Tous les traités ou accords reposent sur le postulat du « gagnant-gagnant » que permet une négociation dans laquelle chaque négociateur tente de tirer le plus grand profit pour son pays. Derrière la bataille des mots il y a toujours des enjeux de pouvoir ou d’argent. Jamais dans l’histoire on a placé l’Homme au cœur d’un document dont se sont occupés des techniciens de la négociation. Et si les peuples s’en mêlent ils sont renvoyés chez eux par les élus nationaux qui considèrent que l’intérêt supérieur de la nation implique une acceptation du compromis. Pourtant depuis quelques semaines sauf en Franc où le sujets de préoccupation importants ne manquent pas (querelles papa et fille Le Pen, sondage sur Hollande, suspension d’Ibrahimovic…), le TTIP (Transatlantic Trade et Investment Partenership) déchaîne les passions en Allemagne où plusieurs milliers de personnes sont descendues dans la rue contre le futur traité transatlantique de libre-échange.
En Europe seuls les Autrichiens et les Luxembourgeois manifestent un intérêt aussi marqué, et une opposition aussi forte, à ce vaste accord pour lequel une neuvième série de discussions, depuis l’an dernier, démarre demain à New-York sans que les citoyens, premiers concernés soient un brin au courant des enjeux.
Selon un récent sondage pour 43% des Allemands l’accord, soutenu par le gouvernement, serait « mauvais » pour leur pays, contre seulement 30% qui l’estiment « bon ». Aucun autre des sept pays sondés ne compte autant de sceptiques. Pourtant peu de monde connaît le contenu exact de ce traité aussi appelé antérieurement TAFTA (Transatlantic Free Trade Area) alors qu’il va en tout état de cause, modeler durablement le paysage économique social et politique en Europe. Des contenus relatifs aux normes sanitaires et de sécurité, notamment alimentaires, et les mécanismes d’arbitrage international des différends économiques sont extrêmement dangereux mais la France a la tête ailleurs dans le subalterne. Encore une fois ce sont les Allemands qui risquent d’avoir le leader-ship européen en matière de négociation !
Dans beaucoup de pays européens, ONG et syndicats font pourtant campagne contre le TTIP. En Allemagne l’écho de ce débat, lancé dès 2013, est énorme et grandit chaque jour davantage quand il s’étiole chez nous. Sur les plus de 700 manifestations programmées à travers le monde pour protester contre les accords de libre-échange, plus de 200 ont eu lieu Outre-Rhin avec notamment un cortège d’environ 23.000 personnes à Munich et sur les 1,7 million de signatures collectées en Europe par le collectif européen « Stop TTIP », environ un million l’ont été en Allemagne, près de dix fois plus qu’en France et 50 fois plus qu’en Italie. La gauche allemand est particulièrement critique du partenaire américain, y compris tout un pan du parti social-démocrate SPD, qui gouverne avec les conservateurs d’Angela Merkel ce qui met en évidence les limites de la cogestion ! Le gouvernement et les fédérations économiques mettent maintenant les bouchées doubles, avec des prévisions chiffrées de créations d’emplois et d’effets sur la croissance. Sans grande chance de faire bouger les lignes, tant les positions sont figées et surtout tellement la méfiance est grande.
Le but avoué de la signature d’un tel traité est de revitaliser les économies des nations signataires. Le gain évalué évoluerait entre 0.01 % et 0.05 % de PIB par an, sur les dix premières années d’entrée en vigueur des accords.
Les partenaires de l’accord mettent en avant la création de plusieurs millions d’emplois alors que les négociations sont aujourd’hui menées très discrètement et d’ailleurs peu d’informations en ont filtré. Réunies dans un collectif « stop Tafta » les associations opposées à ce projet qui place les produits américains au cœur du monde, estiment même que la signature d’un tel traité, « aboutissement de plusieurs années de lobbying des groupes industriels et financiers » qui implique « le démantèlement ou l’affaiblissement de toutes les normes qui limitent les profits des entreprises » et qu’elle serait donc destructrice d’emplois.
On voit chaque jour les conséquences du fameux traité établissant une constitution pour l’Europe avec sa « concurrence libre et non faussée », son « indépendance de la Banque centrale européenne », l’inscription « dans le marbre » de choix politiques et économiques, en particulier du libéralisme économique, « l’inscription d’orientations économiques (libéralisme outrancier), dans un traité constitutionnel »… et le TTIP mériterait un vrai débat démocratique qui n’aurait jamais lieu tant le résultat du référendum de 2005 reste dans les mémoires des technocrates et des lobbies ! C’est pourtant l’acte essentiel de la présidence Hollande ! Mais comme le citoyenneté est moribonde il est devenu encore plus facile pour les grands trusts, les groupes financiers internationaux et leurs complices politiques de dicter leurs lois du profit à des consommateurs passifs !
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Bonjour,
Il devient extrêmement urgent de tous se mobiliser comme pour un certain 29 mai 2005 pour qu’à son anniversaire de 10 ans nous puissions redevenir majoritaires dans le rejet de TAFTA; Marre d’être toujours aussi mal … traités !
Amicalement et avec conviction,
Gilbert de PERTUIS
Il semble évident que l’on est en train de se faire rouler dans le TAFTA, la rafarine ou autre denrée plus ou moins appétissante.
C’est vrai qu’en France l’opposition à cette nouvelle arnaque programmée ne fait pas recette, malgré quelques appels bien vite étouffés.
Les affaires de famille des Atrides au petit pied (pardon au peuple grec pour cette comparaison fort peu bienséante) occupent davantage les étranges lucarnes, chiffon rouge agité sous le nez d’un peuple désorienté.
Et quand on se réveillera, ce sera pour chanter : « Adieu paniers, vendanges sont faites… »
il suo scritto rappresenta realmente la situazione odierna di tutta l’europa . Mi piace