Il y a des flaques de sang sur les valises de billets de banque ayant circulé autour de la vente de sous-marins au Pakistan… terrible car au-delà du fric ce sont des hommes qui ont payé de leur vie des « affaires » traitées par des gens qui les ont envoyés vers la mort. Le 8 mai 2002, onze employés et sous traitants de la Direction des constructions navales et trois de leurs accompagnateurs pakistanais meurent dans un attentat. Ils se trouvaient dans un autocar qui devait emmener 23 techniciens à la base navale où les sous-marins étaient assemblés. Un fanatique avait lancé sa Toyota bourrée d’explosifs contre le bus, l’explosion fait 14 morts et 12 blessés. Au printemps 2002, alors que la justice enquêtait sur la piste islamiste, des agents de la DGSE se seraient chargés de « mesures de rétorsion » contre des militaires pakistanais.
Un ancien membre de la DST est recruté par la direction des constructions navales pour enquêter en marge de la justice. Son rapport « Nautilus », datant du 11 septembre 2002, conclut que l’attentat est lié à l’arrêt du versement des commissions. Ce rapport était supposé rester confidentiel mais est saisi par les juges au printemps 2008 à l’occasion de l’affaire d’espionnage. Un autre document, rédigé par un ancien directeur financier de la DCNI donne la même version et un processus judiciaire va conduire Renaud Van Ruymbeck à entrer dans la danse. Il va agir patiemment, minutieusement, avec la certitude que pour arriver au but (la vérité) il ne lui faut pas commettre la moindre bévue. Il avance pas à pas pour décoder un écheveau de responsabilités qui ont été largement dissimulées. Un grand magistrat confiait que « Renaud Van Ruymbeck possédait absolument toutes les preuves des liens entre le financement de la campagne présidentielle de Balladur et ce massacre d’innocents payant une « note » à laquelle ils étaient totalement étrangers. Ignoble ! Le juge le sait et ne lâchera pas les coupables indirects… mais il ne fera rien qui puisse permettre aux vrais magouilleurs d’échapper à leur sort. Implacable, il dégaine un coup à la fois, et surtout met les personnes qu’il reçoit chaque fois face à une preuve irréfutable.
En septembre 2011, son ex-femme révèle à la justice que Thierry Gaubert adjoint de Nicolas Bazire à Bercy de 1993 à 1995, allait régulièrement chercher des espèces en Suisse (pas de scandale médiatique identique à celui de Cahuzac. Pur hasard!) pour les remettre à ce dernier, il était accompagné de Ziad Takieddin. Également en septembre 2011, les policiers retrouvent un appel de Brice « Boutefeu » à Thierry Gaubert, pour le prévenir que sa femme « balançait beaucoup ». Il se dit alors « écœuré » par la « lâcheté des journalistes qui fracassent tous les amis de Sarkozy » (le 22 novembre 2012, il est condamné à 5000 euros d’amendes avec sursis pour ces menaces. On en arrive à une brochette de mis en examen : Ziad Takieddine, Nicolas Bazire, Thierry Gaubert, et Renaud Donnedieu de Vabres… et aussitôt ils se déchaînent contre Renaud Van Ruymbeck !
Afin de l’évincer le juge Renaud Van Ruymbeke, Ziad Takieddine porte plainte contre lui en juillet 2012. il saisit le tribunal avec Nicolas Bazire et Thierry Gaubert. Rien n’y fait, les juges avancent lentement mais sûrement. Toutes les attaques se brisent sur leur silence et plus encore sur leur professionnalisme. Deux ex-collaborateurs d’Edouard Balladur, le PDG de la RATP Pierre Mongin et le dirigeant de LVMH Nicolas Bazire, ont été mis en examen par les juges qui cherchent à savoir si les fonds spéciaux de Matignon ont servi à un financement occulte de sa campagne présidentielle de 1995. Tiens donc, la presse bave sur les « réserves parlementaires » données à un village ou une association mais ne savait pas que depuis des décennies les fonds secrets ont payé le train de vie des grandes personnalités politiques ! Déjà, il y avait le chef de cabinet du Premier ministre Balladur, Pierre Mongin, qui avait été mis en examen pour détournement de fonds publics dans ce volet de l’affaire Karachi. Déjà poursuivi pour recel et complicité d’abus de biens sociaux, Nicolas Bazire, directeur de cabinet, devenu directeur de campagne d’Edouard Balladur, l’est désormais pour complicité de détournement de fonds publics. Pour le moment, la présomption d’innocence joue en a faveur, mais on va bientôt passer aux réalités. Personne n’a rien vu, rien entendu, rien lu, rien senti, rien supputé. Des innocents aux mains pleines de billets de banque arrivés par magie avaient seulement l’envie de collectionner des devises !
Deux pistes sont envisagées par les juges ; le détournement de commissions sur des contrats d’armement avec l’Arabie Saoudite et le Pakistan, et celui des fonds spéciaux, de l’argent liquide à l’époque distribué par Matignon aux ministères, sans justification. Le total est providentiel quand il faut tenter de briser Chirac. En tant que chef de cabinet, Pierre Mongin était chargé de la gestion de ces fonds secrets. Lionel Jospin avait encadré en 2001 cette pratique régie par une loi de 1946. Si plusieurs témoins ont évoqué la piste des fonds secrets pour financer la campagne d’Edouard Balladur, en fait un acteur clé a contredit l’ancien candidat en affirmant que le liquide versé sur le compte de campagne ne provenait pas de la vente de gadgets et de T-shirts lors de meetings mais bien des fonds secrets. Du foutage de gueule intégral… le tricot savamment monté commence à se dévider et dessous apparaît la silhouette d’un petit homme agité qui aura bien du mal à échapper à la sagacité de ces juges dont il avait tellement envie de se débarrasser !
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Énoncer de tels faits, relatifs au mépris dont font preuve les grands de ce monde envers ce que devrait-être une mission politique au service de la nation, cela peut choquer.
Toutefois, qu’est-ce donc qu’être au service la nation, quand la nation tout entière est au service du monde le finance ?
Des sous-marins au Pakistan, du travail pour les ouvriers français !
Tant qu’individuellement nous accepterons comme inéluctable de fêter Noël en achetant à nos gosses des jouets fabriqués de l’autre coté du monde par des travailleurs esclaves, tant que nous n’aurons d’autre rébellion que celle qui consiste à s’indigner aux repas à la cantine des usines, tant que nous tiendrons pour acquis et indispensable de porter haut et fort le confort progressiste en guise de discours philosophique, de quel droit nous plaindre de l’attitude de nos chefs ?
Nous ne valons pas mieux qu’eux, pris dans l’engrenage du profit individuel !
Évidemment que des telles attitudes froides nous éloignent de l’esprit républicain, mais enfin, soyons clair, la Révolution est, et ce dès son avènement, à la solde des banquiers.
Apprendre, par le détail, les malversations et assassinats, n’a au fond qu’un effet, celui de mesurer ce qui différencie un individu citoyen, et les règles et devoirs qui lui sont imposées, d’une bande d’hommes et de femmes de pouvoir au service des multinationales, et les règles et obligations qui leur sont imposées !!
Petits et sans pouvoir, nous n’avons en charge que nos personnes, il nous est plus aisé de bouger, faire et défaire est notre quotidien, la peur de perdre nos biens ne nous ralentit pas nous n’avons rien !
Nous avons, ce que les êtres de pouvoir n’ont pas, toute latitude pour réinventer le monde !