Hollande prend son temps pour convaincre qu'il n'en a déjà plus !

François Hollande a tenté d’infléchir un positionnement dans l’opinion politique modelée par les médias, en jouant la carte du face à face avec une grande part des artisans de cette déconfiture. Le jeu de la conférence de presse, debout face à une salle dans laquelle se trouvent celles et ceux qui, quoiqu’il dise, ne retiendront que l’écume des mots les plus discutables, est dangereux. Le verdict est intangible : la droite reviendra sans cesse sur sa prétendue mollesse et le Front heureusement encore qualifié de gauche sur son incapacité à prendre de vraies mesures réputées salvatrices pour les couches populaires. C’est la rançon de ce type d’exercice qui vise à convaincre que l’on est véritablement dans une position de capitaine à la barre en pleine tempête. Le vrai problème, c’est que la durée de l’exercice ne permet de conserver que les fans au moment de quitter la scène. Il reste aussi à vérifier si les poseurs de questions, comme à l’assemblée lors de la pantomime du mercredi après-midi, n’espèrent pas devenir plus célèbres que celui auquel ils les posent. Il faut s’interroger sur une volonté de faire de la pub à son titre ou à son support médiatique en l’énonçant devant les caméras. Peu importe dans le fond la réponse pourvu que l’on ait l’ivresse du questionnement public ! Le seul avantage de la « conférence de presse », c’est que le message est perçu au même moment, dans le même contexte, à égalité, par chaque personne chargée de le rapporter. Il est donc intéressant de constater ce qui en est retenu, oublié, valorisé ou dénoncé… pour juger de l’état de la presse française.
La population de retiendra donc pour sa part que quelques mots répétés volontairement et il ne faut surtout pas espérer que les explications entrent dans des esprits se contentant de l’information pré-mâchée du soir ou du lendemain en se rasant ou en se maquillant. Hollande avait été préparé à cet exercice consistant à pratiquer la fausse pédagogie de la répétition. Le mot du jour était « offensive ». Dans la situation de celui qui n’a plus rien à perdre en terme d’image, il a renoncé à se complaire dans la défensive. Acculé dans les cordes, groggy, saignant de partout en raison des coups incessants de ses ex-amis devenus adversaires et des ses adversaires habituels devenus ses amis supposés, il a tenté de démontrer qu’il était debout et toujours convaincu qu’il arriverait à la victoire. Les titres de demain seront pour les uns « Hollande offensif ! » ou « Hollande passe à l’offensive » ou « Hollande joue l’offensive » et pour les autres « Hollande : le pétard mouillé ! » ou « Hollande rate son offensive ! » ou encore « Hollande loin du but ! » et l’opinion dominante, recroquevillée sur une « mauvaise impression » entretenue par les analystes professionnels, restera en l’état. Un remarque sur sa cravate « encore » de travers suffira à effacer près de trois heures de pédagogie active. A l’aise dans le verbe, Hollande devient mal à l’aise dans l’action et c’est ce qui dérange dans cette conférence très classique et plus encore très lisse.
L’ennemi mortel du chef de l’État c’est la société de l’instantanéité et le raccourcissement inexorable du temps. Il y a un nombre de plus en plus élevé de gens qui veulent des réponses immédiates à un problème, à une demande, à une exigence. La société ne reconnaît absolument pas la formule « mitterrandienne » voulant qu’il faille « laisser du temps au temps ». C’est ce qui cause le plus grand contraste avec le sarkozisme qui justement prétendait toujours agir selon le principe « action-réaction », quitte à créer de toutes pièces l’incident permettant de toujours être celui qui réagit le plus vite possible ! Hollande multiplie les mesures de reconstruction d’un nouveau « bâtiment commun », mais il n’est pas certain qu’il puisse le livrer dans les délais exigés par ceux qui attendent devant la porte, souvent en grelottant d’angoisse ou de froid social. Quand il s’inscrit dans la durée (2 h 40 pour expliquer les facettes d’une politique) les gens ne souhaitent que le voir achever l’ouvrage en quelques minutes. Cette opposition ne s’estompe pas aisément, surtout que les « arbitres » passent leur temps à hacher le jeu en sifflant la moindre faute et surtout à ne jamais laisser l’avantage !
L’offensive méritera d’être maintenue… avec vigueur, avec ardeur et surtout solidairement pour gagner et surtout pour ne pas perdre ! Et pour cela, il faut vite trouver une équipe alliant les vedettes intermittentes du spectacle avec des laborieux infatigables, rompus aux combats sur les terrains boueux. On appelle ça un remaniement… en politique, et un recrutement judicieux en sport.

