L'inexorable progression du mensonge… va étouffer la démocratie !

Brutalement la société s’affole : le mensonge serait au coeur de la vie collective. Il serait partout, se nichant dans toutes les strates comme une sorte de virus corrompant le fonctionnement réputé transparent et serein d’un monde paré de toutes les qualités morales. Il est vrai que depuis des mois il ne se passe pas un seul jour sans que, d’une manière ou d’une autre, la vérité, le parler vrai, l’honnêteté morale et matérielle soient bafoués par des révélations à posteriori. Il est devenu extrêmement difficile d’évoluer dans un climat de confiance. La civilisation des apparences trompeuses, reposant sur le fric et la fausse réussite, s’installe lentement dans un monde réputé évolué. Au plus haut niveau de l’État, durant une dizaine d’années, dans de multiples affaires, tout n’a été que rideaux de fumée, désinformation, détournement des réalités. De très nombreuses « affaires » ont émaillé la vie publique, sans que personne ne sonne le glas pour la démocratie. Pompidou avait eu les aventures Markovic ; Giscard a trébuché sur un sac de diamants, des avions renifleurs, l’assassinat de Boulin ; Mitterrand n’a pas été très net sur diverses affaires avec mort d’hommes, avec des amis peu recommandables sur lesquels il a menti par omission ; Chirac a floué les finances publiques avant de se faire pincer la main dans le sac, et Sarkozy traîne tellement de casseroles qu’une cuisine ne suffirait pas à les contenir ! Alors quand arrive le cas Cahuzac, on a des références que tout le monde oublie très vite. Le silence n’est plus une valeur en or massif que l’on peut placer en Suisse où d’ailleurs, plus rien n’est sûr !
L’antidote de la morale outragée clamée à tous les vents permet simplement de se prémunir contre le venin du doute qui peut à tout moment envahir une vie. Tout le monde ment plus ou moins, mais ment… par principe. « Il faut laver plus blanc que blanc » comme disait Coluche, afin de se construire une image de Monsieur Propre ! Le pognon finit toujours par tuer la morale, selon le seul vrai principe de la société actuelle : « tout n’est désormais qu’une question de prix ! ». Les médias, pour tenter de faire du blé, balancent n’importe quoi avec l’espoir de pigeonner le contribuable offusqué qui triche sur ses frais de déplacements, l’artisan qui ne réalise que des travaux au black, le journaliste avide de scoops bidons, la cliente qui avance dans une file sans respect pour les autres ou le médecin qui facture des honoraires indus. Tricher n’est même pas jouer en France, c’est devenu une spécialité nationale professionnelle. Le problème, c’est que tout le monde fixe ses règles et s’attribue une immunité particulière sur la base du fait que la morale n’est faite que pour les autres !
L’essentiel de la vie politique réside dans le montage de complots. Un art que seuls les malins peuvent pratiquer sans risques. Mais il n’est pas plus pratiqué par les élus qu’il ne l’est pas les chefs d’entreprise, les banquiers (quelles sanctions ont-il eu?) ou les traders. Le bluff, l’esbroufe, la manipulation imprègnent la société . Pour avoir une dérogation dans un lycée, pour bénéficier d’un logement, pour ne pas payer son portable, pour ne pas aller bosser ou faire du sport : le mensonge tient lieu de viatique pour obtenir un résultat probant.
Ce matin dans le TGV, j’ai rencontré Pascal Bassons, l’ex-cycliste professionnel qui a osé dénoncer le mensonge du dopage parmi les élites cyclistes du tour de France, miroir aux alouettes de performances surhumaines. C’est mon ami recommandable et je le revendique. Il partait pour la commission disciplinaire de l’agence anti-dopage dont on connaît la capacité à fermer les yeux sur la tricherie et le mensonge, dans le sillage de l’Union cycliste internationale. Christophe, cycliste symbole de la lutte antidopage, dont les prises de position gênantes au sein du peloton ont précipité la fin de carrière au début des années 2000, et qui diligente désormais les contrôles de l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) en Aquitaine. Il avait appris par courrier qu’il était suspendu un an par la Fédération française de cyclisme (FFC) qui ne l’a jamais soutenu dans sa dénonciation du mensonge industrialisé, pour ne pas s’être présenté à un contrôle antidopage à l’arrivée du championnat de France de VTT marathon à Langon (Ille-et-Vilaine) et pour être rentré chez lui après avoir abandonné avant la ligne d’arrivée ! Qui a-t-on condamné, le coureur obstiné qui ne supportait pas la tricherie organisée, ou le sportif du dimanche, transi et pressé de rentrer chez lui ?
Seuls les religieux peuvent mentir sans souci. Il suffit qu’ils fassent repentance, se confessent, pour que leurs mensonges soient oubliés. le grand Rabbin de France Gilles Bernheim n’avait jamais passé l’agrégation de philosophie, un titre dont il garnissait pourtant sa carte de visite. Pas très grave. Il n’avait pas planqué le diplôme en Suisse. Il avait effectué des abus textuels dont l’un touchait un document contre le mariage homosexuel qui avait eu un retentissement international au point d’être cité par Benoît XVI en décembre dernier… Peu important : sur le mariage pour tous, toutes les conneries sont bonnes à écrire ou à dire. Plus elles sont fausses et mensongères et plus elles ont de l’impact.
Même les États mentent puisque Chypre a sous-estimé sa dette et ses besoins de 6 milliards. Une babiole que nous épongerons… pas une ligne sans mensonge, sans travestissement de la réalité, sans approximations dévastatrices, sans omissions bienfaisantes. C’est ainsi, et ce n’est pas prêt de finir !

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Cette publication a un commentaire

  1. J.J.

    Comme d’habitude, les médias ne se lassent pas de faire du sensationnel avec du non événement.
    Mettre quasiment sur le même plan le mensonge Cahuzac et celui du grand Rabbin me semble un exercice un peu douteux : l’un a menti à une petite frange de la société que représente la communauté juive, l’autre a menti à la Nation. la nuance est de taille.

    Et puis qu’est-ce que mentir pour un religieux ?
    Les textes dits sacrés ne sont-ils pas un tissu d’incohérences qu’ils voudraientt asséner comme des vérités?

    Que le grand Rabbin, le Primate des Gaules, le Président du Consistoire ou celui des Pêcheurs à la Ligne de Bécon les Bruyères mentent au membres de leur communauté, c’est une affaire , que des politiques mentent à l’ensemble des Citoyens , c’en est une autre.

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