seule réussite se mesure au profit et au montant des gains ! Question essentielle pour l’été du sport !
Jean-Marie Darmian
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La medaille OR de la performance.
La medaille du plus fort, du plus beau, du plus offrant.
Avec 6 millions de chomeurs (masse chiffree) tres importante. Comment parler de medaille d’honneur du travail ?. Pourquoi cette concurrence ?