Ce champ est nécessaire.

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Cet article a 3 commentaires

  1. batistin

    Oui, comme le dit Pierre Rabhi, faire son potager est un acte politique.
    Mais les carottes ça ne pousse pas assez vite pour la télévision.
    Sauf dans un documentaire de la BBC où l’on prend toujours son temps pour faire défiler la pellicule pendant que les autres s’agitent.

    Au fond, il y a-t-il vraiment quelqu’un aujourd’hui pour croire encore a la réalité du show où les nantis se livrent en pugilat ?
    Est-ce donc si grave, cette intervention télévisée, cravate en berne, mots choisis, sinon pour le plaisir savant que nous avons à voir notre chef en difficulté quelques longues minutes… ?
    Ce que je veux dire c’est ceci:
    Je me souviens avec quel malin plaisir nous voyions notre capitaine de bateau de pêche s’emberlificoter les pinceaux devant un petit jeune tout frais moulu des Affaires Maritimes. Quand ce jeune gradé demandait par radio à deux heures du matin, par une nuit noire, le numéro de la bouée que nous venions de croiser en sortie du port de Royan.
    Qu’est-ce qu’il s’en fout, notre patron de pêche du numéro de la bouée !
    Il connait la route à faire depuis plus de quarante années, alors le numéro…!
    Nous, nous savions pouvoir avoir confiance en chaque geste, en chaque décision du capitaine, mais qu’est-ce fut amusant de le voir en peine ce jour là!

    Alors, oui, monsieur le Président de la République est un tantinet ridicule et mal à l’aise, ça fait rire gentiment, ça le rend plus proche de nous, plus humain, plus accessible.
    Quel père de famille, qui aura mis trois ans à construire un abri de jardin, en économisant sou après sou, quel chef d’entreprise qui aura mis de longs mois à se faire un carnet d’adresses, quelle mère de famille qui aura vu grandir pas à pas ses enfants, devoirs du soir après devoirs du soir, qui, mais qui donc d’un peu sensé oserait vraiment croire à la disparition spontanée du temps nécessaire à la réalisation de toute chose ?

    Personne, messieurs les journaleux, c’est le bon sens populaire qui vous le dit !
    Continuer donc à faire votre travail d’amuseurs publics, chaque soir renouvelé, un guerre en chassant une autre, une bonne nouvelle vite oubliée, un accident spectaculaire…
    Que ne feriez-vous pour nous amuser, et vendre votre audimat à la publicité.
    Courrez, courrez, les carottes poussent, demain seront en fleur, après demain cuites, et mangées par nous.

    Rien ne nous fait moins envie que de manger, comme vous, sur le pouce.
    Rien ne pourra plus vous sauver du ridicule, vous en avez fait votre métier: vous êtes des amuseurs. Merci !

  2. baillet gilles

    Le Hollandisme c’est super: âge légal de départ à la retraite à 65 ans (62 ans actuellement et 67 ans pour la retraite à taux plein) et 43 ans de cotisation… Vive la retraite pour les morts… Il paraît que l’on vit plus longtemps donc on peut travailler plus longtemps (Emmanuelli ancienne gauche du PS) mais les individus restent en bonne santé jusqu’à 62 ans… Le raison de tout ça c’est de ne pas nous payer les retraites. Un point c’est tout. Merci le Hollandisme qui n’est très original et n’a en tout cas rien à voir avec le socialisme.

  3. Laurent

    2 hrs 40 de discourt et en pleine journée, au moins aurait’il put avoir l’idée d’acordé une pause rémunéré pour l’écouté. J’ai écouté mais le message est soit mal passé pour moi ou alors il ni avais que du blabla qui ne m’a pas atteind. Concernant ça cravate, je vous avais déja fait la remarque sur Facebook et je suis toujours disponible pour travaillé pour son noeu (de cravate) ça éviteras que les gens ne pense cas se détail quand il le regarde. 😉

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