En fait la seule personne qui devrait être autorisée à fêter votre anniversaire c’est celle qui vous a mis au monde car c’est pour elle un souvenir, un moment fort, un aboutissement mais jamais pour celle ou celui qui a seulement profité d’un accouchement et qui n’en garde absolument rien. Or au fil des ans on oublie que l’on doit sa présence sur terre à une femme, à une mère qui vous a porté et donné à la vie et on s’accapare ce qui devient un jour de plaisir et de partage. Chaque année au même moment les parents, les proches, les amis vous installent sur le piédestal de celui qui doit recevoir tous les compliments, tous les souhaits, toutes les attentions.
Les bougies de plus en plus nombreuses sur un gâteau (les plus beaux de ma vie sont ceux qui ont été fabriqués à la maison) éclipsent en fait le plaisir que l’on a au début à les souffler. Le vrai problème c’est que la répartition des petites flammes symboles du temps écoulé n’augmentent que très progressivement. D’abord on n’y prête aucune attention car la cérémonie à tout du jeu. Ensuite on attend avec impatience l’émancipation que représente l’arrivée au nombre 18 avant de se laisser griser par la seconde décennie. Enfin quand elles couvrent la pâtisserie on regrette amèrement l’époque où on se plaignait qu’elles aient été trop rares. Triste sort que celui des jours d’anniversaire qui relèvent à la fois de la tradition mais que l’on ne voudrait pas voir arriver et que même parfois on regrette vraiment de voir arriver.
En fait c’est une fois encore une véritable opportunité de partager et de constater que le cercle qui vous entoure peut vite évoluer positivement ou négativement d’une année à l’autre. Le principe des ronds dans l’eau accompagne ce moment institutionnel avec un groupe réduit que les nouveaux réseaux sociaux élargissent maintenant à l’infini. Les messages tous plus « sympas » les uns que les autres empruntent les canaux diversifiés de la vie moderne pour vous parvenir et même vous inonder. Il fut un temps ou mamie, papi envoyaient une carte fleurie (et encore fallait-il qu’ils en aient les moyens) alors que maintenant les « joyeux anniversaire » déferlent de tous les cotés. La très grande majorité respire l’amour, l’amitié, la simple attention ou le respect quand votre âge l’inspire.Que celle ou celui qui n’apprécie pas ces mots doux qui pansent les plaies du poids des ans l’avoue car il manque vraiment un rendez-vous important avec la vraie vie. Très connus, bien connus, peu connus et même inconnus les auteur(e)s entrent sans effraction dans votre intimité pour lui donner une touche de bonheur.
Simplifiés à l’extrême, sophistiqués, riches ou dénudés les compliments sur votre nombre d’années ont leur importance. Ils permettent, dans le fond de vérifier que l’on reste entouré ou choyé. Et c’est le plus beau des cadeaux. Tout le monde a besoin de se rassurer à sa manière sur la place qu’il occupe au milieu des autres. Bien malheureu(se)x doit être celle ou celui qui au moment où il passe le cap d’un nouvel an supplémentaire ne rencontre pas cette affection qui n’a pas besoin d’être ostentatoire pour être précieuse. Un anniversaire de solitude reste la plus terrible des punitions qui touche pourtant des millions de personnes ne pouvant rien partager.
Notre histoire pullule désormais de jours anniversaire rançons de l’histoire ou des inventions des communicants. Ils sont désincarnés ou simplement banalisés par le temps. L’humain a disparu de ce monde où les apparences l’emportent chaque jour un peu plus sur la sincérité. Les anniversaires sont utilisés commercialement et parmi les messages individuels s’en glissent d’autres intéressés et mercantiles destinés à transformer un instant personnel en profits pour des systèmes organisés. Tout s’exploite, tout s’achète et se vend, même votre date de naissance ! Dans le fond nous en sommes parfois complices puisque nous aimons les remises, les cadeaux, les bonifications comme si nous étions bénéficiaires d’une attention particulière.
Chaque anniversaire est donc par définition unique. On le vit à sa manière. Je me souviens des débats interminables lors de ceux de ma grand-mère maternelle. Elle refusait qu’on lui donne l’âge de l’année terminée et prétendait qu’en fait ce jour là, elle entamait le millésime suivant. J’ai en mémoire les contestations qui accompagnaient la dégustation de son « millas » dont elle avait le secret et qui trônait systématiquement au milieu de la table familiale pour chaque rendez-vous avec un an nouveau pour les uns ou des autres. Il avait une saveur particulière… celle de ses origines qui se renforce avec l’avancée de l’âge !
En savoir plus sur Roue Libre - Le blog de Jean-Marie Darmian
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
Joyeux Anniversaire Jean-Marie!!!
Il y a plus de bonheur au pays du socialisme pour un pécheur qui se repent et y revient que pour cent justes qui y demeurent
Que celle ou celui qui n’apprécie pas ces mots doux qui pansent les plaies du poids des ans l’avoue car il manque vraiment un rendez-vous important avec la vraie vie.
….et parfois il faut apprendre à goûter leur saveur que la très grande rareté rend plus précieuse…
Je suppose que ce texte vient à propos, alors je te souhaite très sincèrement un heureux anniversaire.