La lettre incendiaire du petit Nicolas au père François

Et si finalement l’extraordinaire volonté de Nicolas Sarkozy de servir la France ne reposait pas davantage sur son souci de se préserver ? Il multiplie par « perroquets » interposés le théorème voulant que s’il est revenu dans le jeu politique, c’est uniquement pour sauver son pays mis en piteux état par son gouvernement, et qui serait maltraité par ces malotrus de socialos ! Déclarations après déclarations il va bientôt nous lancer son appel du 18 juin pour se constituer dans les contrées des cellules secrètes de résistants auxquels il délivrera, via les radios amies nationales, des messages secrets ou subliminaux. En fait, rien de tout ça : si Sarkozy et la droite se sont violemment accrochés au pouvoir, c’est exclusivement pour qu’on ne déterre pas les cadavres des affaires qu’ils avaient mises au congélateur ! On se retrouve dans la situation des armes enfouies dans les ablmes et que les grandes marées remontent un jour à la surface. Depuis 10 ans, de l’affaire Clearstream à celle de Karachi, en passant par la valse des millions de comptes de campagne, on ne cesse d’exhumer des « bombes » à retardement que l’on aurait patiemment déminées si l’UMP avait contrôlé encore 5 ans de plus le pouvoir. Leur fureur vient de cette incapacité qu’ils ont eu à tout planquer, à tout évacuer, à tout effacer… Soit ils étaient tellement certains de gagner qu’ils n’en ont pas pris la peine, soit ils ont commencé trop tard et il reste des traces compromettantes. Elles apparaitront tôt ou tard, car elles ne sont que dissimulées sous la plage lisse des certitudes.
Une preuve ? la voici. Le conseil constitutionnel de droite a tout tenté pour changer le résultat final de l’examen des comptes de qui vous savez. Avant de se prononcer, il a cherché toutes les pistes possibles. Il a même demandé, dans un courrier long et détaillé aux services de l’Élysée, de rechercher toutes les factures des déplacements de Guaino et de son maître, avec l’espoir que les montants seraient inférieurs aux sommes avancées. Une missive à laquelle le Président et son cabinet, afin de ne pas être accusé, de complicité ou de dissimulation, ont répondu. Ils ont donc transmis au Conseil constitutionnel toutes les sommes dépensées directement par les contribuables pour la campagne sarkoziste. Rien d’anormal, car c’est le contraire qui aurait été dramatique pour la démocratie. Les sommes corroboraient malheureusement pour le « martyr » victime d’un honteux complot celles que supputaient les sages !
Cette transmission de données parfaitement publiques, car liées à la comptabilité justement publique, a eu l’heur de mettre le prédécesseur élyséen dans une énième crise de fureur. Il a senti alors que le piège se refermait et qu’il aurait beau hurler, le conseil constitutionnel avec les preuves en mains aurait du mal à s’exonérer de la sentence amène qu’il a prise. Il a alors adressé une missive insultante et respirant la haine à François Hollande, le mettant directement en cause et préparant ainsi la thèse imaginaire du « complot ». Il agonise son cabinet, qu’il rend responsable de ses ennuis et mieux, il lui reproche d’avoir obéi aux ordres des sages. On en est presque à « de mon temps jamais je n’aurais accepté de collaborer avec l’instance suprême de mon pays » ! La transparence n’a jamais été le fort de Sarkozy ! Une lettre tellement véhémente qu’elle a choqué les fonctionnaires en poste qui n’ont fait que leur devoir ! Ils ont préparé une réponse la moins musclée possible à leur accusateur, et François Hollande y a mis encore une couche de pommade corrézienne… ce qui n’a rien changé au déchaînement UMP, largement préparé au verdict et ayant déjà mis en place l’idée de la souscription.
A partir du moment où les factures atteignaient un plafond record, il était difficile de penser que la clémence était possible, sauf à nier une évidence qui tôt ou tard aurait fini dans la presse, discréditant définitivement ceux qui doivent être au-dessus des « affaires ». Les cris d’orfraie, les appels au sauvetage de la démocratie en péril, les larmes de crocodiles et surtout le mur des lamentations ne résultent que d’un regret : ne pas être restés au pouvoir pour étouffer tout ça.. Avez-vous en effet pensé un seul instant que cette affaire aurait éclaté si l’Élysée avait été muselée par… l’auteur de la faute ? Pensez vous sincèrement que Karachi, les sondages, occuperaient tant soit peu les rédactions ?
S’il y a des journalistes qui veulent la preuve de ces affirmations, qu’ils questionnent l’Élysée et demandent copie de ces courriers révélateurs d’un véritable complot. Celui du silence qui a échappé aux « agneaux » de l’UMP !

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