La tache d’huile brune du Front national s’étend lentement sur toute la France et se glisse dans tous les interstices de la société. Il va bien falloir se rendre à l’évidence. Partie souvent des grandes villes elle glisse vers les plus petites communes faute de barrage « idéologique » dressé par les tenants des valeurs républicaines. Des rus font peu à peu des grandes rivières et finiront par constituer un fleuve en 2017. Tout le monde fait un constat mais personne ne propose de véritables solutions se contentant d’accuser l’autre de ne pas faire ce qu’il faut pour endiguer cette « pollution » idéologique. C’est la solution de facilité… car elle évite de se remettre en cause ! Et pourtant si nous sommes plus ou moins coupables les uns que les autres nous sommes toutes et tous responsables ! Comme le FN n’a pas gagné un seul département on se contente de s’éponger le…front en disant que c’est moins pire que prévu.
Le parti frontiste qui lorgnait tant l’Aisne et le Vaucluse, n’a pas atteint ses objectifs puisque dans le premier cas il est arrivé derrière les partis de droite et de gauche alors que dans le second, il n’a récolté que 3 cantons les partis de gauche en détenant 6, les partis de droite 6 et La Ligue du Sud 2. Au premier tour pourtant, le FN avait obtenu deux élus dans le Vaucluse et était présent dans tous les autres cantons. Ces résultats ont parfois tenu à quelques dizaines de suffrages mais c’est la réalité. On est dans la situation du conducteur qui évite le précipice de l’épaisseur d’un pneu et qui constitue à rouler à fond la caisse vers sa perte. Dans 8 mois on aura une toute autre vision de l’étendue de la tache d’huile brune. En effet sans passer d’accord ou d’alliance avec d’autres formations politiques entre deux-tours, les lepénistes se révèlent incapables de l’emporter en duel et ne progressent pas en traingulaires. Le couperet des 12,5 % au premier tour n’a pas dérangé que les duos socialistes. Marine Le Pen a vite communiqué sur cette situation. Elle a accusé Manuel Valls d’avoir mené contre elle une « campagne amère » et le qualifiant de « petit politicien médiocre ». Dans sa déception, la présidente du FN a même oublié de demander la démission du Premier ministre malgré la défaite sans appel du PS… mais l’UMP s’en est chargée !
La masse des suffrages récoltés dans tous les départements au premier tour (c’est celui-ci qui doit servir de référence) constitue une base extraordinaire pour les prochaines régionales. Il va prospérer car selon les derniers résultats des départementales, 26% des Français ont voté pour le parti d’extrême-droite (contre 33% pour l’UMP et ses alliés et 22% pour le PS et sa coalition). En misant sur cette moyenne stabilisée dans les années à venir, Marine Le Pen pourrait donc être en tête au premier tour de la présidentielle 2017… c’est à dire en capacité d’éliminer le (la) candidat(e) de la droite ou de la gauche et résumant la compétition à une course à la seconde place !
Le FN n’a certes remporté aucun département alors qu’il avait engrangé es dizaines de villes ou de communes. Il ajoute des conseillers départementaux (des conseillères ce qui est encore mieux car à ce jour les femmes paraissaient plus insensibles) à plus de 1 500 conseillers municipaux… Et encore il y en a bon nombre qui ne se montrent pas au grand jour mais qui sont des « atouts » dormants pouvant à tout moment se révéler !
Les régionales vont permettre au FN d’améliorer son portefeuille d’élu(e)s et donc de quadriller le territoire national alors que dans la même période le PS dans bien des secteurs de France est éliminé du paysage tant au niveau des élu(e)s que des militant(e)s. Cette tendance sera renforcée par la porosité grandissante entre droite républicaine et droite extrême. Sur un canton « rurbain » et sans aucun véritable problème lié à lé sécurité (taux très bas de délits) ou à l’immigration (1,7 % de la population) avec 5 communes dont le revenu par habitant se situe dans le top 15 départemental des plus élevés près de 50 % des voix FN du premier tour ont basculé sur l’UMP sans aucune consigne publique ! Les propos d’Alain Juppé n’ont eu aucun impact. Il avait pourtant déclaré face au lancement du concept FNPS de Sarkozy : « Si on se retrouve en situation UMP-Front national au deuxième tour, je doute que beaucoup de candidats UMP refusent les voix socialistes ». Il avait oublié un second principe « Si on retrouve en situation UMP-PS je doute que beaucoup de candidats UMP refusent les voix du FN » mais bien évidemment c’était involontaire.
On approche du concept FNUMP entre électrices et électeurs mais officiellement pas encore entre les appareils politiques. Le barrage « antipollution » bâti autour du fameux « parti républicain » ne tient plus le coup… et il sautera en 2017 au second tour ou un peu plus tard aux législatives. Les cantonales en sont l’annonce ! L’épaisseur de la tache brune infiltrée dans le sol français est maintenant indéniable. Il est déjà trop tard pour donner l’alerte !
Jean-Marie Darmian
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