"Mai" : le mois oublié des… mairies !

maïadeDans bien des villages du Sud Ouest on a sacrifié à la tradition de la plantation du mai ! Il s’agit de dresser devant le domicile des élus locaux, selon leur « degré de responsabilité » un tronc de pin surmonté d’une, deux ou trois couronnes avec surtout beaucoup de rubans tricolores. La « maïade » permet de remercier, d’installer le conseil municipal et le Maire dans le village ou la ville et de repérer ainsi celles et ceux qui ont la charge de la gestion collective.

Miracle de notre époque il arrive encore que des panonceaux aux couleurs de la République portent la mention « honneur à notre élu ! »? une vraie provocation !  sur la façade de quelques maisons. Imaginez un peu dans le contexte actuel combien de telles cérémonies arrosées aux frais des édiles peuvent être en décalage avec la soit-disant perception que l’opinion dominante a de ses élites démocratiques ? Le « bashing » médiatique anti-élus est devenu tellement prégnant, tellement injuste que ce type d’échanges entre une population et celles et ceux qu’elles a choisis majoritairement n’existe pratiquement plus alors qu’il était il y a seulement 30 ans une réalité dans des milliers de communes.

Dans les Landes, dans la nuit du 1er mai, des arbres fleuris ornent les demeures de voisins amicaux, de jeunes époux ou de nouveaux venus au village, d’élus locaux. La communauté honore ainsi par jeu et amitié, ses voisins, ses amis, ses élus. On revient sur l’histoire de la plantation de peupliers, de chênes ou d’autres essences en signe d’attachement à des valeurs républicaines : liberté, fraternité, laïcité… et dans une certaine mesure là il s’agit d’une manière d’honorer le suffrage universel tellement malmené depuis quelques décennies par la disparition de la citoyenneté !

Un mai c’est d’abord une œuvre unique : un arbre à couper, et écorcer ou non selon les puristes de chaque coin de la lande, des fleurs à trousser, des guirlandes de lierre pour l’habiller, c’est une manière d’honorer de sa confiance une personne dans la proximité ! Autant dire que le divorce est tel entre « élus » et « peuple » que maintenant on ne se vante plus trop d’appartenir depuis trop longtemps ou de vouloir débuter une carrière bénévole au service des autres !

D’abord parce qu’accepter de voir couper un pin pour le dresser devant sa maison constitue pour certains, une « atteinte grave à l’environnement », un « acte gratuit et inutile » que rien ne justifie. Peu esthétiques ces « squelettes » installés devant une ferme, un pavillon ou un atelier sont vilipendés par des donneurs de leçons écologiques. Il faut donc les abandonner ! On peut également se faire tacler puisque la tournée des « mais » dans une commune peut être copieusement arrosée et donc provoquer des abus alcoolisés. Cette grande virée peut être considérée comme une incitation officielle à la consommation d’alcool et donc être condamnée pour peu que la maréchaussée veuille améliorer ses statistiques répressives. Des élus au ballon : le rêve secret de l’opinion dominante et donc il vaut mieux ne pas s’exposer à faire la une du quotidien régional !

Il est évidemment peu recommandé d’offrir un coup à boire avec un petit casse-croûte ! La rumeur vous fera vite accuser d’avoir obtenu en douce les produits quelque part, d’avoir piqué dans la caisse ou tout simplement d’avoir spolié les contribuables pour rince vos copains  ! Vous aves intérêt à garder les factures ! Très mauvais pour les élus qui débutent ou encore plus néfastes pour ceux qui sont en place. L’époque est aux économies, aux restrictions et donc tout ce qui peut être un peu festif n’a plus sa place : quand certains souffrent (ce qui est vrai!) il est vraiment indécent de « foutre l’argent en l’air ! ». Quelle est la rentabilité de ces « maïades » ? Qui peuvent-elles rassembler quand près de la moitié des électrices et des électeurs se sont ostensiblement désintéressés des scrutins municipaux et qu’un autre partie des votants n’a pas nécessairement voté pour les organisateurs des agapes ?

