Quand le bâtiment va tout va ! Le constat est bien connu et surtout indiscutable. Une bonne partie de l’activité et donc de l’emploi repose sur la construction. Malheureusement il faudra bien en convenir les deux dernières années ont été absolument désastreuse sur le plan de l’aménagement de logements. On n’a en effet jamais construit aussi peu de logements en France depuis… 2004. Quasiment tous les indicateurs sont au rouge au premier trimestre. Les mises en chantier de logements neufs ont en effet reculé de 11,4% de janvier à mars sur un an, pour s’établir à 74.383, selon les statistiques du ministère du Logement. La baisse atteint même 14% pour les mises en chantier de logements ordinaires, à 68.754 unités. Un signe d’une forte crise dont les origines sont multiples mais qui dénote un échec patent de la politique initiée par Cécile Duflot.
D’abord il faut savoir que les terrains constructibles sont de plus en plus difficiles à dénicher. Trop rare, trop éloigné des services, trop onéreux dans les zones intéressantes le foncier constructible manque cruellement et le rêve du pavillon sur un vaste terrain devient financièrement inaccessible ! Comme en plus l’arrêt de l’urbanisation a été au cœur de nombreuses campagnes municipales on se trouve partout dans des situations bloquées. Les égoïsmes des « installés » met souvent en péril les Plans Locaux d’Urbanisme (PLU) et donc il existe en France une hantise de la densification des entités urbaines existantes. Les grandes villes ont beaucoup de mal à faire accepter des ensembles immobiliers supplémentaires sauf sur des friches industrielles ou d’équipements étatiques obsolètes. La création d’établissements publics fonciers tardent ou restent à des échelles insuffisantes. On peut aussi ajouter que dans une période d’instabilité des produits financiers beaucoup de propriétaires thésaurisent en conservant dans leur porte-feuille des patrimoines conséquents en terrains constructibles. Ils laissent monter les prix ! Résultat : la chute des permis de construire s’accélère, le manque d’offre s’aggrave, on est loin d’atteindre les 450.000 logements annuels dont la France a besoin en raison des tendances démographiques et sociologiques comme la diminution de la taille des ménages, et loin des objectifs de 500.000 logements !
Ensuite les permis de construire accordés aux logements ordinaires ont reculé encore davantage (-28,2%) à 88.947 unités. Sur douze mois, la tendance à la baisse s’accentue encore pour les permis de construire, avec un repli cumulé de 20,3% à 400.489 unités entre avril 2013 et mars 2014, comparé à la même période un an plus tôt.
La France va mal et ce ne sont pas les mesures annoncées via le pacte de responsabilité qui vont changer la donne dans ce domaine. Pas de pouvoir d’achat en hausse signifie que les remboursements mensuels d’un crédit deviennent vite insupportable quand les frais de déplacements, le coût de l’énergie de la santé, de l’éducation progressent sans cesse. Comme d’un autre coté les banques veulent la ceinture et les bretelles pour accepter un prêt immobilier et comme la tendance est à l’épargne pour les mauvais jours on ne se décide plus à investir. La précarité de l’emploi dans tous les domaines ajoute à cette difficulté à obtenir les fonds nécessaires malgré des taux réputés incitatifs. Les seuls véritables affaires sont à réaliser avec l’achat du bâti existant avec peu de travaux à réaliser.
Enfin il faut s’interroger en matière de logement social sur la diminution constante et sûrement durable des aides aux organismes bailleurs des conseils généraux. Les volumes d’investissements baissent et donc les subventions pour la construction de feu les HLM sont en net recul. Les annonces en matière d’étranglement financier des collectivités territoriales (en Gironde en 2015 le conseil général peut perdre 30 millions soit plus de 3 fois les sommes consacrées au logement social) ne laissent rien présager de positif pour les 3 années qui viennent. Les besoins sont pourtant immenses. Signe des temps un seul secteur est en progrès constant : les résidences pour les personnes âgées et pour les étudiants dont les parents ont de solides revenus en bondissant de 40,4%. Mais il est beaucoup plus restreint à 5.629 unités. La chute va pourtant se poursuivre avec comme conséquence immédiate une grave pénurie de logements et un climat très tendu autour de ce droit essentiel. Il faudra y ajouter une augmentation certaine des prix de location de l’existant. Et surtout des dizaines d’entreprises de construction en difficulté dans certaines régions de France. Quand le bâtiment ne va pas… rien ne va !
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