Les premières poules qui chantent ont pondu l'oeuf !

Souvent j’ai entendu ce principe simple qui permettait d’apprécier les situations où l’on pensait détenir la vérité sur des faits non élucidés : « c’est toujours la première poule qui chante qui a pondu l’oeuf ! ». je suis certain que vous l’avez en mémoire pour débusquer derrière un comportement outrancier une véritable preuve de culpabilité. En l’occurrence, la journée à fait émerger des « poules chanteuses » qui ont clamé haut et fort leur aversion de l’indépendance de la justice. Il est vrai que, dans leur esprit, ce principe clé de la démocratie n’a jamais appartenu à leurs préoccupations et; justement, l’outrance des propos tend à prouver que de leur temps, pareil outrage fait à leur idole aurait été impossible. Tout était justement mis en place pour que jamais pareille possibilité ne soit offerte à un juge. Cette virulence atteste simplement d’un désespoir partagé d’avoir perdu la main mise sur tous les rouages de l’État ! La bande à Sarkozy en était propriétaire au sens premier du terme et tout leur était jusqu’à présent autorisé. Ralentir, étouffer, détourner, caricaturer… tout a été fait parfois durant des décennies pour masquer des turpitudes plus ou moins graves, et à force de manœuvres, de combines, les plus préservés d’entre eux se pensaient intouchables ! N’ayant que des paroles élogieuses sur la décision d’enquêter sur le compte en Suisse de Jérôme Cahuzac, ils ont craqué quand une mise en examen a concerné l’ex-Président de la République, dont on sait combien il respectait la séparation des pouvoirs.
Henri Guaino a estimé qu’en mettant en examen Nicolas Sarkozy, le juge d’instruction avait déshonoré un homme, les institutions, la justice » et en connaisseur, il a ajouté : « je conteste la façon dont il fait son travail, je la trouve indigne ». Rien que ça ! Et pour faire bonne mesure, il a clamé : « Je voudrais voir le juge d’instruction venir expliquer devant les Français pourquoi » il a pris « une décision aussi lourde de conséquences » en sachant pertinemment que c’est totalement impossible. La première poule qui chante a pondu l’œuf ! N’empêche que la basse-cour a aussi bruissé des chants peu glorieux de Balkany dont on sait que ce n’est pas un perdreau de l’année ! « Cette mise en examen ne me semble pas dénuée d’arrières-pensées politiques », a t-il lâché, remettant en doute l’indépendance de la justice qu’il aurait voulu beaucoup plus passive à son égard. Son casier judiciaire plaide en faveur de sa capacité à porter un jugement sur une décision du type de celle qui frappe son « ami » de toujours. Les propos de ce type fleurissent sans que l’opinion publique s’en offusque, puisque de telles affirmations n’ont jamais valu à leurs auteurs la moindre condamnation, car ils sont souvent protégés par l’immunité parlementaire que leur élection triomphale leur a procurée. Car rares sont les cas où le « martyr » d’un personnage influent tourne à son avantage car il suscite le soutien compatissant de celles et ceux qui les ont élus et qui ne veulent pas admettre qu’ils se sont trompés. Pour Sarkozy, il en ira de même : dans les prochains sondages, avec quelques questions bien posées, on peut dépasser les 60 % de confiance à « celui qui a tant donné à la France et que ces salauds de socialistes ont poursuivi de leur acharnement, alors qu’ils feraient mieux de s’occuper du chômage, de l’insécurité et de la prospérité des entreprises ». Comment croire en la république ? Comment croire dans les valeurs qui la portent ? Comment imaginer que nous sommes à l’abri d’une raz de marée des extrêmes dans une société désenchantée, déboussolée, incapable de trouver des repères fiables ? Les propos de Guaino font le lit du populisme le plus dangereux, et ils sont impitoyablement condamnables, mais ils ne seront pas condamnés. Que doit penser Cahuzac, resté digne alors que personne n’est en mesure de démontrer sa culpabilité ? Il doit trouver que « les poules » UMP ont bien de la chance de pouvoir chanter sans aucun risque, alors que celles de la basse-cour socialiste ont été réduites au silence ! Or, il reste encore à éclaircir l’affaire de Karachi avec du sang de Français innocents, et peut-être à revenir sur les sondages de l’Élysée. Si la justice s’y met, on n’a pas encore fini de voir sortir un ex-président sur le siège arrière d’une voiture noire…

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Cet article a 4 commentaires

  1. PIETRI

    Et que dire de l’intervention vigoureuse d’un dénommé Estrosi, maire de Nice…qui sait de quoi il parle!!!Ce serait à mourir de rire si cela ne donnait pas tellement envie de pleurer !

  2. J.J.

    Et que dire du silence assourdissant de la famille UMP dans certaines circonstances ?

    Par exemple, curieusement, on n’a pas entendu une seule critique de la majorité de l’époque au sujet de la mise en examen et du traitement ignoble,(entendons nous bien, je ne défends pas le personnage), dont fut victime DSK, personnage alors patron d’une organisation internationale.

    Curieusement, on n’a d’ailleurs pas non plus dans ce cas entendu évoquer de théorie du complot.

  3. David

    Sarkozy, pauvre martyr ! Il faudrait que le juge Gentil s’excuse de faire son travail. Il a commis la grave faute de mettre en examen quelqu’un qu’on devrait considérer comme au-dessus des lois ? Ne sait-il donc pas qu’on s’incline devant le buste du Sauveur à talonnettes ?
    Guaino, Balkany et autres indignés de l’UMP : l’Etat de droit ? Et ta soeur !!

  4. Cubitus

    Lorsque, sous un gouvernement de droite, une personnalité de gauche est mise en examen, ça crie à la Justice aux ordres de la droite ;
    Lorsque sous un gouvernement de gauche, une personnalité de droite est mise en examen, ça crie à la Justice vendue à la gauche.

    La Justice est rendue au nom du Peuple Français ! En notre nom.
    Nos politiques ne devraient pas l’oublier car lorsqu’ils insultent la Justice, c’est chacun de nous qu’ils insultent.

    Les déclarations de Guaino et consorts sont à vomir.

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