Au plus haut niveau, le sport n’appartient plus à celles et ceux qui le pratiquent. Sortes de multinationales du profit, les fédérations internationales de tous ordres nourrissent des milliers de dirigeants se prétendant bénévoles et des dizaines de milliers de prestataires, de caciques, de délégués, de contrôleurs, qui vivent sur la bête. Ce milieu qui parade dans les plus grands hôtels, les centres de congrès, rêve simplement d’être au niveau des vedettes qu’ils doivent « vendre » à une clientèle. On a bien vu, avec « l’affaire » Lance Armstrong, le niveau de l’éthique à l’Union Cycliste internationale qui a couvert durant des années les agissements de l’une des gloires du sport moderne. Les compétitions étant devenues partout des pompes à fric, elles s’achètent avec des sommes considérables, souvent confortées par les États, les pouvoirs publics et de très juteux contrats publicitaires. Il faut donc, à tous les niveaux, étouffer les scandales, boucher les fuites et tenter par tous les moyens de continuer à vendre du rêve.
« Lance Armstrong a confirmé qu’il n’y avait aucune collusion ou conspiration avec l’UCI. Il n’y a pas eu de tests positifs couverts », affirme le président de l’Union cycliste internationale (UCI) dans un communiqué. « Jamais rien n’a été caché », insiste, laconique et péremptoire, le président de cette instance internationale de 1991 à 2005. Le 4 juillet 1999, selon Le Monde, à la fin de la première étape entre Montaigu et Challans, Lance Armstrong, dossard 181, est contrôlé. Le procès-verbal rédigé à l’époque indique le nom du coureur et le numéro du prélèvement qui lui est associé (157 372) et qui sera analysé de manière anonyme. A la rubrique « remarques de la part du sportif contrôlé » et « médicaments pris », il est écrit « néant ». Et c’est ainsi pour bien des faits indiscutables qui pourraient nuire aux affaires nationales ou internationales…de ce monde du fric sportif. Dans tous les secteurs, l’imposture est la même. On traîne des dizaines de cas douteux sur ce monde du spectacle sportif ! On ferme les yeux sur des pratiques occultes purement mercantiles. Il se trouve qu’en ce moment on parle en Espagne de nombreux épisodes glorieux du sport de haut niveau.
Principal accusé dans le procès de l’affaire de dopage sanguin Puerto, Eufemiano Fuentes a expliqué à Madrid, en préambule de son audition, qu’il ne donnerait pas de nom de sportifs concernés. Il a néanmoins expliqué que ses clients avaient pu être d’autres sportifs que des cyclistes. «Cela pouvait être toute sorte de sportifs. Je travaillais avec des footballeurs, des cyclistes et des athlètes. Mais en 2006 (au moment du démantèlement du réseau), c’était majoritairement des cyclistes.». La juge n’a pas posé de questions plus précises…
Désormais, on sait que la FIFA, qui gère le football international, ne tourne pas très rond ! Des grands présidents de Fédérations nationales, ont donné leur voix au Qatar pour plusieurs millions d’euros. France-Football évoque même « la présence d’un certain nombre d’enveloppes non marquées qui contenaient chacune 40 000 dollars (environ 29 700 euros) et qui ont été distribuées aux délégués de l’Union caribéenne de football en 2011. » C’est, parmi tant d’autres faits cités par le magazine, un signe fort de la réalité qui préside à ces attributions de grands événements. « Tout ce qui se passe à la FIFA depuis des dizaines d’années, c’est la culture du sport pourri, a expliqué Guido Tognoni, ancien membre de la FIFA et écarté de l’association depuis 2003. Il est difficile de parler d’achat de voix, mais plutôt d’organisation de voix, grâce à des accords et des échanges de bons procédés » Reste désormais à savoir si ces accusations se confirment. De quoi mettre une nouvelle fois à mal la FIFA et priver peut-être le Qatar de « son » Mondial. On va même plus loin… avec une mise en cause de Nicolas Sarkozy dans ce processus qui n’est pas, quoiqu’il arrive, d’une limpidité absolue. Il ne manquait plus que lui pour rassurer tout le monde sur le vote de la FIFA pour la Coupe du monde de 2022 !
Si l’on monte encore d’un cran au Comité International Olympique, on retrouve exactement, avec un niveau encore supérieur, les mêmes pratiques. Le CIO étant une organisation non-gouvernementale, ses membres, choisis par cooptation par le reste du comité, ne représentent aucun des pays dont ils sont ressortissants. Ce fonctionnement atypique, souvent mal compris, est assimilé à un manque de transparence dans le fonctionnement. Le choix des membres, est en lui-même ressenti comme le fait du prince ou de réseaux plus ou moins occultes. En outre, le passé de quelques-uns d’entre eux n’est pas toujours des plus clairs. Il en va de même pour la désignation des villes olympiques (vote à bulletins secrets). Pour exemple, à propos du choix du lieu des J.O d’hiver de 2014, le chancelier autrichien, a déclaré : « Si c’est une question de pouvoir politique et de gros sous, alors Salzbourg n’avait aucune chance. Je suis persuadé que le concept que nous présentions était absolument le meilleur ». Des critiques sont émises tant sur d’éventuelles compromissions avec les sponsors, qui semblent parfois dicter le programme même des jeux, que sur l’usage qui est fait de l’argent récolté. Pour la période 2001-2004 le mouvement olympique a généré un revenu de plus de 4 milliards de dollars. De quoi donner des idées à bien des dirigeants… bénévoles !
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Il ne s’agit pas de sport dans ce cadre : ces individus sont soit des commerçants corrompus ou corrupteurs (dirigeants), soit des mercenaires (pratiquants).
Pour le CIO, il y a eu des précédents, Salt Lake City et Atlanta par exemple à l’époque du franquiste Samaranch.
Bonsoir,
Quoi qu’apprend-je on nous aurait menti ? Les journalistes et les instances sportives savaient que des grands champions se dopaient et continuent encore à se doper ? La justice Espagnole laisserait faire ces turpitudes sans instruire ? La FIFA se laisserait corrompre depuis des années? Le CIO aurait des pratiques condamnables ? Non dites moi que je rêve, c’est un complot mondial ?
Mais dites moi ou plutôt rassurez moi, les décisions à l’ONU sont bien à l’abri de pareilles malversations? Au conseil de sécurité les décisions prises par les pays membres ne le sont pas en fonction d’enjeux favorisant ces mêmes États?
Au FMI les financiers les plus influents de la planète ne décident pas à la place des meilleurs experts internationaux? La BCE n’est pas noyautée par les anciens de Goldman Sachs et la banque mondiale non plus ? Les commissaires Européens à la concurrence successifs sont tous au dessus de tous soupçons (Neelie Kroes, Mario Monti, Peter Sutherland) ?
Mais je mélange tout, dans ces organismes il n’y a pas de corruption, on parle seulement de lobbying…
« Quand les hommes ne peuvent plus changer les choses, ils changent les mots. »
Jean Jaurès, 23-27 septembre 1900, au Congrès socialiste international (Paris),