Ma dernière cérémonie d'hommage à la jeunesse créonnaise

Voici des extraits du discours prononcé lors de la cérémonie consacrée à la 19ème Rosière citoyenne (et dernière !) de mon mandat de Maire de Créon :

1098358_10201012050635999_1197670375_n » Le livre de la vie est le plus beau de tous les ouvrages que l’on puisse écrire. Chaque page contient un suspense particulier puisqu’on n’en connaît le contenu que quand on la tourne. Elle s’écrit minute après minute avec son lot de surprises, de drames et de joies et surtout une bonne dose de faits répétitifs qui parfois nous poussent à passer plus vite à la suite. Aujourd’hui, j’ai vraiment le sentiment de vivre un moment particulier de mon ouvrage personnel mais aussi celui que nous avons décidé d’écrire ensemble il y a déjà quelques décennies.Et jamais pour moi le constat de Lamartine n’aura autant de véracité.

« Le livre de la vie est le livre suprême.

Qu’on ne peut ni fermer, ni rouvrir à son choix

 Le passage attachant ne s’y lit pas deux fois

Mais le feuillet fatal se tourne de lui-même.

On voudrait revenir à la page où l’on aime.

Et la page où l’on meurt est déjà sous vos doigts. »

Comment ne pas penser, en ce jour si particulier de notre vie créonnaise à toutes ces pages officielles ou improvisées, écrites par mes soins ou par d’autres, qui portent la trace indélébile de notre histoire commune ?

Impossible de revenir sur leur contenu ?

Impossible d’en changer le scénario ? Impossible de modifier le dénouement.

Impossible de prévoir ce que seront finalement les autres tomes !

La seule certitude, c’est qu’aujourd’hui, personnellement et avec mes amis encore solidaires de l’équipe municipale, nous tournons une page pas tout à fait comme les autres du roman créonnais ayant pour héroïne l’éternelle jeunesse !

Celle qui depuis 1907 porte les espoirs d’une ville certes petite mais vaillante, respectueuse de la tradition voulue par Bertal, mais aussi soucieuse de s’adapter aux inévitables changements sociétaux.

Chères et chers amis, je ne découvre pas ces moments festifs tellement précieux que nous venons, une nouvelle fois d’animer, d’offrir, de vivre, de partager avec toutes celles et tous ceux qui ne considèrent pas que la vie de proximité est sans intérêt et que bien évidemment tout ce qui se fait ici et maintenant est sans intérêt ! Laissons les mariner dans leur haine, leur misanthropie sélective ou rester hypocondriaques ! Ayons seulement une pensée pour tous ceux qui ne peuvent plus vivre avec nous les Fêtes parce qu’ils sont disparus ou qu’ils n’en ont plus la force.

Depuis que je possède des souvenirs, j’ai en moi les fêtes de la Rosière vécues comme spectateur, comme consommateur, comme acteur, comme animateur, comme organisateur, comme décideur… Bref, sous toutes leurs facettes !

Je mesure donc parfaitement les efforts que représente la mise en œuvre de ces journées ouvertes à toutes les générations, ouvertes à tous les goûts, à tous les publics, à toutes les bourses, afin de permettre au plus grand nombre de sortir des sentiers battus et étriqués de l’égoïsme et du repli sur le terrible slogan « maison, gazon, télévision ! ».

Aujourd’hui, je tourne la page de plus de 30 ans passés, chaque été, au service d’une certaine idée de la vie locale et notamment une certaine idée de la jeunesse créonnaise : festive mais responsable, joyeuse mais lucide, libre mais  respectueuse.

Je voudrais souligner devant vous que cette journée institutionnelle est devenue le point final d’un été créonnais exceptionnel, marqué par le grand succès de la Piste sous les étoiles, manifestation créée il y a dix ans et qui est devenue désormais un rendez-vous vous phare de la Gironde verte.

Cette année, les 5 soirées auront rassemblé plus de 10 000 personnes !(…)

A Créon, tout n’est que le fruit d’une solidarité active, courageuse et motivée.

Et ce moment en est l’illustration.

Solidarité que vous nous témoignez en étant aussi nombreux aujourd’hui pour ce qui est exactement la 100ème cérémonie de couronnement d’une Rosière de Créon. Rappelons en effet que six années durant, la cérémonie n’a pas eu lieu dans une période noire de l’histoire.

Solidarité entre les générations puisque vous qui avez en commun le fait d’avoir été Rosier ou Rosière dans les épisodes antérieurs vous êtes là pour passer le flambeau du souvenir.

Solidarité entre jeunes aussi qui sont ici présents à nos côtés dans le cortège.

Solidarité des élus durant ces 18 années révolues de mandats municipaux autour de l’identité de notre ville bastide.

