Désormais, c’est une certitude scientifique : les hommes qui ont eu dans le passé le privilège de vivre le plus longtemps ne peuvent être que les meuniers… ou les rentiers qui faisaient fortune comme les producteurs de farine en dormant. Le sommeil demeure le bien le plus précieux dans cette époque où il est malvenu de ne pas user du temps pour justement rester en éveil. La durée du passage au lit faiblit au fil des ans, et désormais le rythme de travail devient contraire à toutes les nécessités du corps humain. Les études s’enchaînent et les conclusions se ressemblent. Toutes devraient éveiller nos soupçons sur une société ne laissant plus de temps au temps. Nous courons partout, sans cesse, obsédés par le fait que chaque minute active nous rapporte ou améliore notre sort alors qu’elle nous condamne !
Le manque de sommeil a en effet un impact négatif prouvé sur notre santé, c’est un fait avéré ! Responsable, selon certains, d’être un facteur de risque de l’obésité, selon d’autres, de la survenue de maladies cardiovasculaires, ainsi que d’une augmentation de la baisse de concentration et de troubles neurologiques. Il faudra maintenant reconnaître qu’il est impliqué dans la perturbation de centaines de gènes liés au système immunitaire, aux inflammations et à la gestion du stress. Bref, moins vous dormez au fond de la classe, au bureau, sur votre canapé, dans le TGV ou plus naturellement dans votre lit et plus vous aurez du… temps devant vous !
En étudiant l’effet du manque de sommeil sur 26 volontaires, les chercheurs de la faculté des sciences médicales de l’Université du Surrey (Royaume-Uni) ont découvert l’impact génétique de cette privation de repos. Ils l’ont quantifié et surtout ils ont démontré que son impact sur l’avenir des insomniaques était réduit. En brûlant les chandelles par les deux bouts, on finit par entrer dans les ténèbres avant l’heure ! En moyenne, en France, une personne adulte dormirait 7 h et 47 minutes par nuit selon l’Insee. Un chiffre correct, mais qui est en recul de 18 minutes par rapport à il y a 25 ans. A noter aussi que, passé minuit, un Français sur dix est encore éveillé et 10 % des personnes interrogées ont déclaré dormir moins de 6 heures par nuit. Ce qui serait inquiétant !
Durant 2 semaines, les patients concernés par cette étude britannique dormaient alternativement moins de six heures puis plus de neuf heures par nuit. Sachant qu’une nuit de sommeil d’un adulte est en moyenne de 7 heures, ce changement de rythme avait pour but de perturber le cycle circadien de ces volontaires. Afin de vérifier leur état de santé, les chercheurs ont fait une analyse approfondie du sang de ces 26 personnes. Ils ont ainsi montré une altération de l’acide ribonucléique (ARN), molécule proche de l’ADN, due au manque de sommeil. En tout, plus de 711 gènes seraient perturbés par des nuits trop courtes et l’horloge biologique chamboulée. Pour un fonctionnement correct de vos gènes, prenez le temps de dormir…et accordez vous de très grasses matinées ! Elles vous éviteront de bien mauvaises fréquentations maladives. Sur l’écran noir de vos éventuelles nuits blanches, projetez vous dans votre avenir et dîtes vous que celui qui dort dîne et donc maigrit, que celui qui aime les histoires à dormir debout finit par se coucher devant son destin, que celui qui dort sur ses deux oreilles aura tôt ou trad un torticolis !
Du premier au dernier sommeil, il y a bien des rêves ou des cauchemars dont on ne mesure l’importance qu’au moment où le pire ennemi se manifeste : le réveil matin ! Alors, dans le fond, ceux qui vivent sont ceux qui refusent de lutter contre l’endormissement pour se laisser aller dans les bras de Morphée ou à simplement s’abandonner à acheter des heures bienfaitrices au marchand de sable ! La sieste dite réparatrice constitue une compensation indispensable aux équilibres naturels. Elle devrait être intégrée dans les rythmes « salaires » et donc être remboursée par la Sécurité sociale, selon les constats de l’étude britannique. C’est donc une certitude : nous manquons à tous nos devoirs quand nous veillons devant une télévision qui pourtant nous endort l’esprit  et nous hypothéquons notre propre avenir ! Alors n’attendez pas de tomber de sommeil ce soir pour le chercher, car il est devenu un élément essentiel du plaisir de vivre ! D’ailleurs, cette chronique ennuyeuse au possible facilitera votre endormissement et vous rappellera que les « gênes » restent les principaux obstacles à l’épanouissement.

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