Un soir où je travaillais, en 1981, dans la rédaction de l’hebdo fraîchement créé par Sud Ouest sur Bordeaux, j’avais reçu un appel téléphonique pour le moins surprenant. Mon interlocuteur, soucieux de masquer sa voix me conseilla d’aller prendre un verre le lendemain dans un bar de l’avenue Thiers portant le prénom de sa patronne. Il me demanda seulement de bien observer le sort réservé aux mallettes… qui proliféraient dans ce lieu fréquenté par un ex-candidat RPR aux cantonales et élections législatives sur le Créonnais. Durant les mois qui suivirent l’élection de François Mitterrand, les achats de bagages montèrent en flèche en France et tous n’étaient pas destinés aux voyages de noces ou d’agrément. La peur du bolchevisme pillant les ménages français, le couteau entre les dents et vidant leurs comptes par des hausses d’impôts exorbitantes incitaient les gens, qui avaient su antérieurement compter, à planquer leurs économies vers des pays réputés plus indulgents avec les « travailleurs ». C’est une constante dans l’histoire de la République qui veut que, bizarrement, les élites et surtout les perroquets médiatiques réputés savants, mais englués dans leur servilité à l’égard du monde du fric, rabâchent le mot qui a toujours fait peur aux « travailleurs » du profit : impôts ! Rien n’y fait…ce sont toujours les mêmes commentaires, les mêmes comparaisons, les mêmes conséquences et surtout le même mépris pour les gens qui agissent en toute transparence quand d’autres ne cherchent qu’à frauder, à voler, à détourner, en se présentant comme des victimes d’un système social reposant sur la solidarité aussi juste que possible entre les habitants.
En faisant durer mon demi panaché le lendemain, je vis entrer « chez Mado » des gens bien mis sur eux, porteurs justement pour l’un d’entre eux de deux attachés-case comme on disait alors. Retrouvailles, conciliabules et l’arrivant oubliait « malencontreusement » sa valisette au pied du comptoir. Une mission qui permettait à son compère de comptoir de bénéficier d’un don spontané. Quelques mois plus tard, on retrouvait l’un des protagonistes roulé dans un carré de moquette tombé d’un pont avec deux balles dans le corps … La cour d’assises de la Gironde condamnera un membre influent du RPR girondin à dix ans de réclusion criminelle pour trafic de devises avec le Luxembourg et de complicité d’assassinat. En fait, on ne sut jamais vraiment d »où venaient ces fonds et surtout pour qui les voyages étaient effectués. J’ai aussi connu les lingots d’or cloués sur les chevrons d’une maison par son propriétaire après qu’il les ait acquis à… Andorre, ou ceux enveloppés dans du papier journal, posés sur le tableau de bord de la Mercédés, avec l’espoir que les douaniers ne se préoccuperaient pas d’un colis aussi évident. Les bagages de l’aller, garnis de rouleaux de billets avaient été allégés pour des achats plus sûrs. J’ai connu les ceintures magiques vers la Moldavie…où les investissements étaient plus aisés et tellement plus rentables ! Ce ne sont pas des racontars farfelus ou médisants, mais simplement des réalités dont j’ai été témoin.
Depuis plusieurs mois, c’est une certitude que les flux de migration de sommes sans papiers émigrent vers l’étranger ! C’est plus aisé que ce ne le fut au début des années 80, car désormais les contrôles sont très limités faute de personnel et surtout en l’absence de frontières matérialisées. La France, pays des Mousquetaires, avec leur fameux « Un pour tous, tous pour un ! » cultive toujours l’art de tricher avec les textes, les lois, les règlements, élaborés par ses élus, au nom de l’injustice individualisée ! Et voici que la procession des valisettes reprend de plus belle, comme ce fut aussi le cas avant la première guerre mondiale. Selon une note confidentielle des Douanes, les saisies de cash aux frontières auraient explosé de 518,6% ! Au 1er trimestre 2013, il dépasserait les 103 millions d’Euros, alors même que la lutte contre la fraude fiscale constitue le cheval de bataille du gouvernement socialiste. On atteindrait 400 millions fin 2013 à ce rythme !
Dans sa note, la Direction des Douanes observe également que ces mouvements de fonds se sont accélérés au dernier trimestre 2012 (six mois après le départ de qui vous savez!). Sur la période, 102 millions d’euros d’argent non déclaré avaient déjà été saisis, alors que sur l’ensemble de l’année 2011, les tentatives manquées de fuite de capitaux représentaient seulement 88 millions saisis. S’il fallait un repère fort du changement de politique fiscale, on l’aurait, car le pourcentage des « hauts revenus » dans ces tricheurs devrait être édifiant.
Ces transferts non déclarés, de montants supérieurs à 10.000 euros, seraient pour seulement 10% issus du trafic de… stupéfiants souvent avancé comme responsable de tous les maux de la société. Selon les contrevenants, ces mouvements de capitaux à destination de la Suisse et du Luxembourg seraient l’expression d’un certain « ras-le-bol face à la pression fiscale, » puisque les personnes arrêtées en possession d’argent non déclaré aux frontières invoqueraient en majorité cette motivation. Ils ne sont ni voleurs, ni tricheurs, ni traîtres. Non ce sont de pauvres victimes des socialistes !