Lentement le « petit blanc », le « kir », le « verre de l’amitié », le « vin d’honneur » appartiennent aux us et coutumes d’une autre époque ! Les conseillers municipaux (non délégués dans une intercommunalité) ne sont pas très fiers de leur élection symbolique et s’ils ne le savent pas encore ils vont vite s’apercevoir qu’ils ne seront que des cautions pour gérer le désengagement et les faiblesses criardes de l’État. Les conseillers généraux sont à regarder comme des « êtres pour « muséums » de la vieille République sacrifiés pour satisfaire l’ogre européen ne se nourrissant que d’austérité destructrice ! Les citoyennes et les citoyens vomissent sur leurs élus de tous bords et se détournent de tout ce qui d’une manière ou d’une autre peut contribuer à renouer le dialogue. Et d’ailleurs parle-t-on des « maïades » dans les médias ? Peut-être si le « mai » s’effondre sur la route, si une couronne mal assurée tombe sur la tête d’un passant ou si des inconnus le scient dans la nuit de son installation !

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Cet article a 2 commentaires

  1. Oui, Monsieur Darmian, votre texte me fait penser au concours du meilleur ouvrier de France, allègrement supplanté en notoriété par quelques émissions de télé, dont je ne sais plus le nom…le meilleur chef ou je ne sais quoi… le plus habile à se mettre des clous dans la bouche, le meilleur danseur , le meilleur chanteur, tout ceci n’ayant pour résultat que…
    Que la vulgarité et l’incompétence totale du jury, élu à la popularité, popularité n’ayant bien entendu souvent aucun rapport avec l’activité jugée…

    Comment dire…un peu comme un ministre de l’agriculture qui aurait fait ses classes dans la banque, ou un de la défense spécialisé dans la culture des pois chiches en zone aride…
    Enfin, je ne donne ici que des exemples sans références réelles, vu que de toutes les façons, quand on a été Ministre une fois on peut l’être plusieurs fois.

    En fait la vrai connaissance du métier, le vrai savoir de terrain pour être Ministre, c’est d’avoir appris… à être Ministre !
    Et à être amusant, blessant , acerbe, pour être jury télévisuel.

    Avec toutes mes salutations respectueuses aux compagnons du devoir.
    Mais si, vous savez, celles et ceux qui se font un devoir de ne pas vendre des leçons de devoir en dvd, mais d’exercer leur art.

    Avec toutes mes salutations aux hommes et femmes politiques, capables encore de supporter une idée possible d’une fonction au service d’autre chose que de la politique.

    Entre les artistes, artistes, parce que artistes, et qui n’ont rien à présenter d’autre que leur qualité d’artiste, les boulangers marchands de nouvelles versions de l’ancienneté farinée et plus jamais balayée, et les ouvriers syndiqués à des trusts syndicalistes, trust qui n’ont d’autre fonction que d’être l’image parfaite de ce qu’il furent , juste l’image, encore l’image, toujours l’image.

    Tout est empaqueté avec soin, empaqueté de cartes postales anciennes, souvenir d’un accord rêvé entre la fonction et l’action.

    Nous sommes, nous ne sommes plus que l’image d’êtres humains, creux , insipide, sans caractère, l’essentiel étant devenu de pouvoir se planquer derrière un emballage.
    C’est la grande course à l’emballage…

    Jusqu’à « l’Étiquette », petite cousine de l’Étique, qui se confond aujourd’hui allègrement avec un marque, une image, un logo, accroché, cousue sur un produit manufacturé.

    Que vivent les mats fleuris, ou qu’ils meurent, mais surtout, surtout, qu’ils ne deviennent pas la pauvre image d’eux-mêmes !

    Comme l’Europe, tenez, moi j’en suis resté à son image première, éviter de se foutre sur la gueule, amusant, non?

  2. cussac

    Je partage totalement ce commentaire qui m’apparaît comme un constat objectif d’une réalité qui sort des propos récurents de lamentations, aigreurs, passéieme, de donneurs de leçons, pensée unique, utopie. Moi aussi je reste attaché à la première image de l’Europe.

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