Sortir, aller respirer un autre air, se débarrasser de ses préjugés et vivre une autre réalité : ce sont les bienfaits des voyages durant l’été ou à une autre période d’ailleurs ! Bien évidemment, il faut savoir se retirer des sentiers battus et accepter de se remettre en cause pour prendre conscience que toute la France ne ressemble pas à la caricature que portent les grands gourous nationaux. En allant à Saint-Sauves en Auvergne, au pied de la chaîne du Sancy, pour l’une des rares fêtes qui subsistent dans notre pays autour de la valorisation de la citoyenneté féminine, il était possible de prendre un grand bol d’air rafraîchissant de simplicité, de dévouement, d’amour du « clocher » et surtout une extraordinaire envie de partager. Accueillir durant un week-end plus d’une centaine de délégués venus de tous les horizons philosophiques, politiques, religieux afin de leur faire goûter à ce que Paris ignore (voire méprise), une fête de village comme on en connaît de moins en moins. En cette saison où on ne vante que les grands festivals, les concerts des produits du show-business, les pseudos exploits des milliardaires aux pieds réputés agiles sur les stades, les crimes horribles de jeunes en déshérence… proposer à des milliers de personnes un authentique manège créole, un stand de pêche aux canards et un autre de tir sur ballons, relève de la gageure. Quand on ajoute que le véritable clou de la journée dominicale consistait dans le couronnement de la 100ème… Rosière de la commune, on a une idée véritable du décalage, de la fracture même, entre celles et ceux qui prétendent appartenir aux élites et ces gens qui croient en la simplicité de proximité, la seule qui soit authentique.
Des jeunes vaillants, mobilisés, coopératifs, solidaires dans l’action au service des autres, ça existe dans ces villages. Ils ne se prennent pas au sérieux, ils ne revendiquent rien d’autre que le droit à construire, ils bossent bénévolement pour donner une image souriante de leur environnement. Un atelier intergénérationnel qui réalise plus de 8 000 roses rouges et blanches pour le seul plaisir d’embellir les rues tristes du quotidien pour une journée exceptionnelle. Des dizaines de bras qui servent près de 900 repas en trois repas, sans une seule erreur et sans aucun énervement dans une queue qu’aucun salarié ou lycéen n’admettrait dans un restaurant collectif. Des musiciens exubérants qui inondent la foule de leur joie de se retrouver autour de chansons de peu de chose, qui se posent pourtant au creux des oreilles ! Ces bars hôtels restaurants, d’ordinaire tellement paisibles, où ce jour-là on guette le moindre siège vide pour savourer un expresso à… 1,20 € et où on sert un menu local pantagruélique à 20 € tout compris, sont au cœur de la vie sociale. L’orchestre distille en vrai (certains autres diraient ailleurs en live!) des javas, des pasos, des slows, des tangos, des valses et des madisons qui émoustillent les couples provisoires ou durables encore fringants. Les décibels du concert spécial jeunes ont débouché les oreilles des pensionnaires de l’Hôtel de la Poste, condamnés à revivre leur belle époque sur l’écran vraiment noir d’une nuit blanche, qu’internet n’avait pas prévue au moment de la réservation à tarif cassé ! Le matin, le silence n’en est que plus splendide. Les rues se reposent d’un effort inconnu le reste de l’année. Lentement on s’étire, on s’échauffe, on se chauffe et on se réchauffe finalement dans le bain commun de la fête qui monte peu à peu en température.
On oublie les femmes et les hommes dégoulinant de suffisance en fréquentant ces lieux où le plus important demeure depuis toujours de se faire voir afin que les raconteurs de balivernes puissent le faire savoir ! Ici on se fout pas mal de la télé qui vante les sauts prodigieux, les courses époustouflantes, les scores impressionnants puisque l’on se shoote à l’amitié devant le comptoir branlant d’une buvette où l’on pratique sans tristesse la mise en bière ! Le village, blotti au pied de son clocher élancé et surplombé d’une vierge aérienne, attend seulement un moment :celui où son inépuisable maire qui court comme un dératé pour régler les imprévus, plus nombreux que tout ce qu’avait envisagé l’organisation, va couronner la Rosière 2012. Il passe en bermuda, revient en costume cravate, repart en chemise… avant de se retrouver sur la scène face à un micro récalcitrant devant autant de spectateurs qu’il y a d’habitants dans sa commune.
Rosière ? Quelle idée de mettre en avant un titre aussi ringard, décrié par les féministes, abominés par la gauche qui s’y connaît en matière de vertu ? Les « aboiements » sont lointains, très lointains, et surtout ignorés de ces parangons de la morale que sont des gens déçus que l’on puisse encore récompenser la citoyenneté, le bénévolat, le souci des autres puisqu’eux ne parlent que de « casseurs », de « protestataires », de « profits », « d’égoïsmes », dissimulés sous la modernité. Qu’il est donc doux de ne rien faire et de regarder ce monde, pas forcément meilleur, mais indubitablement pas pire que celui qui sert de modèle à l’élite réputée détenir LA vérité, celle qui évite de douter ! La cure à Saint-Sauves à quelques encablures de La Bourboule, où l’on se refait un moral pour affronter la pression impitoyable de la vitesse, de l’argent et de la mode, devrait être remboursée par la sécurité sociale !
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Et la scène du couronnement avec un décor époustouflant, vallée de la haute-Dordogne et massif du Sancy, illuminée par un seul projecteur, mais quel projecteur ! Aucun plateau de télé, fût-il même à Paris-Nombril, n’égalera celui de Saint-Sauves en ce 18 août !
Félicitations à Marie pour son titre, je suppose que vous lui ferez la fête à Créon et bonne Rosière !
Merci Jean-Marie pour, unenouvelle fois, mettre en avant des valeurs aussi simples,
« La » valeur de cette jeunesse si souvent mise à l’index.
Oui les choses les plus simples sont souvent les plus fédératrices.
Bonnes fêtes à Créon le weekend prochain et amitiés à toute une région durement éprouvée il y a quelques semaines.
Eric Crouzet (63 Aubière)
Merci pour ce bel article qui reflète parfaitement ce que nous avons pu vivre ce week-end ainsi que ces quatre derniers mois pour la préparation de cette fête.
Anne-Charlotte et Fabien VIRASSAMY (parents de la 100 ème rosière)
le 21 08 2013
merci pour l article, vous avez bien vu la mobilisation de cette commune pour organiser
cette belle fête dont nous sommes fiers.Vous avez aussi bien décrit notre Maire comme
il est et je vous en remercie.
Ginette Brut
Bravo pour votre article et merci d’avoir su si bien décrire cette fête si chère au cœur des St Sauviens.