Durant votre sommeil n'essayez pas de décrocher la lune.

imagesLes faibles lucioles que nous appelons les étoiles, parsemant une voûte céleste débarrassée de notre lumière artificielle du progrès, deviennent toutes plus mystérieuses les unes que les autres quand on les visite dans le silence d’une nuit d’été, allongé sur la terre ferme. Aucun être humain ne peut prétendre connaître les secrets de ce voile scintillant qui nous est en définitive étranger. Les rêves n’ont aucune limite et se superposent depuis justement la nuit des temps. Chacun va chercher les origines de sa modeste vie au milieu des astres en pensant que de là-haut il pourrait y avoir des influences réputées planétaires fastes ou néfastes. Jusqu’à ce qu’Armstrong, dopé à la fierté US ait posé son pied sur la Lune, bien des gens avaient imaginé une balade vers cette face ronde et rieuse qui se montre durant des périodes déterminées. De Cyrano de Bergerac à Hergé en passant par Jules Vernes ou Méliés, les périples ont pris des tournures différentes mais avec un objectif identique : apprivoiser cet univers qui échappe à la raison. En effet, l’imagination des créateurs a galopé avant que la rigueur des scientifiques transforme leurs écrits enflammés en niaiseries pour amoureux transis.
Poèmes et chansons ont vanté les rayons de cet astre à part entière, allant jusqu’à le positionner au-dessus des amours tristes ou seulement avouables dans l’obscurité. Rien ne vaut un joli clair de lune découpant les paysages en ombres chinoises et donnant un relief particulier à toutes les rencontres confidentielles ou improvisées pour enchanter une soirée. Les formes, écrasées de chaleur ou pétrifiées par le froid, se libèrent grâce à un éclairage nouveau. Des fantômes peuplent les campagnes sous le regard amusé de cette bouille ronde qui domine la terre quand elle plonge dans le sommeil. Rien d’inquiétant cependant puisque l’aube viendra les chasser provisoirement d’un environnement qui redeviendra artificiel. « Madame la Lune », selon le texte de Charles Trenet ne croise jamais la route de « Monsieur Soleil », sauf le jour où l’un ou l’autre s’éclipse, et c’est d’ailleurs pour cette raison que la rencontre éblouit les fourmis que nous sommes. Faisant parfois la grasse matinée ou souvent pressée de prendre place sur son étole étoilée, joufflue et rousse, blanche et lointaine, sombre ou rieuse, voilée ou flamboyante, de miel ou rousse, nouvelle ou vieille, la préférée des Pierrot sensibles qui y dissimulent leur larmes, reste vraiment la reine des cieux. Il paraît même qu’elle influerait sur le cours de nos vies alors que nous la prenions pour une sainte Nitouche ! Elle pèse sur nos désirs, notre activité, nos amours et sur notre environnement.
On dit souvent que la pleine lune peut provoquer des insomnies, mais l’affirmation relève plus souvent de la discussion de comptoir, que d’une réelle théorie scientifique. Les choses pourraient changer, puisqu’une équipe de chercheurs en Suisse atteste qu’elle a bel et bien un effet sur notre sommeil. Menée auprès de trente « bon dormeurs » habitués à s’abandonner dans les bras accueillants de Morphée, l’étude a enregistré l’activité cérébrale, les mouvements oculaires et les sécrétions hormonales des volontaires. Et les résultats sont saisissants. « Nous-mêmes ne nous attendions pas à observer des effets d’une telle ampleur», reconnaît la spécialiste qui a dépouillé les résultats scientifiques de cette observation. La Lune a un impact sur notre endormissement : les dormeurs ont mis en moyenne 5 minutes de plus à aller au pays des rêves. La phase profonde de sommeil démontrerait également une diminution de 30% pendant la pleine lune. Enfin, par delà l’altération de la qualité du sommeil, sa durée serait aussi écourtée de 20 minutes par rapport aux autres jours. C’est la première fois qu’une telle étude démontre l’impact de la lune sur le sommeil de l’homme.
Pour les chercheurs, les résultats ne s’expliquent pas par l’effet gravitationnel de la Lune, mais peut-être par le suivi d’un « rythme lunaire », qui engendrerait des habitudes de sommeil. Ainsi, notre horloge interne suivrait un cycle « circa-lunaire » que nous ignorons mais qui nous accompagne à l’insu de notre plein gré. Voici que nous aurions découvert pourquoi, parfois, en classe nous étions véritablement dans la lune. En fait, et c’est scientifiquement prouvé nous pouvons nous y rendre sans être coupable de quoi que ce soit. Au contraire, il vaudrait mieux que nous effectuions plus souvent l’aller retour entre « l’astre » du rêve et la triste réalité de cette Terre qui se prend pour le centre de l’univers. Dans le fond, mieux vaut ne pas finir sa vie « con comme la lune »… et savoir que la nuit, c’est votre maîtresse !

