Il y a dans les hautes sphères de la politique des prises de position plus commentées et donc plus connues que d’autres. Les médias font souvent des tris spéciaux d’une indulgence énigmatique, alors qu’elles sont de véritables traces d’évolution profonde de la vie collective. Cette propension à éluder tout ce qui peut nuire à la tendance dominante de l’opinion creuse la tombe de la démocratie, car elle ne met pas en perspective les dangers qui la menacent. Ainsi, au moment où les loups dévastateurs pour l’image du pays de la liberté mais de la responsabilité, de l’égalité mais du respect, de la fraternité mais de la diversité, entraient dans Paris, un Député UMP se laissait aller à son penchant naturel pour des idées profondément nauséabondes. Peu de commentaires ce matin sur les radios qui comptent… On se contentait de diffuser en boucle les propos de ses collègues, « outrés » par la faiblesse du service d’ordre présent à une manifestation parisienne comme les autres ! Or le député-maire UMP de Six-Fours, dans le Var, Jean-Sébastien Vialatte, s’est fendu d’un tweet dans lequel il établissait un parallèle entre les descendants d’esclaves et les casseurs. « Les casseurs sont sûrement des descendants d’esclaves, ils ont des excuses. « Taubira va leur donner une compensation ». Il faut le prendre pour un jaillissement intellectuel au second degré ! Si on vous le dit !
Un exemple d’humour varois totalement méconnu, car ne vous y trompez pas, pour une part des médias, ils s’agit d’une forme « d’ironie ! » (sic) sans grande conséquence . Et ce n’est pas la peine, vraiment pas la peine d’en faire tout un plat. Cet élu a simplement une aptitude particulière à la galéjade ! Il y a pourtant deux références dans cet envoi qui peuvent faire dresser les cheveux sur la tête de tout vrai républicain (mais les éditorialistes ou les grandes gueules qui ne sont pas toutes sur RMC, savent-elles ce que signifie « esclave » associé à « Taubira »… Rien de choquant disent les uns et rien de bien grave affirment les autres. D’ailleurs, l’UMP ne réprimandera même pas cet humoriste de talent, au risque de perdre un député de plus dans ce contexte où ce n’est pas le moment d’amputer les recettes d’un parti en ruines et prêt à mettre la clé sous la porte, si les comptes approximatifs de la campagne de l’ex-titulaire de Bercy s’effondrent ! Même Collard a compris que ce parlementaire avait franchi les limites et qu’il allait finir, en terme de petites phrases, par le concurrencer : « Vialatte qui prend les casseurs pour des descendants d’esclaves, est lui-même esclave de sa propre connerie ! » Comment le critiquer, sauf à dire que ce n’est pas nécessairement de la « connerie », mais plus sûrement l’expression construite d’une pensée profonde et réelle. Il n’y a aucun humour là-dessous, mais la vérité de la déliquescence de l’UMP, incapable de se dépêtrer de la campagne en simili-front national du duo Buisson ardent et Sarkozy agité !
Dans la suite de cette propension à jongler avec les blagues, on trouve le cul-béni de Boutin. Une femme charitable, affable, tolérante, chrétienne dans l’âme pour les autres femmes et qui, sans doute, n’est pour rien dans la stratégie de droitisation intégriste des contestations du « mariage pour tous ». Elle y est allée de son tweet bourré d’indulgence et lui-aussi humoristique à s’en évanouir ! Dans un micro-texte pour le moins ambigu, la présidente du Parti chrétien-démocrate (oui…oui je confirme : Chrétien et démocrate) , a réagi à la double mastectomie d’Angelina Jolie en faisant une plaisanterie d’un goût douteux : « Pour ressembler aux hommes ? Rire ! Si ce n’était triste à pleurer », a ironisé celle qui espérait aller jouer les casseurs sur les Champs Élysées face aux forces de police illégitimes de Manuel Valls !. Elle répondait à un article paru sur internet et annoncé par ce tweet : « Angelina Jolie annonce avoir subi une ablation des seins : un message d’espoir pour les femmes. » Il y a deux hypothèses : ou elle est vraiment inspirée par le seigneur, ou elle ne sait pas ce que suppose une mastectomie, qu’elle confond avec d’autres actions terminant elles aussi en «.. : mie ». Christine Boutin va encore parader au milieu de celles qui défendent la « Femme » pure, saine, productive qui ne rêve que de se blottir dans les bras musclé d’un mâle compatissant !
On ne peut pas terminer cette revue de détails de l’histoire sans parler des arrivées subliminales de versements sur le compte d’un ex-haut fonctionnaire passé en politique pour faire respecter la rigueur, la morale, la répression et plus encore une moralité irréprochable. Par bonheur, la réussite splendide des pétrodollars qataris a dilué cette nouvelle avancée vers la piste de Kadhafi ! Tout le monde a pu le constater, ce collectionneur d’œuvres d’art est doté d’un humour ravageur. Il est fort dommage qu’il n’exprime pas son talent d’Auguste triste par des tweets aussi drôles que ceux de ses amis d’antan….
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Et si tout cela était vrai ? Mais quoi donc me direz-vous ?
Et bien que tout est possible, que le pire des complots se joue sans fin, en lieu et place d’une joute politique démocratique ?
