Ancelloti-Ayrault : mêmes difficultés et mêmes résultats !

Il serait vain de le nier ou de ne pas le voir : le gouvernement actuel patine. C’est un constat et pas nécessairement une critique, et je pense sincèrement qu’il vaut mieux le reconnaître que d’attendre un miracle. Ce n’est pas être un sinistre facho de droite que d’affirmer que le PS n’avait pas réellement pris la mesure de la situation dont il hériterait et qu’il n’a pas ajusté sa réponse collective en conséquence. Il est vrai que la composition d’un gouvernement relève souvent de la quadrature du cercle. Il faut à la fois tenir compte des amitiés anciennes, des soutiens disparates récents, des égos surdimensionnés, des ennemis à se rallier, des réseaux externes, des ambitions potentielles…mais pas nécessairement de la cohésion idéologique, de la maturité, de la solidité dans la tempête, de la compétence et plus encore de l’expérience. Ces valeurs références sont souvent contradictoires avec les considérations précédentes et sont souvent ignorées, car déconnectées des effets d’annonce des uns et des autres. En fait, il y a beaucoup de similitudes entre le rôle d’un entraîneur de sport collectif et celui que doit assumer finalement un « Président », quel qu’il soit, sauf que les contrats passés pour le premier sont encore plus éphémères que pour le second. Entre Ancelotti et Ayrault, la situation est très proche, le fric à part !

Tous deux ont un effectif pléthorique composé de « laborieux » et de « stars » qu’ils doivent faire travailler ensemble sous leurs ordres et selon des stratégies ou des objectifs déterminés. Tous deux sont redevables financièrement et moralement des résultats obtenus par l’équipe formée, vis-à-vis des électrices et des électeurs pour le Président, et pour les actionnaires ou les supporters en ce qui concerne l’entraineur. Certes, ils sont tous deux réputés avoir choisi leur effectif, mais ils ne pouvaient pas en prévoir l’efficacité réelle. Par souci de « nouveauté » de « renouvellement », ils sont allés chercher des grands noms, avec l’espoir que leur aura justifierait des performances exceptionnelles. Pour être plus clair des stars mises côte à côte ne font jamais une grande équipe s’il n’y a pas de « porteurs d’eau » se sacrifiant pour que d’autres brillent. Le gouvernement actuel ressemble à cet égard au Paris Saint Germain, avec ses états d’âme sortant du « vestiaire » malgré les mises en garde sévères du « capitaine » choisi par l’entraîneur, ses résultats en dents de scies, ses fortes déceptions dans des contextes apparemment faciles, ses accusations contre l’arbitre ou contre des éléments extérieurs et parfois le sentiment que seul un élément peut sauver le reste de l’équipe ! On perçoit une démobilisation chez certains  équipiers, qui estiment ne pas avoir été reconnus à leur juste valeur, et mieux, on en sent d’autres vraiment heureux d’être sur la touche, car ils ne portent pas de responsabilité dans les défaites ! On parle de plus en plus du remplacement du « capitaine », puisque l’on sait que le Président est couvert par un contrat de 5 ans ! Étrange climat, où on espère se refaire une santé au niveau international ou européen, avec l’un des « piliers » en instance de transfert  pour la compétition élargie… La saison est loin d’être finie et on parle beaucoup des transferts ou des départs éventuels au mercato d’hiver !

Comme dans tous les groupes, les clans se sont reconstitués, par delà l’intérêt général. Ils tournent autour de personnalités et non plus de principes avec, dans l’ombre, des partisans masqués qui dézinguent les autres. C’est ainsi depuis toujours, mais ça devient plus préoccupant quand l’inexpérience et la gravité de la situation mériteraient plus de réserve et de modestie; mais on le sait, dans le cœur de chaque « vedette » sommeille le sentiment d’être « irremplaçable ». Surtout quand vos « agents » ou votre « staff » (on appelle ça en politique un cabinet) vous persuadent que votre valeur n’a pas attendu le nombre des années. On en arrive à une distorsion permanente entre le rendement des actes accomplis et les intentions affichées. Heureusement, dans le camp adverse, la désorganisation circonstancielle est pire, ce qui masque encore le manque de cohésion du staff gouvernemental.

Les « supporters » s’impatientent et même se mettent parfois à siffler, estimant que les promesses de l’été ne sont pas conformes aux résultats. Certes ils sont parfois injustes, car ils ne veulent pas donner, selon la formule célèbre, du « temps au temps », mais ils avaient mis tous leurs espoirs, compte tenu des épisodes calamiteux antérieurs, dans un changement maintenant plus productif. En fait, ils espéraient que la glorieuse incertitude du « sport » n’existerait pas, et que tout irait immédiatement pour le mieux dans le meilleur des mondes. Impossible de garantir une telle efficacité, même avec de grands noms arrivés au sommet sans beaucoup de références, si ce n’est quelques coups d’éclat réputés prometteurs. Le plus dur restant dans tous les domaines, il y a fort à parier qu’il faudra mettre au repos certains éléments, pour qu’ils repartent avec une énergie nouvelle. Le passage en réserve (de la République) permet parfois d’aborder la suite avec beaucoup plus de motivation et de lucidité !

 

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Cet article a 4 commentaires

  1. J.J.

    L’enthousiasme et le soulagement populaires, à l’annonce du départ de Bush comme de Sarkozy laissaient entendre pour un observateur un peu en recul, que les lendemains ne chanteraient dans une aussi belle harmonie que celle que le « peuple » imaginait !
    D’abord il y a la situation calamiteuse dont ont hérité Obama, aussi bien que Hollande.
    Eux mêmes ne sont que des êtres humains, secondés par d’autres êtres humains, avec tout ce que cela implique de fragilité et d’incertitudes, aucun Superman, aucun Archange dans les équipes .
    Les miracles ne sont pas d’actualité !

  2. baillet gilles

    Le PSG c’est marrant comme l’UMP. Le gouvernement Ayrault c’est navrant… Franchement, on a pas envie de s’engager derrière ce type là. La seule qui a des convictions dans la bande c’est Christiane Taubira. Montebourg croyait-il vraiment à la « nationalisation temporaire »? J’en doute… Alors vous aurez beau nous dire que si on ne soutient pas ce gouvernement, on aura la droite et l’extrême droite au pouvoir… Mais il faudrait plutôt inverser la démonstration: la politique menée par le gouvernement actuel ouvre la porte à l’extrême droite et à la droite comme cela s’est produit dans d’autres Etats européens.

  3. Cubitus

    Hollande poursuit peu ou prou la même politique que Sarkozy, notamment en matière économique. Certes il n’a pas trouvé une situation brillante, mais il a été élu justement pour y remédier et pas par des mesurettes indécises.
    Ceux qui s’attendaient à une vraie politique de gauche vont finir par regretter Mélenchon.

  4. Vanmeulebroucke Guy

    Bonjour,

    Très bon article au demeurant,mais en matière économique et en dehors d’une idéologie totalitaire d’un côté et d’un libéralisme débridé de l’autre,les électeurs s’attendaient à des réformes globales de fonds et des mesures phares générales et non l’empilement de mesurettes contradictoires.Le problème en politique réside dans le fait que des dossiers,des rapports et des études de toutes sortes sur les divers sujets de société existent, s’entassent et finalement…ne servent à rien.Gouverner ,certes,avec les aléas et grains de sables n’est pas évident,sauf que,en matière de politique et selon la fonction chacun veut mettre sa griffe perso alors que dans ce domaine les boss devraient appliquer des principes bien connus des gestionnaires en nommant (s) les dirigeants :poccc et cqqcoqp !

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