Lors d’une découverte libre de l’Elysée en compagnie d’un responsable du service de sécurité, j’ai demandé à notre accompagnateur ce qu’il pensait de la vie dans le palais de la république. « Vous savez j’ai vu ici 3 présidents, Messieurs Chirac, Sarkozy et Hollande. Je fais le même constat : ils ne pensaient pas que dès qu’ils mettraient le pied ici, ils ne s’appartiendraient plus ! » Comme j’étais passablement étonné de cette affirmation il avait ajouté qu’ils « n’avaient plus de marge réelle de liberté dans leur emploi du temps qui leur est imposé. Tout ici est codifié ! Tout ici est préparé . Tout ici est presque minuté ». En discutant il expliquait qu’Ils n’ont conscience que progressivement en découvrant des contraintes ! » pourquoi évoquer cette discussion ? Les images du déplacement de François Hollande à Carmaux révèlent cette réalité. Un déplacement en province est en effet décidé par le cabinet qui propose chaque semaine un programme et un thème que choisi le Président. Ce fut toujours le cas sous Sarkozy et c’est la même méthode chez Hollande. Quand la destination est retenue et les objectifs fixés, on ne lui en reparlera plus. Une machine énorme se met en route qui va aller jusque dans le plus infime détail lors de multiples réunions : déplacement, horaire, itinéraire, sécurité, discours, rencontres, protocole, repas, relations presse, images, accompagnants… Rien absolument rien n’est pas préparé, fiché, calculé, maîtrisé, exploité et même ce qui paraîtra spontané aura été envisagé !
Le Président entrera dans un monde idéal, aseptisé et surtout conforme à ce qu’on lui a « vendu ». Le conseiller en communication, Aquilino Morelle en occurrence avait choisi Carmaux et l’hommage à Jaurés au moment où il faut faire avaler aux contestataires du PS une politique peu « jauréssienne » dans les actes. Ce voyage c’est lui qui en avait eu l’idée et les « services » l’avaient mis en musique ! Tout était planifié et le contenu du discours devait faire mouche pour que Hollande entame son retour vers la Gauche historique ! Tout était prévu comme dans les pièces du théâtre classique.
L’unité d’action : les intrigues secondaires sont proscrites. Cela permet de concentrer l’intérêt dramatique sur le sujet principal de l’œuvre, de simplifier l’intrigue et là on avait tout misé sur Jaurés et rien que lui.
L’unité de temps : la durée de la représentation théâtrale doit coïncider avec la durée de l’action représentée. À la différence du théâtre baroque où les événements pouvaient s’étendre sur plusieurs jours, mois, voire plusieurs années, l’action des pièces classiques n’excède pas les vingt-quatre heures. Cette règle permet d’éviter l’invraisemblance….Avez-vous remarqué comme quoi tout était concentré dans un laps de temps très court !
L’unité de lieu : l’action doit se dérouler en un lieu unique. L’espace scénique coïncide ainsi avec le lieu de l’action représentée et Carmaux ville symbole du socialisme ouvrier correspondait parfaitement avec les objectifs d’une reconstitution patiente d’une image puisque la politique est devenue une affaire de communication !
Bref le Président principal acteur de l’œuvre écrite par ses collaborateurs n’avait plus qu’à suivre le scénario écrit pour lui. On ne lui fait prendre aucun risque! Sauf qu’il y a eu encore un raté dans la mise en scène qui a tout fait capoter ! A l’arrivée la fermeture au peuple local de la ville par des services de sécurité sur protecteurs (la théorie du parapluie!) a ruiné les effets attendus d’un discours se voulant volontaire, convaincu et très idéaliste. Les sifflets, les huées essentiellement destinés à protester contre le barrage des rues depuis midi ont été transformés en une manifestation d’hostilité à l’égard du Président… qui d’ailleurs lors d’images captées par des caméras indiscrètes a avoué ne rien savoir de ces décisions ! une démonstration des propos de mon accompagnateur élyséen.
