Il faut avoir le courage de creuser dans l’actualité comme le fond les enfants dans les able afin de faire remonter une part de vérité. Tout le week-end l’affaire Léonarda a continué à meubler les médias qui ne subsistent plus que sur le glauque. C’est devenu caricatural tellement la hiérarchisation de l’information devient dépendante de la volonté rédactionnelle de coller à l’opinion dominante pour vendre, pour captiver, pour abêtir ! En fait la recette n’a jamais variée : la peur et la simplification outrancière ! Faire simple afin que le maximum de gens puissent sans trop réfléchir s’approprier une idée pouvant être généralisée, transformée en vérité. C’est ainsi qu’avant même que soit publiée l’enquête sur la situation d’une jeune fille jugée exemplaire la cause était attendue : la position du président de la république serait condamnable. Ramener toute la famille en France aurait déchaîner les tenants de la sévérité vis à vis de l’immigration illégale. Interdire le retour c’était accepter une avalanche de critiques venant des donneurs de leçons n’ayant jamais été confronté à la réalité. En examinant les faits, on ne peut pourtant que soutenir la proposition de François Hollande qui prend en compte la réalité du dossier. Quelle qu’ait été la proposition venant de l’Elysée elle était par avance scandaleuse ! Pour ma part je la soutiens sans clause de conscience !
Personnellement je suis confronté, dans ma fonction de Maire, à une autre affaire Léonarda et bien évidemment je sais que je serai quoiqu’il advienne accusé de laxisme par les uns, d’inhumanité par les autres et de chiffe molle par les deux camps. Une jeune fille ayant un père arménien et une mère russe vient de s’installer dans le Créonnais. Sa maman est restée en Russie avec son fils et son papa est partie via l’Italie à la recherche d’une installation en France via un dossier de « réfugié politique ». Nul ne sait véritablement quel est la situation réelle du couple et surtout qu’elle est le véritable motif de la fuite de Russie… et pas d’Arménie. Le dossier d’asile politique a été récemment refusé et le père et sa fille sont dans le « vide » avec une situation de non-droit leur ayant fait perdre leur droit au logement. Que faire ? Que dire ? Que penser ? La fille a bien évidemment été admise à l’école avec le soutien social dont elle a besoin. Elle a la nationalité russe de sa mère qui n’est pas là pour donner la moindre instruction sur la conduite à tenir et donc à la limite elle pourrait lui être ramenée mais son père lui est Arménien, sans papiers pour travailler et surtout avec une épée de Damoclés au dessus de la tête. Si demain cette situation nécessite des mesures coercitives, qui devra les assumer ? Doit on séparer le père et la fille ? Qui appliquera simplement la loi ? Ils viennent de quitter la ville, sans moyen de de locomotion, pour un village n’ayant aucun service social pouvant répondre à cette situation, sans travail possible (le père ne peut pas travailler faute de papiers) dans le milieu rural et avec un éloignement pénalisant de tous les lieux administratifs de suivi d’un dossier complexe. Bref : très attirant sur le plan des principes mais un véritable piège pour les élus !
Face à ces « affaires » dont les enfants deviennent des enjeux les conseils généraux de droite prennent depuis plusieurs mois des positions qui n’ont pas mis un seul citoyen dans la rue ! Et pourtant. Les médias se foutent pas mal de décisions pourtant scandaleuses sur le fond et sur la forme… on va défiler pour Léonarda mais pas contre ceux qui viennent de déclarer les mineurs étrangers seuls non désirables sur le territoire de compétence. Le président UMP du conseil général du Loiret, Eric Doligé, a récemment publié un arrêté « mettant fin à tout nouvel accueil de jeunes isolés étrangers par le service social à l’enfance » du département, en raison de la saturation des capacités d’accueil notamment. Il n’est pas le seul dé à avoir pris un tel arrêté stoppant ou suspendant l’accueil de mineurs étrangers isolés. Mercredi, c’était le président UDI du conseil général de Côte-d’Or, François Sauvadet, qui a suspendu jusqu’à fin décembre leur accueil. Le mois dernier, c’est le conseil général du Bas-Rhin, présidé par l’UMP Guy-Dominique Kennel, qui avait pris de telles dispositions avant de reprendre l’accueil début octobre. En juillet, Jean Arthuis, le président (UDI) du Conseil général de Mayenne, mettait fin à tout nouvel accueil. Mme Taubira et son collègue de l’Intérieur Manuel Valls déplorant alors une décision « illégale » de l’ancien ministre centriste avait finalement retiré son arrêté quelques semaines plus tard. Bref il y a déjà quelques mois que l’on pratique la délocalisation du mineur posant problème… et pas un mot, pas un bruissement, pas une manifestation. Que la Gironde vienne à décider la même chose et ces serait l’émeute médiatique. Et pourtant… les contraintes financières sont encore plus lourdes pour un département de la taille de la Gironde !
Eric Doligé, qui est aussi sénateur, a confirmé cette information qui n’a fait la une d’aucun grand quotidien et plus encore d’aucune « chaîne perroquet » d’info. Selon lui, au prorata de sa population, le Loiret devrait accueillir « 60 ou 70 mineurs étrangers isolés. On en est à 220, pris en charge à 100 % par le département ». Ils sont donc invité à aller voir ailleurs ! « On est débordés, on ne peut plus en accueillir. On n’a plus la capacité (financière) et les structures » (sic) pour cela, a-t-il indiqué. Je luis suggère de communiquer sa positions sur les finances départementales à ses collègues conseillers généraux girondins de droite ! Depuis juin, date d’une « clé de répartition » mise en place au niveau national, « nous sommes le département qui a reçu le plus grand nombre de mineurs étrangers par rapport à la population totale », a assuré le sénateur. « Et on est passé de 2 millions d’euros à 7 millions d’euros en deux ans et demi pour la prise en charge, ce qui, dans la situation budgétaire, est impossible », a-t-il souligné. Allez rassurez vous dès demain on va se réveiller dans les rédactions et expliquer au grand public la complexité des positions à prendre et à assumer… assumer ? Qui a encore le courage de ne pas succomber au populisme poujadiste qui grimpe chaque jour un peu plus ?
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-« En fait la recette n’a jamais variée : la peur et la simplification outrancière !- »
Et pourtant il est une peur qui devrait faire réagir tout citoyen digne de ce nom, c’est l’ultra droite qui pointe son nez en se posant avec outrecuidance en sauveur potentiel.
Si jamais ce grand malheur se produisait, ils auraient vite fait de comprendre les lycéens que c’en est fini des manifestations dans la rue, pour un oui ou pour un non .
C’en serait fini de toutes les libertés dont la République nous permet de profiter.
Mis ce sera trop tard et il serait inutile d’espérer que dans 5 ans on pourrait changer, malgré les résultats probablement catastrophique d’un gouvernement de pieds nickelés, des impôts qui ne baisseraient sûrement pas (au mieux !)et la mise au rebut de tous nos acquis sociaux !