La France est au bord du gouffre et elle est prête au suicide collectif susceptible de tuer trois siècles d’évolution démocratique afin de confirmer que c’est un pays encore marqué par les idées et les comportements antérieurs à la Révolution. La « réaction » au sens initial voulant que ce soit le symbole du retour en arrière… envahit lentement les esprits, empêchant toute avancée sociale réelle. Les analyses des sociologues, peu écoutés dans ces temps de « rentabilité » exacerbée, démontrent à l’évidence que le mal est profond, sournois, ancré dans le pays et que le gouvernement aura un mal à fou à changer des mentalités, marquées par une forme de propagande insidieuse niant les valeurs fondatrices de la République. Un sondage IPSOS () conforte ce sentiment qui m’envahit en permanence et sur lequel je me suis maintes fois exprimé car il imprègne le quotidien, sur tous les sujets et tous les combats. Comment, par exemple, tenter de réformer quand une majorité de Françaises et de Français vit sur un principe simple énoncé par Sartre : « l’enfer c’est les autres ! » Un mouvement considérable de repli sur soi, sur son nombril, sur ses certitudes, sur son prêt à porter idéologique sans véritablement de dialogue, de tolérance et de doute. La perte du sens du « collectif » tué par les errements du communisme a conforté la haine de toutes celles et tous ceux pouvant être à un titre ou un autre responsable de « SON » échec 
Les résultats de l’enquête mettent en évidence un autre mouvement : le profond repli de l’opinion qui atteint en ce début d’année 2013 un niveau jamais égalé. Ce mouvement se caractérise par une très forte défiance à l’égard du monde extérieur et d’autrui. L’ennemi est partout… et surtout ailleurs que dans son cercle personnel ! Pour 78% des personnes interrogées, « on n’est jamais assez trop prudent quand on a affaire aux autres », 58% pensent que « la France doit se protéger davantage du monde d’aujourd’hui plutôt que de s’ouvrir au monde extérieur ». Le racisme a de beaux jours devant lui. Il faudra bien se rendre à l’évidence, les images toutes faites sur les autres peuples et les autres cultures ont accentué la peur de l’autre. Jamais on n’en est arrivé à un tel niveau de transfert des malheurs que nous rencontrons pour ne pas avoir été capables de nous adapter sur une nébuleuse considérée comme responsable de tout !
Ce mouvement d’opinion accentue le climat général de défiance à l’égard des étrangers. En effet, l’enquête fait également apparaître  une adhésion parfois massive à certains propos xénophobes et une forte crispation autour de l’Islam.  70% des Français se sentent proches de l’idée selon laquelle « il y a trop d’étrangers en France » (contre 30% qui se positionnent sur la position contraire: « il n’y a pas trop d’étrangers en France »). Pour 67% des personnes interrogées, « on ne se sent plus chez soi comme avant » (contre 38% qui estiment qu’on se sent « autant chez soi aujourd’hui qu’avant »). Enfin, près de trois Français sur quatre (74%) pensent que la religion musulmane n’est pas tolérante et pas compatible avec les valeurs de la société française (contre respectivement 28% et 11% pour la religion catholique et 34% et 25% pour la religion juive). L’acculturation historique bat son plein et les méfaits des religions jugées comme « tolérantes » oubliées… L’intégrisme catholique ou juif, bien réel, bien désastreux n’existe pas, alors qu’il est le fondement de bien des prises de position religieuses. La laïcité, concept ignoré, n’a plus guère de sens.
Le plus grave (et le système médiatique en porte une large responsabilité) observe parallèlement un important rejet du système démocratique et médiatique. C’est catastrophique, voire angoissant. Pour 62% des Français, « la plupart des hommes et des femmes politiques sont corrompus » contre seulement 38% pour qui il s’agit d’un phénomène minoritaire. 58% estiment que les journalistes font mal leur travail et 72% qu’ils ne parlent pas des vrais problèmes des Français. Les attentes de l’opinion se positionnent pour un renforcement de l’autorité politique et de l’échelon national. Nous ne sommes pas loin de la revendication d’un système autoritaire voire dictatorial au prétexte que la démocratie représentative serait le pire des systèmes. Là encore, chaque jour, cette appréciation est renforcée par des médias jouant la généralisation du sensationnel. On en arrive même à ce que 87% des Français soient d’accord avec l’idée selon laquelle « on a besoin d’un vrai chef en France pour remettre de l’ordre » ; 65% estiment que pour faire face aux grands problèmes à venir il « faut renforcer les pouvoirs de notre pays quitte à limiter ceux de l’Europe ». Comment réformer un pays qui considère que la république est compatible avec la fin des élus !
Cette enquête fait également apparaître des porosités de plus en plus marquées entre certains électorats. C’est le résultat des prises de position répétées de la Droite dite républicaine. Sur le terrain de l’identitaire et de la demande d’autorité, les sympathisants UMP sont maintenant idéologiquement extrêmement proches des sympathisants FN : massivement hostiles aux étrangers et à l’Islam et en demande d’un « vrai chef ». Ils s’en démarquent en revanche sur la mondialisation, l’euro et l’Europe. De même, il existe des points de convergence forts entre les sympathisants du FN et ceux du Front de gauche pour critiquer la mondialisation, les medias, les responsables politiques et l’islam, en tant que religion  qui voudrait « imposer son mode de fonctionnement » ou qui serait intolérante. A méditer chaque jour un peu plus… afin de prendre conscience de la triste réalité politique ! L’analyse fait en définitive apparaître 5 grands groupes, allant des « bobos » aux « populistes » en passant par les « libertaires », les « ambivalents » et les « crispés ».  Une typologie éclairante sur la vraie situation de la France après 10 ans de gouvernement destructeur de la droite. Bon courage aux socialistes, traversés exactement par les mêmes courants. Mais c’est une très vieille spécialité !

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