L’élection de Marie Lascourrèges, Rosière 2012, au titre convoité de Rosière citoyenne de France constitue pour nous élus, à cet égard, une vraie satisfaction.

Elle nous a permis de faire reconnaître par un jury indépendant les critères servant au choix de notre Rosière créonnaise qui reposent tous sur… la citoyenneté, vertu cardinale de la vie publique créonnaise et sur rien d’autre !  

Depuis des décennies, j’entends encore et toujours les mêmes rumeurs, les mêmes accusations, les mêmes fantasmes, les mêmes sarcasmes, les mêmes doléances, les mêmes idioties, prouvant ainsi la constance de la bêtise humaine dans son côté négatif.

J’ai toujours eu, en ce qui me concerne, une confiance aveugle dans les enfants et dans les jeunes.

Dans chacun d’eux,  il y a un trésor qui sommeille, parfois enfoui sous des tonnes de douleur non dites, sous des tonnes d’éducation manquée, sous des tonnes de préjugés débiles, sous des tonnes d’indifférence des adultes. Toutes et tous ont leur part de lumière ! Il suffit de la chercher pour finir par la mettre en évidence et éclairer leur avenir. Oublions tout le reste pour ne penser qu’à ça !

Je suis fier, très fier de constater que les autres villes de France attachées comme nous à la mise en valeur, sur cette base, d’une Rosière citoyenne, ont reconnu le bien-fondé de notre choix.

Marie mérite amplement ce titre et je vais lui remettre officiellement l’écharpe spécifique qui en atteste ! (…)

Solidarité et fraternité des mots réels pour nos fêtes.

On les retrouve dans nos choix 2013 !

Le Prix Bertal 2013 récompense cette année Estéban Compiègne, adolescent de Créon, pour son talent révélé par le concours de dessin organisé toujours avec calme et pondération par Sylvie Desmond.

Le jury, de manière parfaitement anonyme, a apprécié cette œuvre que je vais vous montrer et que je lui remettrai en fin de cérémonie.

Estéban va aller dans quelques jours en classe au Lycée Flora Tristan de Camblanes pour se lancer dans un bac pro de cuisinier, après toute une scolarité dans les écoles et le collège public de Créon où il laissera la trace d’un garçon sérieux et discret (…)

Bien évidemment, l’émotion m’envahit au moment de vous parler d’Aurélie Guyot car je ne pouvais, après avoir débuté mon titre de « maire-couronneur » de Rosière de façon magnifique avec Céline Brisseau, faire mieux que de le terminer en posant une dix-neuvième couronne sur la tête bien faite et bien pleine de cette jeune fille qui représentera désormais notre ville.

Aucun maire dans l’histoire créonnaise n’a eu, avant moi, le privilège, car ç’en est un, de décerner publiquement 19 titres de rosière.

Ce sera mon bonheur et ma fierté.

Je n’ai jamais manqué une seule cérémonie depuis 40 ans, mais jamais l’une d’entre elles ne m’aura autant touché. C’est déjà une bien belle page de ma vie publique qui s’écrit sous vos yeux.

Aurélie, tu as la grâce et la finesse des orchidées, ces fleurs que l’on pense fragiles alors qu’elles peuvent résister dans le temps si elles sont élevées, avec tendresse et passion comme tu l’as été par tes parents Cyrille et Christian.

Brillante dans tes études, élégante grâce à la pratique assidue de la danse, pugnace sur les terrains de handball avec cette superbe bande de copines des moins de 18 ans, tu as cette année, les plus belles récompenses avec un baccalauréat S  obtenu haut la main, un titre de championne de Gironde de hand et désormais une entrée dans la longue liste respectée des Rosières citoyennes  de Créon. Mais c’est du passé et je préfère déjà parler de ton avenir !

Tu veux devenir médecin… l’enjeu est de taille mais je suis certain que nous aurons la fierté de te voir le relever. Nous te savons en effet capable d’atteindre avec volonté, sérénité, tes objectifs. Et nous aurons la fierté, comme pour ton frère, d’avoir été de celles et ceux qui ont cru en ton intelligence, ton talent et tes qualités personnelles.

Tu vis avec les autres, pour les autres et surtout parmi les autres. C’est cet engagement qui t’a valu une majorité de points pour ton élection, ainsi que la présence réelle de tes parents, de ton talentueux frère Romain, artiste de l’art culinaire, dans la vie municipale et associative depuis bien longtemps. Ce sont ces références qui font une Rosière !  Aucune autre !(…)

Aurélie je vais donc avec une vraie émotion te couronner 107ème Rosière de Créon. Je suis certain que tu porteras haut et longtemps les rêves créonnais d’un monde meilleur, détaché du profit, pour devenir celui des femmes généreuses et dynamiques reconnues comme telles ! Cette couronne n’est qu’une part de notre affection, de notre estime et de notre amitié. (…..)

