Les politiques ne détiennent plus aucun pouvoir réel…

Lentement se met en place en France un nouveau système social. Il ne repose pas sur une modification des textes constitutionnels, mais plus sûrement sur un renoncement incessant du pouvoir politique face à tous les autres. Il cède en permanence, sous les effets de son incapacité reconnue à gérer le pays du terrain, aux pouvoirs économique, médiatique et judiciaire. Il ne parvient plus à juguler sa chute puisqu’il pratique en permanence l’autodestruction. Il suffit de regarder le spectacle offert un mercredi après-midi dans le grand cirque de l’assemblée nationale pour vérifier que l’enlisement est inexorable. On ajoute le discrédit des comportements à celui des dialogues rendant sympathiques les moindres histrions du show bizz. Mais dans le fond, probablement préfère-t-on au plus haut niveau mourir en martyr, en entraînant dans l’abîme son adversaire, plutôt que de résister solidairement à une tourmente destructrice. Alors, avant de mourir, la Vème République remet son sort entre les mains de toutes les formes de justice, alors qu’elle est étranglée par le monde du profit et celui des médias !
La Cour des comptes ne contrôle plus mais elle conseille, elle oriente, elle économise ou elle dénonce ce que les politiques sont incapables de mettre en œuvre. Elle a, par exemple, demandé hier à l’État de mieux défendre son industrie de la défense, préconisant une meilleure coordination entre l’APE et la DGA (sic). « Le bilan de l’État actionnaire est dans l’ensemble positif », a estimé son premier président, Didier Migaud. Le rapport évoque aussi la mise en place, « en concertation avec les partenaires européens, d’un dispositif équivalent à l’amendement Exon-Florio américain », qui permet au président de bloquer une prise de participation dès lors qu’elle menace la sécurité nationale. Les responsables politiques de tous les clans prennent une leçon et se font taper sur les doigts pour manque de sérieux et de rigueur. Dans tous les domaines, les juges de la Cour des Comptes deviennent peu à peu les vrais gouvernants, en traquant les faiblesses « politiques » (au sens noble du terme) des élus issus du suffrage universel : manque de courage, manque de recul, manque d’analyse et surtout manque de cohérence ! Les comptes ne sont que les reflets de cette triste réalité. Les gouvernements plient l’échine sous le poids accablant des chiffres, des ratios, des comparaisons… surtout quand Bercy renchérit.
Le Parlement, accouche, après de longues batailles juridiques inutiles, de textes de lois qui sont préalablement soumis à l’avis des juges du Conseil d’État, ce qui fait que jamais ils ne peuvent véritablement traduire une volonté « révolutionnaire ». Ensuite, il y aura la censure du Conseil constitutionnel composé, selon la légende, de « sages » impartiaux. Les élus n’ont réellement qu’un pouvoir limité dans ce carcan permanent, car il faut y ajouter la Cour européenne de justice qui peut à tout moment reprocher aux lois de ne pas être conformes aux directives de Bruxelles. Le judiciaire s’impose dans la démocratie, malgré les apparences, comme le vrai « pouvoir ». Et comme si ce n’était jamais suffisant, le politique se sort toujours des mauvais pas avec la même solution. Plutôt que de se contenter de faire appliquer les textes existants pour régler un problème, le milieu politique empile des structures à vocation juridique.
Ainsi, pour combattre la « corruption » ou la « fraude fiscale », le Président estime que les lois actuelles n’existent pas… alors qu’elles sont encore une fois largement suffisantes pour mettre à mal tous les systèmes. On dispose de maints organismes auxquels on chipote les moyens, comme Tracfin qui a pour mission de lutter contre les circuits financiers clandestins, le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Le service participe ainsi à la préservation et au développement de circuits financiers sains ainsi qu’à une meilleure régulation de l’économie. Alors pourquoi le chef de l’Etat a-t-il proposé la création d’un « parquet financier », chargé de centraliser les affaires de corruption et de fraude fiscale pour plus d’efficacité ? Une formule qui rappelle le parquet antiterroriste qui centralise, lui, les dossiers de terrorisme. Il a aussi annoncé la création d’une « Haute Autorité de la transparence », composée de six membres, issus… de la Cour de cassation, de la Cour des comptes et du Conseil d’État. Elle aura pour charge de « contrôler les déclarations de patrimoine et d’intérêts des parlementaires, ministres, grands élus et hauts responsables de l’administration ». Incapables de réguler eux-mêmes les problèmes qu’ils rencontrent, les politiques vont encore une fois renforcer le pourvoir judiciaire en créant une énième instance réputée impartiale. On en arrivera à un moment où à un autre à une situation où les diverses formes de l’appareil judiciaire suppléeront totalement les carences du politique, qui se sera fait hara-kiri par incapacité à prendre le pouvoir. On n’aura plus besoin d’élus, mais de beaucoup de juges en tous genres pour décider de ce qui doit être bien ou mal, bon ou mauvais, utile ou inutile. Le pire c’est qu’ils rendront leurs verdicts au nom du peuple français !

