Voici donc qu’un éminent moraliste de la vie politique se lance dans le cinéma, un art de plus en plus pratiqué dans la société actuelle des apparences où, pour devenir visible, il faut absolument se laisser aller aux pires excès. Bizarrement, en 48 heures, avec des mots différents, des insultes sont proférées contre un juge par l’extrême droite libérale et contre un ministre socialiste, par ceux qui se réclament de la gauche de la gauche. La tactique est la même : déchaîner la polémique pour tenter de reprendre la main sur l’actualité alors qu’elle vous n’est pas, à priori, favorable. Le titre de la journée n’est qu’un échelon supplémentaire. Après les « sept salopards » de Bruno Fontana, débutant par l’exécution d’un homme politique, et les « douze salopards » de Robert Aldrich concernant des repris de justice lancés dans une expédition contre des généraux nazis, une troisième version a été lancée, celle des « 19 salopards ». Décidément, Bordeaux devient la capitale française des grands crus de l’invective publique.
Le fondement du populisme, c’est justement cette tendance à remplacer l’argumentation objective par des raccourcis, réputés accessibles au plus grand nombre, reposant souvent sur l’accusation sommaire. Il est vrai que la référence aux années 30 vient immédiatement à l’esprit, car les racines du « national socialisme » (étrange rapprochement des mots d’une actualité brûlante) sont nés dans l’insulte contre l’ordre démocratique réputé corrompu, pourri, injuste, déconnecté des réalités. Les « affaires » tartinées dans la presse écrite et portées par la radio en phase ascendante ont vite conduit à l’escalade verbale… pour déboucher inexorablement sur la mise à mort de la République.
Durant ces années, où la Gauche était arrivée en période de crise économique, l’homme le plus insulté de l’Histoire de France fut sans constatation aucune, Léon Blum le « social traître ». Sa nomination à la présidence du Conseil, la plus haute fonction gouvernementale, avait choqué nombre de Français du pays profond. C’est la première fois qu’un juif accède au sommet du pouvoir, la première fois qu’un « marxiste » entre à Matignon, et également la première fois que le chef du gouvernement est soutenu par les « communiste »s. Et rapidement, les insultes populistes vont pleuvoir, sans aller justement jusqu’au qualificatif de « salopard ».
Sur sa seule personne, Léon Blum cristallise tous les fantasmes d’une frange de l’opinion publique, largement entretenus par la presse d’extrême droite. Blum n’est pas français, c’est le « Juif errant ». Pour Louis de Launay, Blum est « grand maigre, un peu voûté, les yeux vifs regardant volontiers par-dessus son lorgnon, avec le nez busqué et les pommettes de sa race ». Sous la plume d’Henri Béraud c’est le « dromadaire », pour Maurras le « chameau ou chamelle », « la dormeuse parfumée du quai de Bourbon », « le juif névropathe », Marcel Jouhandeau déclare: « Bien que je n’éprouve aucune sympathie personnelle pour M. Hitler, M. Blum m’inspire une bien autrement répugnance. Le Führer est chez lui et maître chez lui, tandis que M. Blum n’est pas de chez nous et, ce qui est le plus fort, M. Blum est maître chez moi et nul Européen ne saura jamais ce que pense, un Asiatique ». Pierre Gaxotte écrit : « D’abord, il est laid. Sur un corps de pantin désarticulé, il promène la tête triste d’une jument palestinienne ».
Lentement, on va passer des médias aux estrades politiques… avec des virages angoissants de l’extrême gauche vers l’extrême droite avec les mêmes formules et les mêmes objectifs : ôter sa légitimité à l’homme, en faisant croire que derrière l’acte politique, les arrières-pensées sont dirigées contre le « peuple ». Tous les moyens sont bons. Surtout le mensonge et l’insulte du genre : « Léon Blum, le socialiste pour salonnards, a un physique qui tient de la chèvre et du lévrier », qui a été proféré par Léon Daudet, dont le parcours, du clan Hugo à celui de l’action française, illustre parfaitement les dérives des années 30. La social-démocratie a toujours cristallisé la haine des extrêmes, puisqu’elle ne peut que décevoir dans sa volonté de « réformer » plutôt que de « révolutionner ». Pierre Mendés France en 1954 en savait quelque chose aussi, tellement il a été la cible de qualificatifs honteux qui rappelaient étrangement la période actuelle. Cette habitude détestable devient la recette pour faire parler de soi. L’outrance est un gage de réussite au prétexte qu’elle révèle une franchise courageuse alors qu’elle n’est souvent qu’un artifice pour galvaniser des troupes assoiffées de vengeance. « Savoir raison garder »… un beau principe de moins en moins appliqué, car le débat est devenu impossible dans le contexte actuel, où l’insulte a remplacé l’argumentaire.