En allant à la rencontre des manifestants en acceptant des critiques populaires, en tenant de renouer un dialogue direct (malgré les impatiences des gardes du corps) il a échappé quelques minutes au carcan officiel Il a entendu ce qu’il sait mais que probablement il ne mesure pas : le décalage entre la vision qu’ont les gens ordinaires de sa politique, celle que lui présente chaque jour un entourage très éloignée de la réalité. Dans le fond le discours sur Jaurés pouvait être jeté aux orties, ces quelques instants ont plus fait pour son avenir (s’il a su entendre les propos des femmes en particulier) que toutes les réunions aseptisées de cabinet. Il aurait du s’asseoir et écouter la désillusion pour comprendre que les ratios, les comparaisons, les pourcentages n’ont jamais appartenu au monde politique ! Il avait retrouvé durant une poignée de minutes la proximité qui fait défaut à tous les membres du gouvernement. Il avait renoué avec la vraie démocratie. Il avait retrouvé la force de Jaurés : parler au milieu du peuple, directement au peuple et en écoutant le peuple! Ce n’est plus possible ! Le Président « ne s’appartient plus » ! Il n’appartient qu’au Peuple qui l’a élu et il ne doit pas être confisqué par une machine à broyer les espoirs !
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Bonjour !
» …ces quelques instants ont plus fait pour son avenir (s’il a su entendre les propos des femmes en particulier) que toutes les réunions aseptisées de cabinet. »
Souviens-toi, J-M, sitôt son élection, j’avais suggéré « une injection mensuelle de sérum Marché de Tulle des laboratoires La Corrèze », idée médicamenteuse qui a certainement fait sourire …d’une manière suffisante, les grands idéologues qui constituent le microcosme parisien rendu célèbre par Monsieur Barre.
Certes, pour être bénéfique, le marché de Tulle du samedi matin durant plus de quatre heures, c’est une vraie immersion qu’il faut programmer et non un » coucou, c’est moi » de deux minutes vingt trois secondes selon les habitudes des programmateurs élyséens !
En cette période d’économie tous azimuts, si les frais kilométriques indisposent le trésorier de la société Elysée, des solutions existent dans des villes comme Saint Denis, Saint Ouen, Aulnay-sous-bois etc ! ! Il peut s’y rendre en scooter …même s’il risque revenir en métro ! ! ! !
Cordialement.
Oui, il faut dire aussi que les conseillers du Président sont souvent issus du monde financier, ce qui ne facilite surement pas le rapport direct à la réalité, celle par exemple du prix du panier moyen de la ménagère !
« Jean-Pierre Jouyet, né le 13 février 1954 à Montreuil, est un haut fonctionnaire, avocat et homme politique français.
Secrétaire d’État chargé des Affaires européennes du gouvernement Fillon en 2007, il est président de l’Autorité des marchés financiers de 2008 à 2012.
Il occupe ensuite les fonctions de directeur général de la Caisse des dépôts et consignations et
de président de la banque publique d’investissement (BPI) entre 2012 et 2014.
Le 16 avril 2014, il est nommé secrétaire général de la Présidence de la République. »
Pour celles et ceux qui ne le sauraient pas, cette fonction est de fait plus chargée de sens et de pouvoir que celle de Premier Ministre de la France…
à ce que l’on dit…
Et puis, il y aussi, la liste interminable des fonctionnaires conseillers, dont la fonction est reconnue,
plus celle dont la fonction est connue, mais pas officiellement reconnue (!),
ça fait effectivement du monde entre le Président et la caissière du Super U
Tout ces personnages sont regroupés sous le joli nom du
« Cabinet du président de la République française ».
Ce que l’on ne sait pas, c’est si le Président peu y aller seul, …aux cabinets…
.
Jaurès, cet inconnu… Il devait se retourner dans sa tombe….
Ce qui est urgent pour certains , c’est l’instant…Et pour le reste du temps ,surtout on
n’attend pas.
Tout et tout de suite..
Adieu l’histoire ,.. On ne veut pas connaître;
Elle est pourtant toute l’explication. ,.même ce qui est du plus récent. (Sarko..).
Enfin ,je le pense
NC