En cette journée de la « Fête du travail » l’UNEDIC s’est intéressée au sort des chômeurs. Vous savez, ces fainéants qui préfèrent ne pas travailler et percevoir des indemnités que les vaillants travailleurs n’arrivent pas à obtenir. L’opinion dominante, et surtout directement ou indirectement les médias, colportent des idées reçues. Tout chômeur est un paresseux qui s’ignore selon la vindicte populiste… et par la généralisation hâtive habituelle, on en a fait une vérité pour comptoir de bistrot ou congrès de l’UMP. Or, rien n’est simple selon le résultat de l’audit impartial de l’UNEDIC portant sur 50 % des chômeurs inscrits à Pôle emploi. La fête du non-travail devrait devenir un enjeu national pour redonner un sens à l’action publique !
Plus d’un chômeur indemnisé sur deux a perdu son emploi après une fin de CDD ou de mission d’intérim, alors qu’ils ne sont que 10,8 % à avoir été victimes d’un licenciement économique. On focalise pourtant sur cette situation particulière, alors que le constat est inverse. Le recours massif au CDD par peur du tassement des commandes, des achats ou des services reste la cause principale du chômage. Pourtant, on ne parle que des grands plans sociaux qui touchent un lieu précis, alors que chaque vendredi, des milliers de personnes plongent brutalement, sans accompagnement, dans l’incertitude absolue, sans que personne n’en parle. La majorité des allocataires (51%) se sont inscrits à Pôle emploi après une fin de CDD ou de mission d’intérim, reflet de la « dualité croissante du marché du travail entre contrats courts et contrats longs » qui, selon l’Unédic, cette proportion atteint plus de 75% chez les jeunes. La précarité individuelle est supérieure à celle des départs planifiés et contrôlés… C’est la réalité de chaque jour avec cette dichotomie entre deux mondes du travail qui sont traités différemment. Le 1er mai, dans les défilés, les uns seront très présents et les autres, parcellisés dans la société, n’apparaîtront pas à l’écran. Dans le fond, ils n’existent que dans les statistiques. Ce sont le fils, la fille, le gendre, la belle-fille, la petite-fille, le petit-fils ou la voisine, le voisin, le pote ou le copain… qui souffre, lui, alors que les autres ne seraient que des roublards menteurs et fainéants. Ne me dites pas le contraire, ou alors vous vivez hors des considérations « politiques » du monde réel !
Autre symptôme de la précarisation, près d’un quart (23,2%) des allocataires travaillaient à temps partiel avant de perdre leur emploi. Conséquence de ces mutations: le nombre de demandeurs d’emploi en « activité réduite » -qui travaillent à temps partiel, en intérim ou en CDD et sont à la recherche d’un emploi au cours du même mois- atteint 1,2 millions de chômeurs mensuels, soit la moitié des indemnisés, contre… 100.000 en 1991. La vérité est là ! On ne trouve que 32% des allocataires parmi les victimes d’un licenciement, alors que les autres sont des CDD ou des nouveaux inscrits ou des départs négociés (11,4 % en rupture conventionnelle), en hausse exponentielle depuis sa mise en place en 2008. On en arrive donc à accorder une importance uniquement médiatique à quelques sites emblématiques quand d’autres plongent en silence !
Autre enseignement de l’étude: les demandeurs d’emploi indemnisés perdent leur emploi en premier lieu dans le secteur du commerce, des transports et de l’hôtellerie (28,9%) et dans les activités de services administratifs et de soutien (19,4%)… c’est à nouveau en contradiction complète avec ce que l’on colporte sur l’industrie, mais peu importe. Il y a des aspects du chômage qui ne sont donc « traitables » que via le pouvoir d’achat et pas par des réformes structurelles spectaculaires.
En terme de diplômes, l’Unédic met certes en avant que 55,2% des indemnisés n’ont pas le bac ce qui justifie un énorme effort en faveur de la formation professionnelle, mal faite par les organismes privés, qui vivent sur des établissements gérés à minima Mais 24 % a un niveau de bac+2 ce qui n’est guère plus rassurant sur les filières universitaires ! On en arrive donc à une répartition peu orthodoxe et peu spectaculaire des chômeurs actuels : les plus nombreux, les licenciés qui travaillaient à temps plein (26%), ceux issus du temps partiel (23,2%), les fins de CDD à temps plein (20,3%), les intérimaires (13,5%), les allocataires qui ont opté pour une rupture conventionnelle ou une démission (10,6%), les intérimaires (13,5%) et, enfin, les intermittents du spectacle (3,7%). Il n’y a donc pas un chômage mais des chômages… et pas « un » chômeur mais des demandeurs d’emploi ! Et donc il n’y pas une réforme à faire mais une multitude de réformes à conduire pour espérer un jour en finir avec un mal social dont on peut se demander, parfois, si tout le monde a intérêt à ce qu’il disparaisse.
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« 10,8 % à avoir été victimes d’un licenciement économique ».
Mais quel est le chiffre pour les ruptures conventionnelles de contrat ?
La rupture conventionnelle du contrat de travail est un cas de rupture du contrat de travail français introduit par la loi n° 2008-596 du 25 juin 2008 « portant modernisation du marché du travail ». Elle permet la cessation des relations contractuelles entre le salarié et l’employeur par le biais d’une convention entre ces deux parties. Il s’agit donc de l’introduction en France d’une rupture à l’amiable du contrat de travail.
