Les économies artificielles ne reposant que sur les produits financiers et non pas sur des structures durables et fiables sont désormais dans la tourmente. Elles sont en effet prises au piège de leur propre méthode de gestion, consistant à inciter les « profiteurs » à utiliser leurs plates-formes bancaires pour exploiter la faiblesse des pays producteurs. Chypre en est l’illustration parfaite avec, désormais, un retour terrible du boomerang de ces pratiques admises par tous les membres de l’UE. La réalité a rattrapé la fiction d’une richesse totalement basée sur des mouvements plus ou moins suspects de fonds mondialisés. L’Eurogroupe et le FMI ont ainsi décidé d’accorder une aide de 10 milliards d’euros à Chypre, dont les besoins sont estimés à… 17 milliards d’euros. Sous l’impulsion du FMI et de l’Allemagne, les créanciers ont exigé de Nicosie un compromis inédit: instaurer une taxe exceptionnelle de 6,75% sur tous les dépôts bancaires en deçà de 100.000 euros et de 9,9% au-delà de ce seuil. Une retenue à la source sur les intérêts de ces dépôts sera également appliquée. Ces prélèvements devraient rapporter au total 5,8 milliards d’euros. Des privatisations et une hausse de l’impôt sur les sociétés de 10 à 12,5% sont également au menu.
Le FMI devrait participer au plan à hauteur de 1 à 3 milliards d’euros, selon les analystes. Au terme du processus d’approbation par chaque État membre de la zone euro, un accord définitif sur le sauvetage de Chypre devrait être entériné dans la seconde moitié du mois d’avril. La révolte gronde, car pour récupérer les placements étrangers, ont assassine les épargnants locaux… afin de ne pas donner l’impression que les premiers sont les seuls visés. C’est une absurdité, mais il était impossible de taper ailleurs puisque l’économie réelle n’existe pas, si ce n’est dans des secteurs certes agréables mais marginaux. Le secteur traditionnel agricole de type méditerranéen souffre en effet d’une sécheresse persistante. Seuls 15 % du territoire est cultivé. Les principales productions sont… la pomme de terre, le raisin, le citron, l’orge, le blé, la caroube et l’olive. L’élevage constitue un secteur important (ovins, caprins, porcs) mais la pêche est peu développée. On ne peut donc pas… aller chercher la part chypriote du plan. Cette île est donc, dans les faits, otage de sa prédilection durant des années pour l’accueil des fonds russes dont l’odeur n’affolait pas les banques ! D’ailleurs, Poutine n’a pas hésité à mettre 17 milliards sur la table si Chypre se retire de l’UE et quitte la zone euro. Et il joue sur du velours après les annonces du FMI…
La similitude avec une autre île est pourtant frappante. L’Islande, dont bien entendu on ne parle pas beaucoup, mais dont la situation est nettement différente de Chypre. Le Président de la République n’analyse pas nécessairement la situation des banques de la même manière et il n’a pas peur de la théorie des dominos qui affolent le reste de l’Europe du profit organisé. Ça, c’est l’argument avancé. Mais regardez ce qui s’est passé en Islande. Le gouvernement britannique et le gouvernement néerlandais, soutenus par l’Union européenne, voulaient que le contribuable islandais rembourse les dettes de cette banque privée, au lieu de laisser le syndic de liquidation être responsable de ces dettes. Le président n’a pas hésité un instant, résistant à tous les chantages des experts, qui prédisaient un isolement financier international de cette île, particulièrement combative mais qui n’était pas liée par le pacte de l’euro ! Or le scénario n’a pas eu lieu ! Entre les intérêts financiers d’un côté, et la volonté démocratique du peuple de l’autre, l’Islande a fait le choix d’opter pour le politique sur l’économique. Deux référendums ont réglé la situation et les banques ont épongé leurs erreurs volontaires ! Mais diable, pourquoi les Chypriotes ne feraient pas de même : qu’on leur demande simplement de savoir s’ils préfèrent rembourser des dettes ou relancer leur économie réelle.
Dès le premier trimestre après le référendum, l’économie islandaise a redémarré. Et depuis, ce redressement se poursuit. Maintenant, nous avons 3% de croissance, l’une des plus élevées d’Europe. Nous avons 5% de chômage, l’un des taux les plus bas. Tous les scénarios de l’époque, d’une faillite du système, se sont révélés faux… et rien n’a fonctionné comme les experts l’avaient prédit. Du coup, on n’en parle plus sur les plateaux de cette télévision exécrable qui commence à prédire une extension de ces mesures à la France, pour encore renforcer la haine du gouvernement actuel. C’est dramatique de multiplier les reportages sur Chypre, et de ne pas faire une seule minute sur la cas islandais, d’autant que la décision a été officiellement confirmée par la justice européenne ! Le Président islandais, dans un récent entretien, déclarait : « Mes amis européens devraient réfléchir à tout cela avec un esprit ouvert : pourquoi étaient-ils autant dans l’erreur, politiquement, économiquement et juridiquement ? L’intérêt de se poser cette question est plus important pour eux que pour nous, car ils continuent, eux, à lutter contre la crise et car ils s’appliquent à eux-mêmes certains des principes et des arguments qu’ils utilisaient contre nous (…) La leçon donnée par l’expérience de ces quatre dernières années en Islande, c’est que les scénarios alarmistes, assénés comme des certitudes absolues, étaient à côté de la plaque ! » Il faudrait le dire à Bruxelles ou à Mme Lagarde…
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Bonjour,
décalons nous un tout petit peu sur la carte de l’Europe, regardons la carambouille Irlandaise.
http://blogs.mediapart.fr/blog/jerlau/260213/decryptage-de-laffaire-irlandaise-ibrc-bce
C’est très instructif, sur le rapport des états Européens avec la BCE, une jolie partie de je te tiens, tu me tiens….
Bonne journée
« Il faudrait le dire à Bruxelles ou à Mme Lagarde… »
Serait-ce bien utile? « Ils » le savent bien,non?
Je pense qu’il est plus efficace de l’expliquer à tout un chacun, encore et encore, afin que, démocratiquement, tous ensemble, nous fassions partir tous ces chantres et suppôts d’un système absurde, inique et mortifère, mis en place par une minorité pour une minorité…
« Il faudrait le dire à Bruxelles ou à Mme Lagarde… »
Serait-ce bien utile? « Ils » le savent bien, non ?
Tout à fait vrai, car Mme Lagarde et consorts font partie de ces technocrates, que j’ai eu le déplaisir de rencontrer parfois et qui ne sauraient, la tête sur le billot, déroger au grand principe :
Je sais tout, les autres n’y connaissent rien, on ne peut écouter la parole de gens qui ne sont point diplômés des hautes écoles !
« Monsieur, vous ne comprenez pas le bon sens de l’Administration ! » (sic)
Sans compter les pêcheurs en eau trouble qui se satisfont tout à fait de la situation…