Quand Lagarde a réussi à faire Tapie gagnant !

La commission d’enquête parlementaire diligentée par le groupe UDI de l’assemblée nationale va donc examiner dans les moindres détails la désormais fameuse affaire Cahuzac qui concerne une somme de 600 000 € partie chercher refuge au bord du Lac Léman. C’était nécessaire, et la tenue des débats aujourd’hui ne peut que réconcilier avec le rôle des élus nationaux dans le fonctionnement de la République. Sans se prendre pour des juges ou des investigateurs, ils jouent pleinement leur rôle en tentant de mettre à nu des dysfonctionnements de la démocratie. Il faudrait même davantage d’auditions de ce type avec une médiatisation accrue pour réconcilier la population avec la transparence républicaine. Le cas Cahuzac a davantage valeur de symbole désastreux moralement, mais de fait, réellement non lié au fonctionnement de la « machine » de l’État. Par contre, il est une affaire infiniment plus complexe et qui relève bel et bien de la « machination d’État », une œuvre tordue de bout en bout, bourrée de complicités, soigneusement montée et mettant en jeu des sommes folles : le cas Tapie ! Le premier relève de l’erreur individuelle non assumée alors que le second correspond à un mécano destiné à voler la Trésor public et donc tous les Français payant des impôts ! Bien sûr, ni Fillon, ni Sarkozy, ni Coppé n’étaient au courant… Rien su, rien vu, rien entendu et surtout rien dit !
Rappelons aux mémoires défaillantes (surtout à droite) qu’au printemps 2011, le procureur général de la Cour de cassation, Jean-Louis Nadal, magistrat hors-pair n’avait pas épargné Mme Lagarde, lors de la saisine de la Cour de justice de la République dont relèvent encore les Ministres en activité au moment de faits délictueux. Il lui reprochait d’avoir opté pour un arbitrage privé, alors qu’il s’agissait de deniers publics, d’avoir eu connaissance de la partialité de certains juges arbitres, d’avoir fait modifier le protocole initial pour y intégrer la notion de préjudice moral – ce qui avait permis aux époux Tapie de toucher la bagatelle de 45 millions d’euros – et surtout d’avoir renoncé à exercer un recours contre cet arbitrage suspect. Ministre de l’économie de 2007 jusqu’à sa nomination, en 2011 au FMI, « l’ ex-patronne » de Bercy est convoquée devant la Cour de justice pour tenter d’expliquer le recours à un tribunal arbitral qui octroya 285 millions d’euros à Bernard Tapie. Cette somme a finalement atteint 400 millions d’euros avec les intérêts. Mme Lagarde est visée par une enquête pour « complicité de faux et de détournement de fonds publics » … Une bagatelle que celle qui détruit les États, affame des populations et qui renforce sans cesse le monde du profit aura du mal à assumer. Le FMI pourra-t-il maintenir à sa tête une personnalité française… qui aura, c’est certain, le courage de démissionner à la demande de son parti politique ou des ses ex-amis du gouvernement Fillon !
La commission des requêtes de la Cour de justice de la République, en août 2011, avait en effet elle-même évoqué un processus comportant « de nombreuses anomalies et irrégularités ». Elle relevait également que Christine Lagarde avait retenu l’option d’un arbitrage malgré « l’opposition manifestée à plusieurs reprises » par le directeur général de l’Agence des participations de l’État, tout de même concerné par ce règlement d’un litige privé ! Il n’avait d’ailleurs pas mâché ses mots, donnant une idée exacte des avantages exorbitants consentis à celui qui adorait Nicolas Sarkozy ! Dans une note du 1er août 2007 à l’attention de sa ministre dévouée au bien public, il lui avait fortement déconseillé de s’engager dans la voie d’un arbitrage, qui « pourrait être considéré comme une forme de concession inconditionnelle et sans contrepartie faite à la partie adverse ». Oups ! Pourvu que l’Élysée n’ait pas été au courant… sinon, voici encore le roi des ventes de tableaux, Claude Guéant, devant la justice républicaine et Henri Guaino contraint de refuser d’aller devant la police ! Il faut souligner pourtant que trois juges d’instruction conduisent une information judiciaire sur le volet non ministériel de l’affaire, pour « usage abusif des pouvoirs sociaux et recel de ce délit ».
Tous les spécialistes compétents savent que le dossier, lourd, précis, incontournable, est bien mal engagé pour l’ensemble des protagonistes de ce qui deviendra tôt ou tard une véritable « affaire d’État », infiniment supérieure à celle de Cahuzac, mais on verra à l’arrivée si l’opinion publique est aussi sévère pour un mensonge collectif nié que pour un mensonge individuel avoué ! Le problème, car il y en a un…c’est que Tapie a acheté entre temps, avec ses 400 millions, des journaux, et qu’il va se hâter de dépenser son trésor de guerre, obtenu par ralliement au sarkozisme perdant, dans d’autres médias… dans les prochains mois. Il est certain que tous rendront compte à la une du contenu des travaux de la Cour de Justice de la république… et qu’ils lanceront leurs limiers sur la trace des malversations avec la même pugnacité que pour d’autres !

Ce champ est nécessaire.

En savoir plus sur Roue Libre - Le blog de Jean-Marie Darmian

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

Cette publication a un commentaire

  1. batistin

    Citation :
    « En organisant la séparation des pouvoirs, la république a oublié deux pouvoirs:
    Le pouvoir médiatique et le pouvoir économique. Ceux si ont pu s’allier à l’exécutif
    et de fait peuvent contrôler les pouvoirs législatifs et judiciaires… »

    Lien:
    http://www.trazibule.fr/separation.php

Laisser un commentaire