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Cet article a 7 commentaires

  1. BAQUE Christian

    Le pouvoir réel? Mais si ils l’ont … ou ils pourraient l’avoir! Pour cela il faudrait cesser les renoncements !. Renoncement de souveraineté devant l’Union européenne totalitaire. Renoncement de tout combat réel pour changer la société en s’inclinant devant la Finance. Un « socialiste » peut arriver au FMI (DSK) être remplacé par Mme Lagarde (UMP) et personne ne voit la différence. Etonnant, non ? Renoncement en continuant de faire payer au peuple une dette qui engraisse les banques et les spéculateurs et nous entraine dans la catastrophe. Renoncement à rétablir la démocratie en s’attaquant à la Constitution de la Vème République et à ses institutions réactionnaires. Ne faudrait-il pas la convocation d’une Assemblée constituante souveraine, jetant les bases d’institutions
    authentiquement démocratiques ? Permettant qu’un gouvernement prenne les
    mesures d’urgence qu’appelle la situation : l’interdiction des licenciements, la re-nationalisation des secteurs clés de l’industrie, le rétablissement des services publics, etc. ? Un autre gouvernement que celui-là, non soumis à la troika, soucieux des intérêts de ceux qui l’ont élu…

  2. david

    Que les politiques reprennent du pouvoir ?? Ah ah vous voulez rire, depuis des années, ils ont tout laissé filer : pouvoir économique et quand à lUnion ‘Européenne, la démocratie est diluée dans un tel ensemble régional de 27 pays membres, ça vaut pas la peine de voter. Cependant il faut reconnaître que heureusement qu’il y a l’UE pour rappeler à la France ses devoirs : protections des espèces animales en danger que l’Etat ne veut pas assurer, braconnage des ortolans impuni (la honte) pollution des eaux de rivières en laissant proliférer les élevages concentrationnaires de porcs (mépris de l’animal surnommé même « minerai ») etc… Enfin bonne nouvelle, tout n’est pas si noir Thatcher est crevée. Jean-Marie devrait en prendre exemple 🙂

  3. david

    Que les politiques reprennent du pouvoir ?? Ah ah vous voulez rire, depuis des années, ils ont tout laissé filer : pouvoir économique et quand à lUnion ‘Européenne, la démocratie est diluée dans un tel ensemble régional de 27 pays membres, ça vaut pas la peine de voter. Cependant il faut reconnaître que heureusement qu’il y a l’UE pour rappeler à la France ses devoirs : protections des espèces animales en danger que l’Etat ne veut pas assurer, braconnage des ortolans impuni (la honte) pollution des eaux de rivières en laissant proliférer les élevages concentrationnaires de porcs (mépris de l’animal surnommé même « minerai ») etc…

  4. david

    Que les politiques reprennent du pouvoir ?? Ah ah vous voulez rire, depuis des années, ils ont tout laissé filer : pouvoir économique et quand à lUnion ‘Européenne, la démocratie est diluée dans un tel ensemble régional de 27 pays membres, ça vaut pas la peine de voter. Cependant il faut reconnaître que heureusement qu’il y a l’UE pour rappeler à la France ses devoirs : protections des espèces animales en danger que l’Etat ne veut pas assurer, braconnage des ortolans impuni (la honte) pollution des eaux de rivières en laissant proliférer les élevages concentrationnaires de porcs (mépris de l’animal surnommé même « minerai ») etc… je terminerai sur une anecdote amusante : Thatcher est crevée, tout n’est pas si noir 🙂

  5. Claude

    Dans le même esprit, on a aussi les textes sur le droit du travail qui comme le dit admirativement le journal les Echos :  «transforme les partenaires sociaux en « prélégislateurs ».
    http://www.lesechos.fr/opinions/points_vue/0202496824686-l-accord-sur-l-emploi-un-succes-pour-l-avenir-de-la-france-528412.php
    A voir les frétillements de joie du Medef et de tous les libéraux, on se doute bien que le seul gagnant du gagnant-gnan-gnan ne se trouve pas du côté des salariés!
    Mais plus que du renoncement, j’y vois de la duplicité envers les peuples.
    Un renoncement savamment calculé pour éviter aux divers gouvernement d’avoir a en porter la responsabilité directe envers les électeurs.
    Après tout, si les électeurs sont lésés, ce n’est jamais le cas des dirigeants qui savent très bien ne pas renoncer pour défendre leur intérêts.
    Vivement la sixième république qu’une nouvelle constituante redonne le pouvoir au peuple !

  6. Bonjour,
    j’ai écouté avec attention ce matin l’invité de 7h50 par l’énervante Pascale Clark à 7h51 Eric de Montgolfier. Le moins que l’on puisse en dire c’est qu’il ne partage pas vos convictions. Il met nommément en cause le pouvoir politique coupable de ne pas avoir la volonté de poursuivre les fraudeurs fiscaux. Il cite aussi l’exemple des manœuvres politiques ( Alliot-Marie) pour désamorcer les enquêtes sur les dossiers HSBC et aussi l’appartement du Maire actuel de Bordeaux… Pour les curieux c’est ici : http://www.franceinter.fr/player/reecouter
    Mon grand père disait  » la peur c’est le commencement de la sagesse ». Je regrette de constater que les politiques manquent souvent de sagesse parce qu’ils se croient au-dessus des lois, ils n’éprouvent donc pas la peur de la justice. Notre pays, ne vous en déplaise, a bien besoin d’une cure de détoxification.
    Pour nous pauvres et stupides citoyens, la cour des comptes est le seul organisme capable de décortiquer où passent nos impôts. Depuis Napoléon Bonaparte, via la loi du 16 septembre 1807, la cour des comptes existe et maintenant comme par hasard son action deviendrait trop pesante!
    Non Monsieur Darmian le thermomètre n’est pas responsable de la température.
    Salutations citoyennes

    1. Jean-Marie Darmian

      Je ne remets pas en causse l’utilité de « La cour eds comptes » mais simplement la nécessité qu’elle reste une instance de contrôle de la sincérité et de l’utilité collective de l’action publique. Bref qu’elle se prononce sur des faits et pas sur des choix d’opportunité. le seul vrai juge c’est le suffrage universel pour l’opportunité des choix politiques !

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