Après tout, les grands de ce monde, dépositaires de tous les pouvoirs qu’offrent la célébrité, la médiatisation de ses propos, les emplois clés de la république, et l’argent à profusion , oui tous les grands et les grandes ne fonctionnent que comme le dernier des quidams.
« Aussi grand que l’on soit on est assis sur son cul »…
Fort de cette réflexion, je prends pour exemple la vie des quidams de quartier:
Un mec achète un bar dans un quartier chaud ou à la mode et se trouve en bute à la « mafia » locale. Une bande de fainéants institutionnels qui ont pour habitude de racketter gentiment tous les nouveaux commerçants.
Une sorte de chose admise, comme quoi il est plus facile de ne pas faire payer les consommations à une certaine bande, plutôt que de les contrer.
Mais, notre nouveau quidam patron veut changer tout ça, il n’offrira rien et se fera respecter !
La réaction ne se fait pas attendre, chaque f^te, chaque soirée qu’il tentera d’organiser dans son bar finira en bagarre générale.
Alors, ou il fait faillite, ou il offre les consommations.
Est-ce donc si idiot de reprendre ce mode de fonctionnement quand il s’agit de « grands personnages » ?
Non quand l’on sait les méthodes de voyous qu’emploient les ultras libéraux, et ce qui nous reste en partage:
Liberté d’obéir
Egalité en taux d’intérêts
Fraternité de cour de prison
Pour parler clair, pour pourquoi, ou plutôt comment maintenant, comment ne pas penser que les évènements suite au match de foot parisien ne sont pas commandités par une bande d’affreux.
Les mots me manquent, une sourde colère qui monte en moi, puisque ce que je dis ici, tout le monde le sait.
Les Renseignements Généraux aussi surement.
Ce que je ne sais pas, c’est qui sponsorise la Direction centrale des Renseignements généraux…
Mes excuses, je me fais vieux, il s’agit bien sur de la
Direction Centrale du Renseignement Intérieur
parler de la médiocrité de Vialatte ou de la Boutin de la République, je trouve que c’est facile, mais parler de la manifestation à Alès de milliers de gens révoltés contre la torture tauromachique, s’indigner de voir un veau se faire transpercer de part en part pour le plaisir de quelques vieux pervers, ça apporte plus de valeur ajoutée au discours politique pour l’avancée de la civilisation.
Ce vialatte est un insignifiant, son tweet est celui d’un des multiples bidochons qui parasitent la République. Parler de leurs blablas vains et pitoyables c’est les faire exister.
France culture en a parlé (de l’esclavagiste) et ce matin le billet politique d’Hubert Huertas rappelait (une retrospective hallucinante!!!) que jamais personne n’avait envisagé la démission du ministre de l’intérieur suite à des exactions similaires ou même plus tragiques encore.
J’ai oublié aussi de dire combien Mme Boutin me faisait rire et pour me mettre au même niveau, je dirais que Mme Jolie sans ses seins ressemblera toujours plus à une femme que Mme Boutin…
et surtout j’ai oublié de citer Schneiderman à propos de Guéant et je joins son papier (enfin j’essaye)
09h15 le neuf-quinze
Guéant, et la cote de la peinture africaine
On avait donc mal lu la circulaire Fillon, sur la restitution à l’Etat des cadeaux reçus par les ministres. Claude Guéant n’était pas obligé de restituer la toile du peintre ivoirien James Houra reçue des mains du président Ouattara, puisqu’elle n’avait qu’une « valeur sentimentale ». Telle est la réponse faite au Lab (1) par l’ancien ministre qui, quelques heures plus tôt, avait refusé de répondre à nos questions (2)sur le même sujet. Je cite: « ce tableau n’a pas de valeur marchande, mais il a une valeur affective bien réelle ».
D’abord, Guéant fait une lecture sélective de cette circulaire Fillon. Laquelle précise aussi que les anciens ministres sont censés restituer au patrimoine national les cadeaux présentant « un intérêt artistique, culturel, scientifique ou historique ». Par définition, une peinture africaine ne présente, c’est bien connu, aucun intérêt artistique. Mais revenons à l’essentiel. Le tableau africain, évidemment, ne saurait non plus avoir une cote. A l’inverse du tableau flamand (3), qui trouve facilement preneur auprès des avocats malaisiens, ce ne peut être qu’une babiole, un grigri, un colifichet, un poster décoratif. Si j’avais (très) mauvais esprit, je rapprocherais ce jugement artistique de la conception guéantienne, selon laquelle « toutes les civilisations ne se valent pas » (4).
Claude Guéant n’a sans doute pas eu le temps de faire une recherche sommaire sur la cote de James Houra. Laquelle recherche lui aurait par exemple appris que, si Houra ne dispose pas encore d’une notice Wikipedia (5), le gouvernement ivoirien a posé en 2011 une option sur deux de ses toiles (6), pour des prix respectifs de 2,5 millions et 800 000 francs CFA (soit 3811,23, et 1219,59 euros). Encore le peintre, dans cette opération, a-t-il possiblement été sous-évalué par le gouvernement ivoirien. Interrogé par France Info, Houra évalue lui-même (7) sa cote entre 2 500 et 25 000 euros. D’un mal pouvant jaillir un bien, il n’est pas impossible que la nouvelle affaire Guéant la fasse encore grimper.