La déprime gagne du terrain en France. Elle constitue un fléau pour l’équilibre des comptes de la sécurité sociale car, par exemple, au mois de mai, le moral des ménages français a été ainsi au plus bas depuis la création de l’indicateur, en 1972, et n’avait atteint qu’une fois auparavant ces tréfonds, en juillet 2008, lors des prémices de la crise financière. Cette chute s’expliquait selon les spécialistes par une accumulation de mauvaises nouvelles : une inquiétude sur le chômage avec de mauvais chiffres depuis plusieurs mois, (…) sur le niveau de vie, ce à quoi s’ajoute une hausse des prélèvements. Et miracle, il y aurait eu un redressement productif au cours de l’été 2013, avec des causes plus ou moins connues. Immédiatement, les ordonnances médicales ont été raccourcies avec comme espoir de diminuer le trou de la Sécu ! ll se vendrait ainsi la bagatelle de… 65 millions d’antidépresseurs par an en France, ce qui place notre pays sur la plus haute place du podium mondial ! Pour les patients ayant des symptômes dépressifs légers à modérés, le bénéfice d’un traitement antidépresseur par rapport au placebo serait minime, voire inexistant. L’effet des traitements antidépresseurs augmenterait avec la sévérité de la dépression. Sachant cela, vous me demanderez pourquoi des millions de patients prennent encore des antidépresseurs pour des « dépressions » légères se manifestant par une légère tristesse passagère, sans aucun signe de gravité, malgré tous les effets indésirables que peuvent provoquer ces médicaments… On l’ignore vraiment, sauf à penser que les labos pharmaceutiques se gavent grâce à ce mal-être collectif spécifique au pays de Descartes.
Or brutalement vient de surgir « LA » solution, celle qui paraît idéale puisqu’elle relancerait une filière et sauverait la France des sanglots longs des violons de l’automne durant toute l’année. Elle permettrait de gagner un brin de croissance si on allait jusqu’à remplacer des millions d’euros de dépenses médicales par une mesure simple similaire à celle qu’avait initiée Pierre Mendés-France en période de surproduction de lait. A le rentrée des classes de 1954, il décide, pour lutter contre les maux qui rongent la société (dénutrition et alcoolisme) qu’un verre de lait serait distribué obligatoirement dans toutes les écoles. Qui s’en souvient ? « Buvez du lait ! », recommande-t-il, après avoir pris connaissance d’un étude catastrophique sur l’alcoolisme, pour être « studieux, solides, forts et vigoureux ». Un vaste programme qui ne résistera pas, à la rentrée suivante, à une réforme nouvelle : dans mes souvenirs, le verre de lait a disparu mais en revanche, j’ai en mémoire le fait que tous mes copains amenaient à la cantine une petite fiole de rouge ou de piquette pour le repas ! Imaginons un instant que pour lutter contre la dépression, Jean-marc Ayrault, sur la base des constats dramatiques sur l’état du pays, se lance dans un programme similaire. Il consulterait, c’est une certitude, le résultat d’un travail extrêmement sérieux effectué par des chercheurs espagnols qui eux-aussi recherchent un moyen de relancer l’optimisme ibérique traditionnel. Menée par l’université de Navarre en Espagne, l’étude a analysé, sept années durant, le rythme de vie de plus de 5500 hommes et femmes âgée de 55 à 80 ans. Aucun des participants ne souffrait ou n’avait souffert de troubles liés à l’alcoolisme ou à la dépression. Régulièrement, ils étaient soumis à des examens médicaux pour noter leur consommation d’alcool ou une éventuelle évolution de leur santé mentale. Alors qu’en est-il, et surtout, quel est le rôle du vin ?
Les résultats montrent que le risque de dépression a diminué de 32% chez les personnes qui buvaient entre deux et sept verres de vin par semaine, soit au maximum un verre de vin par jour. « Il semble qu’une consommation de vin modérée aurait un effet chimio-préventif chez les seniors, et que cela les empêche de céder à la dépression, comme cela les protège des maladies coronariennes », a déclaré le professeur Miguel A. Martinez-Gonzalez, auteur de cette étude. Le resvératrol (de la fa mille des polyphénols), que l’on trouve notamment dans le raisin, aurait des caractéristiques thérapeutiques et agirait ainsi sur le corps.
Des études précédentes ont montré que ce composant naturel présente des effets bénéfiques sur les malades du diabète et qu’il pourrait empêcher les pertes de mémoire chez les personnes souffrant d’Alzheimer. Mais face à la dépression, le vin n’est pas suffisant. Un régime alimentaire équilibré apporte tout autant de bénéfices. Le régime méditerranéen. Pour les plus de 55 ans, il semble préférable de manger des produits frais (fruits, légumes, poisson…). Selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) les personnes qui suivent un tel régime souffrent beaucoup moins de dépression que celles qui ne consomment que des produits transformés. Un bon repas équilibré et un verre de vin, il n’y a sans doute pas meilleur médicament. C’est donc officiel.
Giscard buvait de la « Salers », Mitterrand du Bourgogne, Chirac de la Corona et Sarkozy du Coca : le changement c’est maintenant ! Lors d’une conférence de presse prévue après le conseil des ministres, dans les prochains jours, le chevalier du muscadet, Jean-Marc Ayrault avec à ses côtés le brillant Stéphane Le Foll et la souriante Marisol Touraine, va annoncer qu’à l’instar de Pierre Mendès-France, il va rendre le verre de vin quotidien obligatoire dans les cantines, les restaurants d’entreprise ou dans les services de l’État.. Il entrera ainsi dans la postérité et surtout il permettra d’éponger les excédents français de vin… et surtout, il redressera les comptes de la sécu.
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