Nous sommes dans une société du symbole et le monde politique utilise de plus en plus ce qui peut lui conférer une valeur spécifique. Il est indispensable de rechercher une manière originale de s’adresser à ces adeptes, à ses fans ou à ses soutiens en recherchant le lieu parfait. Souvent les annonces importantes doivent être accompagnées d’un choix minutieux de l’espace dans lequel elles sont faites. Une candidature à une élection quelle qu’elle soit, doit se préparer dans les moindres détails selon les valeurs que veut porter le prétendant au titre. S’exprimer depuis le salon d’un grand hôtel ou depuis le sommet d’une montagne, depuis son village natal ou dans le salons de la ville où on a détenu des mandats électifs, au cours d’un repas huppé ou un pique-nique campagnard : la forme l’emportera forcément sur le fond et donc occultera toute portée au message.
Les véritables « bêtes » politiques savaient eux-mêmes l’importance l’impact de leurs apparitions décisives. François Mitterrand utilisait à satiété la tradition de l’Hôtel du Vieux-Morvan. Giscard jouait d’un accordéon se voulant populaire à Chamalières. Chirac utilisait à merveille la fibre corrézienne. Rocard avait opté pour la modestie de Conflans Saint Honorine. Sarkozy ne pensait qu’au plateau de TF 1. Le Pen avait pour repère la statue de Jeanne d’Arc. Ségolène Royal adorait le chabichou de Poitou-Charentes. François Hollande a lui-aussi recherché un ancrage corrézien… Les références à la France profonde, traditionnelle, simple ont constitué durant toute la fin du XX° siècle républicain la base de toutes les campagnes. Il semble que là encore les habitudes soient en passe d’évoluer puisque nous entrons dans la période du « prophète ». Les candidat(e)s devront élever le niveau afin de dépasser le stade de « l’ordinaire » dans cette période de religiosité galopante. C’est ainsi que les annonces devront se modifier et prendre de la hauteur !
Arnaud Montebourg a donné un signal fort en allant sur le Mont Beuvray pour entamer son ascension vers la candidature au poste suprême de monarque républicaine. Il a délivré la bonne parole à celles et ceux qui veulent le voir emprunter les sentiers de la candidature vers le sommet du pouvoir. Prendre du recul et de l’altitude pour échapper aux miasmes du marécage politique constitue un geste important en terme de communication. Les signaux étaient forts pour celles et ceux qui étaient venus l’entendre : pas se contenter de déclarer que l’on était « En marche ! » mais de démontrer que l’on savait concrètement « escalader »… Pas d’appels de fonds pour l’organisation de pince-fesses sophistiqués mais un repas tiré du panier sur l’herbe fraîche de ce pays que l’on aime tant… Bref il y avait sur le Mont Beuvray « du Moïse sur le Mont Sinaï » annonçant après avoir libéré le peuple et avoir traversé la mer « Rouge » qui se referma ensuite sur l’armée égyptienne, qu’il avait reçu les Tables de la Loi… On était en plein dans le symbole !
Face au grand prêtre du « veau d’or » qu’est Emmanuel Macron, Montebourg a « prêché » la sincérité et la simplicité : « Je vous propose de bâtir dans les mois qui viennent un grand projet alternatif pour la France », une sorte de « table de la loi » ou de « dix commandements » pour réussir » ! Il n’est pas certain qu’en dehors de « son » peuple ce message aille vraiment très loin porté par le vent médiatique car on ne voit pas trop qui va préparer ce document essentiel pour aborder la période des conversions… Il a appelé en renfort les références les plus diverses dans un discours devant le ramener sur le devant de la scène : les philosophes Michel Foucault et Voltaire, les économistes Joseph Stiglitz et Joseph Schumpeter, le sociologue Pierre Bourdieu, les politiques François Mitterrand et Jean-Pierre Chevènement, Jean Jaurès et Pierre Mendès France, Al Gore et Roosevelt, Colbert et Simone Veil, les journalistes Naomi Klein et Florence Aubenas… mais aussi le Pape François ! Une sorte de cénacle de penseurs duquel ont été exclus bien évidemment le trio Holande-Valls-Macron !
Il faut avoir la foi de la gauche de la gauche pour penser que Montebourg peut refaire son retard quand Jean-Luc Mélenchon est loin devant et qu’il est quasiment impossible qu’une « primaire » soit organisée en sa…faveur. Il fallait vraiment être « croyant » en haut du Mont Beuvray. Les bonnes paroles « Made in France » ont peu de chances de courir dans les plaines, les vallées, les montagnes du pays. « Citoyen libre mais engagé», comme il se définit, « petit entrepreneur, travaillant comme tout un chacun dans des PME », vice-président d’Habitat mais ancien ministre il lui faudra une « sacrée » force de conviction pour ne pas être très seul l’an prochain, le lundi de Pentecôte sur les sentiers du pouvoir… Vercingétorix y avait été élu chef des Gaulois, parait-il en fédérant des « tribus » éparpillées. C’est vrai. Malheureusement on connaît la suite !
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On cher, on cherche, on cherche….
Qui nous sortira du marécage des Nuits Debout, pleines de bonne volonté mais qui tournent en rond faute d’une idée forte, consensuelle, directrice et fédératrice ?
Il nous faudrait un nouveau » Leader Maximo » (et que les forces occultes venues de l’ouest soient neutralisées), même avec tous les risques que ça comporte, pour contrer les nouveaux pseudos aristocrates du paradis fiscal et du compte en banque atteint d’obésité.