Il est vrai que d’autres ont également mis leurs économies en lieu sûr en effaçant dans un élan de générosité la tricherie, la faute immorale de leur mentor UMP (11 millions, une babiole) en quelques semaines, le dégageant ainsi d’une amende personnelle méritée et indispensable. Quand un jeune vole un vélo, un scooter, un CD… son nom parait sans problème dans la presse. Attendons la liste des porteurs de valises et des complices de fraude avérée au fisc!
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QUATRE HEURES DU MATIN
Par un bel après-midi ensoleillé la fanfare claironnait.
À la commémoration des vieilles guerres, défilaient bien alignés, dressés pour tuer, les hommes de la horde, domptés.
Un chien noir muselé tendait juste ce qu’il faut sa laisse, marchant d’un pas mesuré en rythme avec le maître.
À la grande foire aux promotions, de l’autre coté de la rue, à contre sens de la horde, une femme courbée tirait péniblement un panier à roulettes. Un chien jaune minuscule accroché au panier arborait son manteau rouge en plastique vernis. Sautillant sans avancer vraiment, il tentait en vain de ne pas dépasser la vieille.
Il fit un bond terrible, suivit d’une toux roque, un aboiement sans doute, quand un chien gris crasseux, d’un coup, lui fourra la truffe dans le derrière.
À la gloire perdue le maître du gris vociférait, assis par terre un peu plus loin à coté de son vin de misère.
À l’amour de la peine et du travail bien fait, le banquier qui passait pris un air dégoûté.
Son chien blanc et aux longs poils rebondissait d’une patte sur l’autre, démarche sportive, allure élancée, l’air très occupé.
Il devait faire les comptes du costumé.
À la haine, qui court dans les rues de traverse, la horde des domptés, fanfare et drapeaux, n’attacha aucune importance.
Elle y aurait pourtant trouvé un vieux loup échappé, tout pelé, fatigué. Debout à ses cotés, repoussant du pied les rats d’égout, un homme fier se tenait là. C’était le chef de meute.
À la faveur de la nuit tombée il lâchera femelles et louveteaux.
Toutes et tous n’auront de cesse de dépouiller proprement mais sans discernement tous les chiens perdus des beaux quartiers.
Le dominant restera debout toute la nuit, offrant ripailles aux encanaillés de la rue de traverse, les délestant du superflu.
À la lumière blafarde du petit jour, toutes et tous, déchus, trompés, volés, blessés, affamés ou repus rejoindrons leurs tanières.
Et, juste avant que le banquier ait fini de voir pisser son blanc chien, juste avant qu’il n’ouvre l’officine, un grand vent de terreur soufflera.
À l’heure trouble, dans la jungle des fêtards attardés croisant les lève-tôt, furtif, invisible, gris jaune ou blanc, confondu dans la couleur des murs, vous croiserez un jour ce regard terrifiant.
Le regard du tigre !
À la course nocturne il préfère le matin blême.
Les proies qu’il choisit, cette nuit encore prédatrices, ont le ventre tendu de rapines et alourdies ne savent plus courir.
À la grâce que seuls les messieurs bien mis savent exprimer, il laisse passer poliment la vieille au panier qui revient, et entre dans la banque déposer sa chasse.
À l’amour de la patrie, ressortant de ses coffres, il sait ralentir son pas et marquer déférence au drapeau, laissé là hier soir par la horde.
À la fin, buvant un café, par deux fois ce jour là au hasard des rencontres, je me trouvais assis juste à coté du tigre.
Son regard m’a laissé, je le sais, une chance.
À la raison qui pousse les fous, les bannis, les errants de guerre en guerre à changer de pays, j’ai changé de quartier.
À l’apparence trompeuse je dois mon déménagement.
Le tigre, je l’ai appris plus tard, faisait collecte pour les veuves de guerres et leurs enfants.
À la fanfare revenue, chiens et loups, beaux quartiers et rues de traverse, tous ont poussé une petite larme quand il est parti.
Sauf le sourire dans ma mémoire, où brillent encore, redoutables, les crocs du tigre.
Un jour, vous me croirez ou pas, je l’ai revu. Ou plutôt son portrait. Immense et magnifique il trônait photographié à coté d’un président.
De la république, bien sûr.
À l’ignorance des chiens et aux rêves perdus des loups.
Bordeaux Actualités, Korber ….. toute une époque…
et on va continuer à entendre à longueur de télé ou de radio, que la France martyrise ses pauvres riches qui tels les huguenots persécutés sous Louis XIV vont placer leurs fortunes en lieu sûr où ils auront le beurre et l’argent du beurre : sauver leurs liasses par milliers sans contribuer à hauteur de ce qu’ils devraient dans une société civilisée.
Depardieu et tant d’autres sont condamnés à s’exiler en Belgique où on bichonne les riches et où on tape volontiers sur le commun des contribuables. Ils vont peut être un jour former une coalition de réaction contre le gouvernement français aidée par l’UMP pour lutter contre la confiscation bolchevique et l’horrible justice fiscale et rétablir leurs privilèges du bouclier fiscal.
Tous ces beaux messieurs (et belles dames) ne regardent pas à la dépense quand il s’agit de renflouer celui qui nous a floué grassement .
Il est vrai que ces sommes là sont en partie déductibles ( déduisibles, comme je l’ai lu un jour dans le courrier d’une banque …) des impôts et que c’est en partie le contribuable moyen qui fera les frais de l’affaire.
Bien manœuvré !