Deux femmes convaincues descendent dans l'arène

Les élections municipales en Espagne ont démontré que les forces de Gauche solidaires pouvaient accéder aux pouvoirs locaux. Il reste à savoir si ce mouvement de fond très urbain se traduira ultérieurement, dans d’autres scrutins régionaux ou nationaux en majorité de gouvernement. En effet l’Espagne que l’on pourrait qualifier de « profonde » n’est pas encore prête à des mutations aussi fortes. En attendant une double « révolution » s’est amorcée dans ce pays.
A Madrid et Barcelone ont été élues non seulement des membres de la gauche de la gauche mais également 2 femmes ce qui n’est pas souvent relevé dans ce pays sans parité imposée et où elles ont bien du mal à trouver leur place dans le paysage politique. L’ex-juge Manuela Carmena a obtenu la majorité absolue des 57 conseillers de Madrid : 29 élus ont voté pour elle lors d’une très solennelle séance soit une majorité extrêmement étroite mais bine réelle. Il faudra qu’elle la retrouve durant tout son mandat. La liste « Ahora Madrid » este en effet une coalition regroupant les formations Equo (écologistes) et Izquierda unida (écolo-communiste), au côté de la plateforme citoyenne Ganemos. Il est «également important de noter que les médias ont oublié de souligner que « Ahora Madrid » est arrivée deuxième derrière Esperanza Aguirre du Parti populaire qui a accepté de la soutenir au nom du « changement » dans la capitale espagnole. Le système des municipales est en effet à un seul tour et à la proportionnelle ce qui nécessite des alliances de gestion pour la durée du mandat.
Cette « dame » d’engagement et de conviction va devoir, comme sa collègue de Barcelone, faire face à la réalité de la gestion d’une ville qui est lourdement endettée puisque contrairement à la situation française une bonne part de la dette publique espagnole incombe aux collectivités territoriales. La première mesure que devra prendre Manuela Carmena c’est de réaliser un audit du volume des emprunts contractés par la droite. Cette démarche visera à savoir comment la première ville espagnole a pu s’endetter à hauteur de 7 milliards d’euros ce qui limite singulièrement les possibilités d’agir pour la nouvelle équipe municipale. Elle a aussitôt annoncé des mesures symboliques comme l’ouverture aux citoyens de la gestion de la ville, l’arrêt des expulsions, la garantie de deux repas pour tous les enfants dans le milieu scolaire quand le chômage atteint 16 % et que le surendettement des familles est colossal… mais elle devra assumer une vraie politique municipale d’austérité sauf à renégocier ou à « reformater » la dette actuelle que lui lègue la Droite libérale. Ca ne vous rappelle rien ?
La situation est un peu moins catastrophique à Barcelone où Ada Colau, une militante anti-expulsions, devient la maire. Un tiers de la population du port catalan de 1,6 million d’habitants est au bord de l’exclusion sociale. Sa liste d’Ada Colau « Barcelona en comu » a obtenu onze sièges sur 41 contre dix pour celle du maire sortant Xavier Trias, un conservateur nationaliste, et cinq pour Ciudadanos (centre droit). Au moins dix élus de gauche, notamment les indépendantistes catalans d’ERC et les socialistes, vont la soutenir. Là encore c’est une coalition qui lui a permis de devenir la première magistrate de la capitale catalane avec 21 voix contre 10 pour le maire conservateur sortant Xavier Trias. C’est à dire que toutes les composantes « anti-conservatisme » se sont réunies sur le nom d’une militante défendant inlassablement les victimes de la crise !
Elle veut elle-aussi paralyser les expulsions dans la ville, convertir les appartements vides en logements sociaux, forcer les entreprises privées à réduire les prix de l’eau, du gaz, de l’électricité ou encore lancer un revenu minimum de 600 euros pour les familles au bord de la misère. Autant de mesures qui nécessiteront un vrai courage politique. Là encore il faudra beaucoup de talent à cette nouvelle venue pour assumer la gestion d’une cité ayant vécu au-dessus de ses moyens depuis une décennie.
Le plus amusant c’est que les deux premières cités espagnoles sont dotées chacune de 2 grands clubs de football qui portent leurs couleurs avec bonheur dans les grandes compétitions européennes. Or ils sont tous surendettés et devrait être déclarés en faillite : 541 millions pour le Real et 539 millions pour l’Athlético. L’Espanyol a 150 millions de dette et a été contraint de vendre ses joueurs à un fonds de pension quand au Barça il aurait réalisé des bénéfices cette années lui permettant de ramener ses emprunts à 200 millions d’euros. Triste réalité espagnole !
Les nouvelles maires de Madrid et Barcelone devront être courageuses, persuasives et efficaces afin de démontrer que le renouveau de la Gauche peut venir du Sud. « Le vent de l’espoir qui viendrait alors d’à travers la montagne les rendrait fous de l’autre côté des Pyrénées ! J’ai envie d’y croire

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Cette publication a un commentaire

  1. Jouvet

    Ca donne envie d’y aller !…. tu me vois dans la peau d’une femme politique?….

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