L’information ne va certainement pas figurer à la une des quotidiens… malgré le succès indéniable des manifestations qu’elle pourrait générer. En effet il arrive qu’une décision prise dans le milieu économique soit réjouissante et admise comme extrêmement positive dans tous les foyers. Dans une période où les plans sociaux soulèvent logiquement de fortes oppositions quand ils sont les conséquences désastreuses de la mondialisation il est en effet très rare d’apprendre que de grandes marques françaises peuvent revenir dans le patrimoine industriel national. Plus qu’une nouvelle boursière considérable, celle qui court dans les rédactions relève du symbole patriotique fort. Un truc dont l’Élysée devrait s’emparer avant qu’Arnaud Montebourg le Pape du Made in France en fasse le symbole de sa réussite. Notre célèbre Carambar et ses blagues inusables acquis depuis quelques décennies par un vorace et détestable du nom de Mondelez, va revenir dans peu de temps sous le drapeau français grâce au rachat d’une dizaine de marques de confiseries par la société d’investissement Eurazeo. Il faudrait une cérémonie officielle qui coûterait bonbon, une réception huppée à la hauteur de l’événement, un tweet victorieux de Jean-Michel Baylet, une conférence de presse sentencieuse de Michel Sapin, un trait d’humour historique de François Hollande publiable sur le papier d’emballage de la barre caramel, un cash investigation virulent d’Elise Lucet sur les secrets de cette transaction en cours pour donner sa véritable dimension à l’événement. Ces « salopards » de fonds de pension américains s’étaient emparés d’un pan de notre patrimoine national sans que personne ne s’en aperçoive. Un peu comme si nous leur avions repris la statue de la Liberté. Notre Carambar est de retour après une période d’exil forcé !
Je trouvais aussi que je ne comprenais plus les blagues sur le papier d’emballage. Depuis j’ai appris que l’auteur en était devenu Daniel Trump et que le traducteur n’était autre que Bernard Henri Lévy… Vivement que l’on retrouve une ligne éditoriale portée par l’almanach Vermot avec une adaptation des rédacteurs de Pif Gadget ! Il est vrai que Toto avait fait de la Résistance après la fausse annonce le 1° avril 2013 de la disparition de ses blagounettes inoffensives. Il n’avait pas encore totalement été éclipsé par Bugs Bunny sur l’emballage de la barre de caramel dont la recette exclusive est née chez le P’tit Quinquin à Marcq-en Baroeul, dans le Nord en 1954. Le trust capitaliste américain avait eu soin de ne pas changer la recette exclusive du produit et son papier mythique. Bref le Carambar c’était notre Coca-Cola français avec ses secrets de fabrication et ses immuables couleurs de référence. J’avoue que j’ai toujours eu un faible pour le bonbon le plus populaire de France.
Dans mon enfance, il était en vente avec bien des friandises alléchantes chez Mme Troquereau, la buraliste qui le conservait précieusement dans des pots joufflus en verre avec un couvercle rouge. Elle alignait ces « coffre-forts » sur le comptoir comme autant de réservoirs à tentation inaccessibles pour les gamins sans argent de poche. Les « calabres » bonbons à la réglisse en forme de croissant de lune sucrés ; des petits pois ou des haricots colorés en vert et rouge ; des rouleaux noirs de réglisse avec un bonbon coloré au centre ; des morceaux de guimauve ; des berlingots étincelants, des tablettes de chewing-gum Hollywood ou des Malabars ; des bouchées Suchard pralinées… Selon la générosité des « primes » versées aux enfants de chœur après les offices religieux j’accédais parfois à ces trésors vendus à l’unité. J’hésitais avant de faire le bon choix car les prix étaient prohibitifs et figurez vous que toutes mes « madeleines » de cette période heureuse où le bonheur se résumait à un seul bonbon acheté avec une pièce de 5 centimes de Franc, étaient passées sous contrôle US.
Depuis j’en achète des poches entières et je prends ma revanche sur mes manques antérieurs. Je détortillerai mon Carambar maintenant avec encore plus de délectation le papier aux stries rouges et jaunes. Je plierai soigneusement la barre de caramel en deux comme je le fais depuis belle lurette avec l’espoir désormais qu’elle ne se glisse pas, rançon de l’âge, dans mes dents vieillissantes. Et encore j’ai la chance de ne pas avoir d’appareils dentaires puisque c’est bien connu que le Carambar reste le meilleur allié des chirurgiens-dentistes pour les grands enfants attardés attachés à ce « bonbec » historique. Rien n’est jamais joué avec une poche de Carambar.
On annonce cependant (ce qui refroidit mon enthousiasme) que la transaction a encore besoin de l’accord de Matignon et que l’on attend la décision dans la journée de Manuel Valls. Il hésiterait car il y verrait un coup d’Arnaud Montebourg pour revenir sur le devant de la scène. Ce dernier aurait en effet servi d’intermédiaire dans les négociations ardues entre le groupe Eurazeo et les Américains. Manuel Valls exige donc au préalable de contrôler désormais les blagues. Il en aurait, des source bien informée, immédiatement interdit deux relatives aux surnoms de François Hollande. Les réponses « fraise Tagada » et « Chamalo » ont en effet étaient jugées comme non conforme à l’égard de la concurrence libre et non faussée. Par ailleurs il n’aurait pas apprécié que dans le contrat l’avocat Arnaud Montebourg ait introduit une devinette jugée indigne : « Hollande et Valls sont sur un pédalo qui tangue. Hollande déchu tombe à l’eau. » Qui se mouille pour le sauver : A : personne ; B : Valls ; C : les sapeurs-pompiers du Calvados … En ce 1° avril je vous laisse trouver la bonne réponse et promis je vous envoie un Caramba !
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Souvenirs, souvenirs ! ou la nostalgie des amours enfantines, du Carambar et de la confiserie gagne petit !
Tu ne pouvais pas tout citer, mais il y a une douceur que tu n’as pas évoquée et que je veux réhabiliter ici, c’est le Coquilledou, cette coquille de bivalve remplie d’une sorte de caramel, et que l’on suçait avec application.
Et là, également, la rançon inexorable du progrès a fait que la coquille, à l’origine récupérée sur un infortuné coquillage, a été remplacée par une coquille en matière plastique, lui ôtant toute sa poésie !
Un de mes grands regrets est de n’avoir jamais connu le Mistral Gagnant, cher à Renaud….
Que de souvenirs ! Chez nous, c’était madame BROUETTE (la maman du propriétaire BROUETTE et petit fils qui fabriquait ce vin pétillant) qui avait une petite épicerie et vendait aussi, à la pièce, toutes sortes de bonbons que certains se contentaient de regarder n’ayant pas les moyens d’acheter même en économisant sur les centimes confiés par les parents pour la quête de la messe dominicale