La participation aux élections municipales constituera, bien plus que le nombre de villes allant d’un coté à l’autre d’un échiquier politique mal définie le véritable reflet de l’état de la France. Le pays du suffrage universel va encore prendre une gifle gigantesque face au reste du monde. Donner des leçons à l’humanité entière quand un peu plus d’un électeur sur deux, dans le pays des droits de l’Homme et du…citoyen restera devant sa télévision relève de l’orgueil mal placé. Les éternels chevaliers servants de l’ingérence démocratique auront intérêt à en rabattre quand ils iront haranguer les foules sur des places où l’on combat à mort pour obtenir une vraie liberté de choix électoral ! Toutes les prévisions constituent une camouflet pour les partis politiciens ayant oublié qu’avant de compter les bulletins dans une urne il faut donner envie aux électrices et aux électeurs d’aller l’y déposer ! Et là ils font vraiment le maximum pour l’inciter à rester sur son canapé ! Et c’est plus de l’abstention mais de la fuite par renoncement ou indifférence !
Leur responsabilité dans le désastre est incontestable et leurs « généraux » ou leurs « états-majors » ont déjà été préparé à pratiquer la langue de bois avec des « éléments dits de » : « On a gagné ! » ou « on n’a pas perdu » selon le bord de l’intervenant. On enverra en première ligne celles et ceux qui ont besoin d’un coup de pouce médiatique pour le second tour. Surtout ressasser pour les uns « que c’est beaucoup mieux que prévu » et pour les autres « que l’on va confirmer au second tour ! ». Aucun d’entre eux aura le courage de se poser les vraies questions : pourquoi l’élection la plus proche, la plus importante, la plus facile ne mobilise plus ? En 1977 à quelques mois de la campagne présidentielle de Mitterrand on avait atteint au 1° tour le taux de 78,9 % de participation avec un taux de blancs et nuls très faible ! On est passé à 78,2 % en 1965 ; à 75,2 % en 1971 ; à 78,42 % en 83 ce qui constituaient des scores de qualité ! Lentement après 1981 on est tombé à 72,90 en 83 avant une dégringolade à 69,42 % en 1995, 67,38 % e, 2001 et un 66,54 % au dernier scrutin de 2008. Les prévisions se situent pour le rendez-vous du premier tour 2014 à un « merveilleux » 52 à 55 % ! Un échec dont la République ne se remettra que très difficilement. Ne voyez pas de cause à effet dans l’absence d’instruction civique considérée comme « politique » dans le cycle scolaire et surtout la fin de l’éducation concrète par l’organisation de scrutins formateurs (coopérative, chef de classe, foyers,…) !
Partout le rejet de la politique par plus de 3 électrices ou électeurs sur 4 transpire dans les discussions. On regarde, durant la campagne électorale officielle, les distributeurs de tracts comme des zombies et on ne fait même plus l’effort de prendre une prose sur papier glacé jugée mensongère, inutile et même provocatrice. La campagne qui s’achève a consacré une manière de tenter d’intéresser la population à une échéance électorale : le porte à porte commercial, les réunions Tupperware chez les gens qui comptent, les réseaux sociaux font virer la politique à la consommation ! Plus d’effort pour s’informer et choisir puisque l’on doit venir chez vous présenter la marchandise « électorale ». Le seul problème véritable c’est que les catégories les plus fragilisées, les plus paupérisées, les plus isolées sont encore plus marginalisées par ces dispositifs auxquels ils n’accèdent pas. Et lors de ce premier tour ils se sentent écartés de toutes les procédures actuelles. Faute de repère d’éducation citoyenne ils choisiront, pour celles et ceux qui seront les plus remontés un vote protestataire et surtout pas un vote d’adhésion. Alfred Sauvy a pourtant prévenu en déclarant que « bien informés les hommes sont des citoyens, mal informés ils deviennent des sujets » Pour ma part je changerai seulement « sujets » par « consommateurs » ce qui n’est guère différent dans le monde actuel !
Les appréciations en pourcentages sur les résultats seront également faussées par le fait qu’ils seront basés sur les suffrages exprimés. Or le changement d’habitudes, le dispositif des listes bloquées va susciter des milliers de bulletins nuls et donc donner une idée faussée de l’impact réel des formations politiques. On aura dans les communes (les nouvelles entre 1000 et 3500) où il y aura qu’une seule liste plus de 20 % de blancs et nuls ! Il faut ajouter que même largement minoritaires au premier tour des candidat(e)s désavoués se retrouveront automatiquement élus au second puisque personne ne peut se présenter contre eux entre les deux tours ! Il va y avoir une de ces mobilisations dans ces situations… qui va améliorer la démocratie participative dont on nous rebat les oreilles !
L’enjeu est fort pour ces municipales et il ne situa pas où on le pense. Toujours considéré comme le premier des élus le Maire risque de devenir un élu illégitime représentant des pourcentages dérisoires des inscrits des a commune. En effet un Maire qui obtiendrait dans une commune de 4 000 électeurs un score de 52 % de 2 100 votants ne pourrait se réclamer que de 27 % des inscrits ! Dans le fond il ne serait pas plus représentatif qu’une « grosse » association sans lien avec le suffrage universel ! Attention danger !
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