Quand le "Front populiste" profite du naufrage du "Front populaire"

C’est une constante dans la vie politique : les élections partielles ne sont jamais favorables à la majorité en place ! J’ai en mémoire celles de 1978 après les sénatoriales qui avaient vu, sur le Créonnais, Pierre Garmendia être élu au 1er tour et six autres circonscriptions récupérées par le PS. En accueillant les nouveaux venus au Palais Bourbon, François Mitterrand, alors seulement Président… du groupe socialiste avait mis en garde ses collègues contre une éventuelle « euphorie » à 3 ans des Présidentielles. La déception inévitable après la période des promesses présidentielles conduit à un double effet défavorable constant : la montée de l’opposition et surtout la désaffection massive des soutiens acquis antérieurement. Ces réalités conduisent inévitablement au même résultat avec un renversement fort des majorités sur des territoires, ou à une réélection plus favorable des opposants déjà en place. La circonscription de Villeneuve sur Lot, dans des circonstances encore plus défavorables, a renforcé ces principes et vaut un échec cuisant au Parti Socialiste. Espérer une autre issue dans le contexte national actuel, plombé par le cas Cahuzac, relevait de la méthode Coué ou de l’utopie partisane ! Le maire UMP de Fumel est arrivé en tête avec 28,71% des voix, suivi du candidat du Front National avec 26,04% des suffrages. Bernard Barral a lui obtenu 23,69%, représentant seulement 10,35% des voix, un score insuffisant pour être qualifié au deuxième tour. Ce scénario inévitable débouche sur la situation qui risque d’être celle de bien des scrutins ultérieurs : l’UMP qui, pour battre le Front National, ne pourra le faire qu’avec le soutien des électrices et des électeurs de gauche qu’elle n’a cessé de dénigrer… Et c’est parti : comme dans chaque situation, on va demander à des républicains d’aller sauver le soldat UMP dont les « chefs » ne cessent de prôner la qualité des idées. On a un rapprochement par exemple sur le mariage pour tous, mais une rivalité impitoyable sur le pouvoir pour moi !
On ne reparlera pas des…17 candidatures sur ce territoire Lot et Garonnais, avec bien évidemment davantage de candidats anti-PS que de candidats susceptibles de favoriser son élection. Au premier tour, le « Front populiste », contre les choix gouvernementaux inaudibles par un pays en crise de citoyenneté, a triomphé. C’est une constante et ça devient préoccupant. Il regroupe un véritable arc-en-ciel politique qui reprend en boucle le principe traditionnel voulant qu’en politique, sur tous les sujets, il faille critiquer mais sans surtout avancer aucune solution. La campagne tourne alors autour d’un seul thème : tout ce qui a été fait est à l’opposé de ce qui avait été promis ! Ce Front populiste progressera de jour en jour.
Surtout après le résultat de la succession Cahuzac, dont le PS vient de payer l’addition. Dans la pire des situations, son candidat ne pouvait s’en sortir qu’avec un « Front populaire » lucide, exigeant mais solidaire. La Gauche présente au Parlement dépasse sur cette circonscription, en cumul, les scores individuels constatés de l’UMP et du FN dont on pouvait sans risques prévoir le score puisqu’il y a un an il avait déjà réalisé le meilleur pourcentage d’Aquitaine !
Toutes les analyses seront les mêmes, et avec les fameux « éléments de langage » qui vont être débités en série sur les ondes. Pour l’UMP au plan national, ce sera un « cinglant désaveu de Hollande ! » ; pour le FN : « un formidable encouragement à continuer pour éliminer PS et UMP » ; pour le Front de gauche : « avec plus de 5 %, son candidat démontre que la mobilisation est en marche ! ».
Pour ma part, j’y vois simplement un nouveau « naufrage républicain », l’un de ceux qui annoncent des moments très difficiles pour « LA » vraie politique. Le premier risque c’est que les femmes et les hommes qui comptent à Paris commencent à prendre les canots de sauvetage. Le second c’est que le gouvernement ne comprenne pas qu’il lui faut revenir aux fondamentaux que sont les valeurs dans une gestion. Le troisième risque, c’est que l’appareil actuel du pouvoir parisien ne parvienne pas à s’émanciper de la tutelle technocratique qui l’étouffe. Le quatrième c’est que, comme on ne vote plus pour une politique, mais pour une femme ou un homme politique, toute défaillance personnelle comdamne son propre camp.
Le résultat de la 3ème circonscription du Lot et Garonne témoigne avant tout d’une indifférence générale croissante à l’égard du « supermarché de la politique », avec ses produits « pourris », et plus que tout d’un dégoût vis à vis des propriétaires sans scrupules. En créant des réflexes de « consommateurs », les partis politiques se condamnent à ce que le choix porte davantage sur « les têtes de gondole » attractives et démagogiques que sur les « références solides ». A mon avis, le mal est tellement ancré qu’il sera impossible de l’éradiquer. Plus de non-cumul des mandats, plus de transparence du patrimoine, dépendance vis à vis des oukases bruxellois, cacophonie gouvernementale, absence de solidarité au sein de la majorité, déliquescence de l’opposition, omniprésence des affaires sarkozistes… Il n’y a pas une voie d’eau dans le navire républicain mais des dizaines ! Il va falloir se cramponner à la barre !

