Revenons un peu en arrière. Il y a quasiment 4 ans jour pour jour. La Cour des Comptes publiait fin mai un rapport très intéressant sur l’aide aux banques françaises par l’État durant la fameuse crise. Dans cette étude sur les concours publics aux établissements de crédit, l’institution de la rue Cambon, chargée de contrôler les dépenses publiques, évalue à 1,3 milliard d’euros la recette budgétaire effectivement perçue par l’État en 2008, 2009 et 2010. Retraité des coûts indirects engendrés par le plan de soutien, le gain budgétaire pour l’État tombaient à seulement 850 millions d’euros, selon la Cour des comptes. Ces chiffres contrastaient avec le gain de… deux milliards avancé par les banques françaises et le gouvernement qui avaient martelé que le plan d’aide au secteur bancaire n’avait pas grevé les finances publiques. « Les concours publics aux banques ont permis de générer des recettes à court terme, mais à moyen terme, plusieurs coûts sont susceptibles d’amoindrir le bénéfice qu’en a retiré l’État », avait déclaré Didier Migaud, le Premier président de la Cour. « Les deux milliards 400 millions d’euros de recettes reçues des banques ne suffisent pas à financer l’ensemble des mesures adoptées, qui ont fait gonfler le bilan de l’État d’environ 11 milliards 800 millions d’euros », a-t-il ajouté. Il donnait une explication rationnelle : la France s’était endettée encore plus pour soutenir indirectement ses prêteurs !
L’ancien président socialiste de la commission des Finances de l’Assemblée nationale, avait ainsi rappelé que 9,5 milliards d’euros d’aides aux banques avaient été financés par endettement, « ce qui, compte tenu d’un coût de financement moyen de 3,7%, représente une charge d’intérêt supplémentaire de plus de 350 millions d’euros par an ». Dans son rapport, la Cour des comptes s’interroge aussi sur l’opportunité pour l’Etat d’avoir débloqué une seconde enveloppe d’aide au secteur bancaire début 2009 alors que les résultats bancaires s’amélioraient. Cette seconde tranche s’était élevée à près de 10,5 milliards d’euros. La Cour des comptes rappelait par exemple que BNP Paribas avait lancé son augmentation de capital réservée à la SPPE fin mars 2009 alors que le cours en Bourse de son action s’était stabilisé.
La Cour épinglait aussi les banques qui selon elle, avait tardé à se mobiliser pour continuer à octroyer des prêts aux ménages et aux entreprises comme elles s’y étaient engagées en contrepartie des aides reçues. « Les banques ont donné, semble-t-il, au cours du premier semestre 2009 la priorité à l’amélioration de leur bilan et à la reconstitution de leurs marges », a encore dit le Premier président de la Cour des comptes.
Or brutalement on découvre que durant cette même période la BNP jouait avec le feu en utilisant des dollars pour financer des personnes et des pays en délicatesse avec les Etats-Unis. Une prise de risque que l’on peut admettre politiquement mais qui économiquement va jouer un vilain tour aux gens ayant un compte dans la banque française ! BNP Paribas est en effet soupçonnée par la justice américaine d’avoir contourné entre… 2000 et 2010 les embargos- imposés par les USA contre Cuba, l’Iran, le Soudan ou la Libye comme plusieurs autres banques européennes d’ailleurs déjà condamnées. Elle discute depuis 2009 (revenez ci-dessus) avec les autorités américaines sur la légalité de ses opérations, cherchant à négocier à la baisse le montant de l’amende qui pourrait lui être infligée. Depuis plusieurs semaines, les informations de la presse font pourtant état d’un montant à la hausse, passant à 3 milliards de dollars, puis à 5, pour atteindre aujourd’hui 10 milliards (environ 7 milliards d’euros), selon le Wall Street Journal. La banque serait prête à signer pour 8 milliards de dollars (6 milliards d’euros).
Alors qu’elle avait bénéficié du soutien sur des fonds publics français de 2009 elle avait encaissé les millions de l’État français avec la bénédiction de Sarkozy ayant demandé aux dirigeants de baisser leurs rémunérations. La fin d’année de BNP Paribas fut en effet très rude. Au quatrième trimestre 2009, le groupe avait accusé une perte de 1,4 milliard (allez chercher pourquoi!)… et il fallait encore renflouer les caisses !
Pour renforcer son capital et améliorer ses ratios de solvabilité, BNP Paribas avait en effet souscrit à la deuxième tranche du plan gouvernemental de soutien aux banques. L’établissement avait reçu… 2,55 milliards de l’État sous forme d’actions de préférence. La banque qui négociait avec la Lybie, le Soudan, allait également convertir sous cette forme les premiers 2,55 milliards touchés fin 2008 en obligations subordonnées. Au total, l’État avait souscrit… pour 5,1 milliards d’actions de préférence de BNP Paribas, sans droit de vote. Et pendant ce temps la BNP continuait à alimenter ses opérations outre-atlantique ! On s’en fout c’est du passé ! Ce qui est encore rassurant c’est que les emprunts de l’UMP ne sont pas à la BNP mais à la Société générale !
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« Le Petit Gars (l’Etat) et le Costaud (la Banque) »
Un Petit Gars
n’est pas propriétaire de ses billes,
et se voit dans l’obligation chaque jour
pour en obtenir
de les échanger contre des devoirs
qu’il fait pour le Costaud
de la classe.
Mais le Costaud décide d’interdire par la force
de jouer aux billes dans la cour,
parce qu’il a perdu au jeu toutes les siennes.
Le Petit Gars décide donc de prêter au Costaud
contre une baffe à venir
qui sera plus douce
exceptionnellement
toutes ses billes
pour pouvoir jouer les siennes,
il faut bien que le jeu recommence…
Mais, quand le jeu recommence,
le Petit Gars n’a plus de billes.
Il en emprunte donc au Costaud,
contre des devoirs…
Ainsi, le Petit Gars s’épuise,
à faire sans cesse les devoirs de l’autre,
et ne joue jamais aux billes.
Et à la réunion des parents d’élèves
on discute sans fin
sur le malheur du Costaud
qui a fini par trouver plus costaud que lui
Un jour le Petit Gars
qui aime rêver
mais qui sait compter
inventa un nouveau jeu
avec des règles idiotes
a chaque bille perdue
on redivise
a chaque bille gagnée
aussi
C’est idiot et sans fin
c’est beau et rigolo
dix joueurs
et cent billes
pour toujours
à jamais
partagées