Colmater les brèches dans la coque avant de changer de cap !

La majorité présidentielle actuelle peut tout tenter, tout faire, tout proposer, elle n’arrivera pas à persuader, j’en ai bien peur, l’opinion dominante qui se contente de dire de la superficialité de la vie sociale qu’elle porte le changement. La cause est perdue puisque même les militants des partis qui la composent ont, pour une partie d’entre eux, décidé de tourner le dos aux mesures prises ou annoncées. « Insuffisant », « peut mieux faire », « médiocre », « inefficace »… ces qualificatifs sortent régulièrement de la bouche de celles et ceux qui ont en charge le rôle de citoyens éclairés et pédagogues.
Quel que soit le curseur du label « socialiste », rien de nouveau au sein d’un parti encore traversé par les querelles de « clans » et les ambitions personnelles calculées : on n’accepte pas les arguments raisonnables, et plus encore le fait que de longues années d’hémorragie libérale pouvaient être effacées par des décisions rapides et surtout efficaces. Si l’on réfléchit un seul instant, on ne peut pas imaginer que le gouvernement passe à côté des réformes qui le rendraient populaire par la résorption des difficultés actuelles. Quel intérêt réel à s’entêter à ne pas satisfaire celles et ceux qui lui ont fait confiance ? En fait, la très grande majorité des militants et donc de la population ne veut absolument pas accepter la vérité. L’opinion publique s’auto-persuade que les « socialistes » trahissent leurs promesses sans aucune référence aux dégâts effectués par la politique sarkoziste, inféodée aux idéaux de la résurrection par le profit. Cette absence totale d’analyse globale constitue un terreau extraordinairement fertile pour les plantes néfastes des extrémismes caricaturaux.
Etre prudent, rigoureux, objectif, lucide, devient même parfois dangereux car cela conduit à être rejeté et taxé de traitrise ou, au mieux, de complicité avec le monde qui doit être combattu. Le « réformisme » contraint par la réalité de l’état du pays, laissé en lambeaux par l’UMP, ne recueille plus aucun écho… car il est réputé corrompu par le laxisme, la couardise, la mollesse, alors que le courage c’est justement de ne pas gouverner de manière théorique et irréelle. En fait, lentement, on remplit la « piscine à voix » de Marine Le Pen avec des prises de position quotidiennes, répétitives, sommaires auxquelles les réponses sont devenues inaudibles. Et c’est à tous les niveaux de la République. Expliquez donc à des associations, à des élus locaux, que le Conseil général est dans l’impossibilité, faute de ressources suffisantes, de soutenir leur action.
Incapable de rayer de la carte territoriale les conseils généraux, le gouvernement Fillon avait décidé de les étrangler financièrement et de les réduire à une vocation strictement de centre social. La suppression de la taxe professionnelle et une nouvelle répartition des taxes locales n’avaient d’autre but que l’asphyxie progressive, prévue pour après les présidentielles. Qui se souvient que c’est le gouvernement actuel qui a rejeté le projet de « conseiller territorial » étape décisive programmée par l’UMP ? On va s’acharner sur le pouvoir départemental en lui reprochant de ne plus être capable de satisfaire toutes les demandes et de se consacrer à une priorité : « la cohésion sociale et territoriale » ! Quoi que fasse le gouvernement, quelles que soient les décisions prises en 2013, ses décisions n’auront aucun effet réel sur le contexte actuel avant… 2015. Et il en est ainsi dans tous les domaines. Même « maître du temps », François Hollande ne résoudra jamais les « paradis fiscaux », la « fraude fiscale », « l’échec scolaire », « la baisse du pouvoir d’achat », « l’insécurité sociale », « le déficit lié aux dettes antérieures »… en quelques mois. Il n’est même pas certain qu’il puisse le faire en 5 ans !
Il ne peut qu’espérer colmater tous les trous dans la coque du « paquebot » France, avant de tenter de lui donner un nouveau cap. Peu spectaculaire, ce boulot de « chaudronnier » dans les cales, et l’eau froide de l’indifférence, nécessitent un minimum de soutien de la part de celles et ceux qui ont affrété le navire. C’est long et ingrat, mais c’est indispensable. Pas certain que ce soit compris et admis !
Dans l’histoire de la république, la Gauche a souvent perdu le pouvoir après avoir effectué le sale boulot de remise à flots d’un pays saccagé par une droite orgueilleuse et méprisante, qui n’a de cesse que de contester la légitimité du suffrage universel quand il contrarie les intérêts de ses castes ou de ses corporations. Où en serait la France si François Hollande n’avait pas été élu ?

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Cet article a 2 commentaires

  1. batistin

    Talonneur, numéro deux sur le maillot, au rugby, est aussi un métier à fond de cale .
    Les deux bras prix tenant les épaules des piliers, numéro 1 et 2, la tête dans la mêlée, travail de fond, souvent au sol, travail de force, courir , tomber dans la boue, se relever, recommencer, la gloire au finisseur, bien souvent ailier droit ou gauche, course effrénée, applaudissements, cris de joie, recommencer…
    Mais au moins,dans l’allégorie du navire à sauver ou celle d’un match à gagner, existe une vérité tangible, compréhensible par toutes et tous.
    Quelque chose de simplement humain.
    Nous savons toutes et tous que dans chaque réussite certains auront la gloire, d’autres le plaisir secret d’y avoir participé.
    Tenez, il me vient aussi une autre idée, un autre exemple à la portée de nos consciences, celui de nos douces mères ayant toute leur vie travaillé dans l’ombre pour la gloire de nos pères…
    Toutes les erreurs passées, toutes les fautes de famille, toute l’opprobre et la honte réduites à néant par la fierté sans faille affichée sous les huées, nos mamans croyaient en nous, et en notre avenir, elles ont eu raison. Je l’espère tant.

    Tout ceci est en nos consciences, et toutes et tous avons pour notre pays, pour nous même, un espoir raisonnable.
    A condition de croire encore que les décisions annoncées soient utiles à quelque chose!

    Une seule décision, celle-là pas annoncée du tout, vu que personne ne la comprendrai, a pourtant à elle seule le pouvoir le plus absolu sur l’avenir de tous.
    La décision Bâle III …

    C’est quoi donc que ce truc ? Et bien, c’est et sera dans les années à venir la seule décision effectivement mise en application.

    Nous n’avons rien de plus humain à attendre que ceci, le Bâle III, embarqués de force sur un navire de fortune.
    La bonne fortune bien grasse de ceux qui nous affament.
    Tout le reste ne sert qu’à amuser la galerie .

    Voyez ici le Bâle III
    http://lecercle.lesechos.fr/entreprises-marches/finance-marches/finances/221170248/bale-iii-changement-c-est-maintenant

  2. J.J.

    Qui se souvient par exemple que c’est à l’initiative du gouvernement de Lionel Jospin qu’a été abolie la « vignette »(instituée sous Ramadier !!!), qui avait alimenté le moulin à sornettes des râleurs professionnels ?

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