Ce champ est nécessaire.

En savoir plus sur Roue Libre - Le blog de Jean-Marie Darmian

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

Cet article a 4 commentaires

  1. Eric Batistin

    « C’est une pièce en trois actes, où l’humanité définie par sa pudeur se doit d’accepter le monde tel qu’il est, et de consentir à la souffrance », c’est…
    « Jean de la Lune » !

    Nous sommes si petits, nous sommes si ridicules, dans nos entêtements, nos certitudes, nos outrages, nos fanfaronnades, quand tout à coup la nature, Mère nature, Pachamama, flamboie, toussote ou s’ébroue…

    Un soir, ce soir, où nous levons un peu la tête et relevons nos esprits vers la fin, la mort qui nous attend toutes et tous, dans ce monde de beauté où nous ne faisons que croître et enfin nourrir de nos chairs pourrissantes une nature inexorable, ce soir je peux en profiter pour avouer ici que je suis complètement fou !
    Mais je ne suis pas le seul …

    Loups garous en campagne, vieux fous hurlant leur solitude ou bébé ne trouvant pas le sommeil, sorcières affamées de bave de crapaud, chouette hululante, ou VIP en photo dans un avion sponsorisé du site Huffington post un soir de pleine lune, fous, nous sommes tous fous !

    Jamais je n’ai pu croire aux balivernes contées par mes parents, mes maitres et mes chefs, et ce pour une raison simple:
    il est impossible de compter les grains de sable de la cote Océane qui brillent de mille feux d’argent sur la grève les soirs de pleine Lune.
    Depuis ce jour, toute comptabilité humaine me semble totalement dénuée de sens, inutile, vouée à l’échec certain d’une multiplication, d’un dénombrement, même d’une fraction: en clair, clair de lune, comptabiliser n’est que le moyen de priver son esprit d’une vue d’ensemble !

    Ce qui est bien la preuve qu’il nous faut réinventer un monde sans compter.

    Hououuuuuuuuuuuuhouuuuuuuuuuuuu ou

  2. J.J.

    une équipe de chercheurs ?

    Peu de précisions sur ces chercheurs.
    Du point de vue strictement scientifique d’ailleurs, un panel de 30 cobayes est trop réduit pour pouvoir tirer des conclusions à prendre au sérieux.

    Un peu n’importe qui peut se dire chercheur( et comme disait Coluche, il me semble, c’est plutôt des trouveurs qu’il faudrait…. ).

    Il serait intéressant de connaître les compétences et références de ces dits chercheurs, car même parmi les gens sérieux il y en a qui se laissent emporter par le démon du sensationnel et de la célébrité : le professeur Benveniste, par exemple, quasi « nominé » pour le prix Nobel pour sa découverte du phénomène de la « mémoire de l’eau ».
    Cette théorie s’est avérée être une fumisterie après un contrôle à la procédure rigoureuse et zététique

    Pour moi cette affaire tient un peu du marronnier, pourtant malheureusement on ne manque pas de sujets d’actualité.

  3. J.J.

    Reste évidemment à l’évocation de la lune, toute une galerie de rêves, pour tous les goûts, depuis le Clair de lune de Verlaine et Fauré :

    …Au calme clair de lune triste et beau
    Qui fait rêver les oiseaux dans les arbres
    Et sangloter d’extases les jets d’eau….

    Jusqu’à
    ..la valse brune
    Des chevaliers de la lune
    Que la lumière importune
    Et qui recherchent un coin noir….

    sans oublier le célèbre

    Clair de lune à Maubeuge….

  4. morland

    « On pense mieux la nuit, la tête est moins pleine de bruits ».

    J’ai « fait mienne » cette citation de Victor Hugo, chaque soir, vers 23 heures, je m’en vais dans mon jardin et sous cette voûte céleste, je « médite », je prends de la distance avec tout ce qui n’est pas « moi » et les forces de la nature.

    Que ma vie soit simple ou joyeuse, dans ces moments, je sens rentrer dans mon être une quiétude réconfortante et apaisante, je me sens plus croyant que la plupart de ceux qui suivent une religion, car dans ces moments sous la nuit, je ressens une telle spiritualité, je la respire même ! J’ai foi « en quelque chose »…

    Bon, je m’arrête là, car je risquerais de passer pour un illuminé…

    Merci Jean-Marie pour votre texte plein de grâce.

    PS: Je ne sais pas si la lune m’a empêché de trouver le sommeil rapidement, par contre l’orage et ses « glaçons » tombant » sur la toiture de ma maison, ah ça OUI!!

Laisser un commentaire