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Cet article a 5 commentaires

  1. J.J.

    Triste retour en arrière, où l’on se voit dans l’obligation de choisir entre la peste brun-marine et le noir choléra.

    Je pense que dans un telle alternative, on ne m’y reprendra plus à choisir le moins pire.

    On a l’impression qu’il se forme une espèce de « pensée unique » populaire, tendant à dire : on pourrait bien essayer le FN , ça ne peut pas être pire, au moins ils ont de la poigne ceux là !
    Il n’ont pas compris les malheureux que dans ce cas il n’y aura plus d’alternative.

    Certains reprochent au FN de ne pas avoir de programme. ERREUR ! Travail, famille, patrie, ça ne vous rappelle rien ?

  2. suzanne Marvin

    oui il va falloir se cramponner à la barre car le navire républicain pourrait se transformer en » radeau de la méduse »……….

  3. davidsudest

    Je suis bien content de ne plus voter aux élections politiques; j’ai décidé cela quand j’ai réalisé que quoique je fasse pour changer quelque chose au niveau individuel (pouvoir se former à un autre métier, pour moi) eh bien je me heurte à la lourdeur des institutions; alors j’ai compris l’illusion de notre démocratie; donc je ne veux pas donner de légitimité à ce système désuet, pourri à cette mascarade de la politique de formation en France. PLUS RIEN A FOUTRE DU NAVIRE REPUBLICAIN ET DE CE SYSTEME DEMOCRATIQUE ILLUSOIRE. Le politique de toute manière n’a plus de pouvoir face à l’économie.

  4. La défiance des Français envers leurs élus et dirigeants s’est accrue en 2010, montre le Baromètre de la confiance politique publié lundi par le Cevipof, centre de recherches politiques de Sciences Po. Au total, 83 % des Français considèrent que les responsables politiques se préoccupent peu ou pas du tout de ce que pensent les gens comme eux – c’est deux points de plus qu’en décembre 2009. Ils sont 39 % à déclarer que la politique leur inspire avant tout de la « méfiance » et 23 % du « dégoût ». Une défiance qui n’est pas synonyme d’indifférence puisque 58 % des Français déclarent s’intéresser beaucoup ou assez à la politique, un pourcentage en hausse de trois points en un an.

  5. «Ordre, contre-ordre, désordre», aiment à répéter les militaires. Ce qui se vérifie sur un champ de bataille se confirme dans le combat très brouillon que mène le gouvernement contre la déprime entrepreneuriale. Les «Poussins» en savent quelque chose, qui dans un court moment d’égarement, ont pensé avoir rallié le premier ministre à leur cause. Leur bataille contre la réforme du statut des auto-entrepreneurs que concocte la ministre de l’Artisanat, du Commerce et du Tourisme, Sylvia Pinel, enfle depuis plusieurs jours. Et, miracle, lors d’un déplacement en Ardèche à la veille du week-end, Jean-Marc Ayrault a semblé prendre leur parti. «Seuls les auto-entrepreneurs du secteur du bâtiment verront leur activité limitée dans le temps, et devront opter pour un statut d’entreprise classique si leur activité est viable au bout de deux ans», a audacieusement promis le Premier ministre.

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