Et je vous prie de croire que les employeurs de PME-TPE en usent ! Moins de licenciement économique pour 1 à 5 salariés à virer…Et + de turn-over. Le ministère du travail doit bien avoir qq. statistiques…
Ceux qui travaillent et ceux qui ne travaillent pas .
« La dichotomie (« couper en deux » en grec) est, en algorithmique, un processus de recherche où, à chaque étape, on coupe en deux parties (pas forcément égales) un espace de recherche qui devient restreint à l’une de ces deux parties. »
La dichotomie semble donc s’appliquer ici à cette valeur qui semble pourtant indiscutable: le travail. A moins que ce soit à la Fête, comme vous le dites ici, monsieur !
Pour en revenir à la valeur de calcul servant de base à la discussion, le travail, valeur érigée en parole d’évangile de tout bon discours politique, il s’agit surtout d’un gage, par son emploi même, d’une prise de conscience sociale.
Tous ces mots assemblés péniblement en phrases ampoulées que je viens d’énoncer, sont l’exacte caricature de toutes les formules qui jonchent le chemin ardu de celle ou celui qui, un beau matin, se décide en France à entreprendre.
Si les perspectives d’avenir d’un ouvrier d’une usine d’engrais chimiques sont étroitement liés à une prise de conscience collective sur l’agrément que nos dirigeants accorderont à l’emploi de produits assassins, comment ne pas aussi se poser cette question vitale:
Travailler,certes, mais quel est l’objectif global du bonheur engendré par l’obtention d’une feuille de paye ?
Où nous mènera donc cette course effrénée à l’agrément qu’accordent les pauvres et les affamés à un système qui n’offre en retour qu’une descente aux enfers.
Oui, vous avez raison, monsieur, finalement la « fête du non travail » est bel et bien ce qui devrait nous unir tous.
A moins qu’a force de dichotomie, nous trouvions un algorithme merveilleux qui incite la partie visible et conquérante, toujours mise en exergue, à nous proposer autre chose qu’une soupe empoisonnée à la grimace.
Ce qui pourrait donner, c’est merveilleux cette nouvelle définition de la valeur de base:
Travail égale Partage
Et, ne servant plus alors uniquement à régner, la division appliquée en égalité ou en fraternité, nous aurions au moins le loisir de discuter en liberté de la partie à partager !
Ceci est le texte de fête écrit en hommage à tous les chômeurs transformés de force et sous peine de cessation de droits, en auto-entrepreneurs.
Et, la dichotomie appliquée à la valeur « auto-entrepreneur » donnant d’un coté « démerde toi », de l’autre « mais, entre nous, si tu gagne trois ronds on te les prendra », il serait peut-être aussi louable et utile à la communauté de foutre la paix définitivement à tous ceux qui gagnent moins de deux mille euros par mois.
Avec une telle paye, tout l’argent gagné est de toutes la façons remis en circulation, entre loyer, charges énergétiques, assurances, scolarité.. et nourriture .
A quoi cela sert-il donc à nos dirigeants de massacrer ainsi toute tentative d’entreprendre ? Et donc de se sortir du chômage
La réponse est assez simple et terrifiante: la grande majorité des auto-entrepreneurs prennent en compte dans le montage de leur projet des valeurs exclues des grands marchés financiers :
la pérennité en opposition à l’obsolescence,
l’environnement pour l’avenir de leurs gosses
et la solidarité pour retrouver les avantages inhérents à toute société constituée !
Pour finir, cet exemple qui m’énerve gravement:
Une femme croisée sur un marché de pays et qui vend des légumes issus de petits producteurs locaux est aidée par son mari.
Elle est assez âgée, lui aussi et à la retraite. Il « donne un coup de main » à sa femme, porte quelques cageots du camion au stand, discute avec les anciens sur la place du village.
Me trouvant là au moment du remballage, et voyant ces deux vieux un peu débordés sous un tas de cageots, j’ai proposé de l’aide. Espérant, je l’avoue peut-être deux ou trois légumes en retour !
Le vieux me dit que non, il ne veut pas de mon aide, mais alors pas du tout, et me donne des légumes tout de même..??!
Ils se sont pris une amende un peu salée ces derniers jours, et le vieux bonhomme à la retraite à été obligé, pour accompagner sa femme de prendre le statut … d’auto-entrepreneur !
A ce compte là, j’ai fini par me demander pourquoi ils travaillent.
Par honneur et habitude surement.
Mesdames messieurs les travailleurs, cessez donc de vous en prendre aux fainéants, ça vous fera de la place dans le cerveau pour réfléchir un peu vers qui cracher.
C’est vrai que dans les circonstances actuelles il s’agit plutôt de la non fête des non travailleurs !
Le Volatile titre d’ailleurs cette semaine » Et la fête du travail pour tous, c’est pour quand ? »
Si la situation évoluait dans le bon sens, ce serait le moment de redonner à ce premier mai son titre authentique : L A FETE DES TRAVAILLEURS !
Le terme « fête du travail » (comme si quelqu’un de bon sens et qui a vraiment peiné au turbin, mal nécessaire, pouvait trouver le moyen de faire la fête avec ça !) est un vieux débris déplorable, comme il en existe malheureusement d’autres, des sinistres temps du maréchal nous voila pas.
Merci Jean-Marie de prendre la défense de celles et ceux que la plupart des gens pointent du doigt comme des assistés, mais personne n’a jamais su vraiment me donner une définition de « l’assistanat »! Ce terme me révulse tant…