Encore quelques lignes et c’est promis je tourne la page !

Je voulais simplement vous dire que je vous aime toutes et tous pour le bonheur que vous m’avez apporté durant ces 19 cérémonies consécutives.

Durant près de 20 ans à la tête du Comité des fêtes, pendant 31 ans comme élu, vous m’avez gavé de moments heureux, d’anecdotes inoubliables, de sourires radieux, de joies simples mais irremplaçables, d’émotions intérieures aussi fortes qu’invisibles, de souvenirs ensoleillés.

Toutes ces paillettes tirées du flot sombre du quotidien m’ont fait oublier les trahisons, les déceptions, les mesquineries, la suffisance, la démesure ostentatoire des « je sais-tout créonnais » ou mieux,ces paillettes de bonheur me préparent aux trahisons qui s’annoncent.

J’ai mis toutes mes forces, toute ma passion, toute mon énergie, beaucoup de mon temps, ma force de conviction pour que notre fête de la Rosière continue à faire illustrer l’identité séculaire de notre ville bastide. J’ai bu beaucoup de rosé pour conserver le moral quand ça n’allait pas bien, et d’ailleurs même plus quand ça allait bien !

Je manque de talents par rapport à d’autres. Je le sais. Mais pas d’opiniâtreté !

Que les jeunes Créonnais aient toujours le visage radieux d’Aurélie, la sincérité de Marie, l’intelligente exubérante d’Antoine ou la sérénité d’Estéban.

Merci du fond du cœur aux 19 rosières qui m’ont témoigné leur affection et que j’aime autant les unes que les autres.

Un grand merci à ces dizaines de bénévoles qui ont partagé avec moi ma passion pour Créon.

Merci à vous d’avoir redonné à la Rosière sa vraie signification moderne, celle d’une fête de la citoyenneté, de la liberté, de l’égalité et surtout de la fraternité.

Vous me retrouverez, parmi vous, aux fêtes !

Soyez certains que même si le Maire de Créon que j’aurai été en contrat à durée déterminée, ne couronne plus de rosière, Jean-Marie aura toujours un immense plaisir de voir le futur maire et les conseillers municipaux garder le courage de ne pas céder au chant des sirènes d’une fausse modernité.

Il vaut mieux rêver sa vie que la vivre, encore que la vivre, ce soit encore la rêver. Pour moi, le rêve s’achève mais je vous avoue que, grâce à vous, grâce à ces moments, grâce à des jeunes comme Aurélie et Estéban, j’ai encore des réserves pour vivre !

Vive les Rosières et les rosiers !

Vive Créon !

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Cet article a 3 commentaires

  1. Eric Batistin

    Bon, et bien moi, là, devant mon écran, je pleure …
    Pourquoi? Et bien pour quelques raisons simples:
    d’une c’est beau et puis c’est tout,
    deux tout n’est que vérité, bien éloignée des promesses électorales, puisqu’il ne s’agit que d’un constat vérifiable,
    trois la république existe !

    Alors je pleure, de joie, surtout sur ceci:

    « J’ai toujours eu, en ce qui me concerne, une confiance aveugle dans les enfants et dans les jeunes.
    Dans chacun d’eux, il y a un trésor qui sommeille, parfois enfoui sous des tonnes de douleur non dites, sous des tonnes d’éducation manquée, sous des tonnes de préjugés débiles, sous des tonnes d’indifférence des adultes. Toutes et tous ont leur part de lumière ! Il suffit de la chercher pour finir par la mettre en évidence et éclairer leur avenir. Oublions tout le reste pour ne penser qu’à ça ! »

    Bon, que ceux que mes larmes amusent retournent chez eux,
    acheter ou vendre du rêve en boite !

  2. Odile Remy

    Les larmes d’un ami, qu’elles soient de joie ou de peine ne m’amusent pas, ne me laissent jamais indifférente…Les larmes de n’importe quel être humain me touchent, et cela sans sensiblerie aucune…

  3. GERMAIN - NOUAILLES

    Sophie, Marie, Aurélie, dans une trentaine d’années, vous serez présentes aux fêtes de la rosiere et vous verrez, qu’extraordinairement, votre coeur battra aussi fort que le jour ou votre couronne a été posée sur votre tete. Les premiers défilés se feront avec votre amoureux du moment puis, comme moi cette année, avec votre fils qui est attaché à cette tradition, parce que vous lui en parlerait avec tellement d’amour, que c’est lui qui vous dira  » Maman, je serais ton cavalier ». Pour tous les autres qui ne comprennent pas, alors tant pis pour eux. Ils auronts moins de bonheur…….

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