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Je suis bien d’accord sur un seul point: appeler les 17 membre de l’Eurogroupe dont Mosco, « les 17 salopards », (bien que tous considèrent à juste titre, y compris au PS, Mosco comme un salopard), est un argument politique nul.
Ce n’est pas ainsi que Delapierre, politiquement limité, va faire avancer sa cause,(notre cause du FdG)
Quant à considérer Blum comme marxiste: c’est parfaitement faux Jean-Marie.
Il était sans dote Guesdiste ou jauressien mais marxiste, surement pas.
Annie Lacroix-Riz, historienne que nul ne prend en défaut a mis en lumière dans le choix de la défaite, les petites trahisons de Blum pour obéir au partenaire conservateur britannique(concernant la guerre d’Espagne mais pas que…)
« … C’est vrai que la référence aux années 30 vient immédiatement à l’esprit… »: sans aucun doute, apparemment, pour certains; à tort ou à raison, avec ou sans calcul…
Mais pour la majorité, quelle(s) référence(s) immédiate(s) en les années 30?
Détourner le fond sur la forme pour éviter questionnement et/ou réflexion de la part du « Peuple »
(auquel, par ailleurs, on ne peut s’adresser qu’en termes « populistes ») est une tactique de bonne guerre de la part de ces « esprits », bien relayée par « lémédia »; de plus en plus éventée, tout de même!
2005 n’est pas si loin, qui a vu le Peuple s’exprimer avec lucidité (au grand dam de ces « esprits » éclairés et cultivés qui œuvrent pour son « bien »!) parce qu’informé par les seuls… »populistes »; déjà!
Il n’a pas été respecté dans ses vœux; la prochaine fois?
Mélenchon est un amuseur public, limite guignol, qui manie le populisme qu’il a en commun avec Le Pen mais ça marche moins bien, pour preuve la veste qu’il s’est pris à Hénin-Beaumont. Pas de quoi troubler mon sommeil. Mais ça doit troubler le sien apparemment.
Bonjour,
Petite mise au point de l’AFP ce matin même : » Interrogé par la presse sur ces propos, Jean-Luc Mélenchon avait répondu samedi que le ministre de l’Economie avait « un comportement de quelqu’un qui ne pense plus en français, qui pense dans la langue de la finance internationale », selon la bande son de ses propos diffusée dimanche soir sur le site de l’hebdomadaire Politis.
Un débat a parcouru durant toute la journée de dimanche les réseaux sociaux sur la teneur précise des déclarations de M. Mélenchon, des internautes et des journalistes estimant que la version initialement diffusée par l’AFP – « un comportement de quelqu’un qui ne pense pas français, qui pense finance internationale » – prêtait plus le flanc à l’accusation d’antisémitisme.’
Une fois de plus le monde UMPS a enfourché le cheval fou des médias brandissant l’étendard de l’antisémitisme supposé de la méluche. Et pendant ce temps la Marine empoche la mise, sa candidate frisant de 768 voix l’élection dans l’Oise. L’UMPS est prise dans la spirale qui va l’entrainer au fond. Le FN lui surfe sur la vague de l’insécurité , puis sur la crise de Chypre et maintenant sur les failles dans la coalition ayant porté François 4 à la présidence.
De mon point de vue, ce n’est pas comme cela que les conditions de vie des plus défavorisés vont s’améliorer.
Salutations citoyennes
Et oui, les électrices-électeurs du Front de Gauche qui ont voté contre le traité européen sont des guignols.
Et oui les électrices-électeurs du Front de Gauche qui ont voté au second tour, F. Hollande, sans quoi il ne serait pas là, sont des amuseurs publics.
Et quant le Front de Gauche dit « au dessus de 300 000€, on prend tout », ah ah ah, on rit jaune !
Il serait grand temps de se demander comment éviter qu’un débat fraternel devienne une lutte fratricide?