Encore un combat qui va passionner la planète politique

La planète brûle et la France se passionne pour le jeu de pancrace qui se pratique à l’UMP. Il est vrai que médiatiquement, ce qui tourne au vaudeville avec un cocu rageur et un « cocuficateur » arrogant est beaucoup plus apte à faire le buzz que la concentration record de gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère. Et que peut-on bien expliquer aux béats télévisuels sur le risque d’un réchauffement de 4°C d’ici 2060 de la terre ? Il est inutile de tenter le moindre titre à la une d’un quotidien ou d’un journal télévisé devant faire du lectorat ou de l’audience avec la situation, dans un demi-siècle, de ce que nous considérons comme des biens inaltérables : l’air, l’eau et la nature ! Que pèsent les avertissements répétés des gens raisonnables quand des dizaines de caméras et de micros se battent pour filmer la voiture d’un ex-premier Ministre berné entrant dans un parking ? La situation est pourtant d’une urgence extrême, et les idiots qui tentent d’expliquer que nous préparons un avenir catastrophique à nos petits-enfants n’ont aucune chance d’être entendus ! Défendre le vélo, par exemple, c’est une lubie de bobo idéaliste ! Demander de vraies mesures sur la consommation d’énergies fossiles, relève d’un passéisme coupable ! Une énième conférence sur le changement climatique s’est ouverte au Qatar, l’un des plus grands trafiquants de gaz ou de pétrole sur la planète ! Elle ne débouchera même pas sur un recueil de bonnes intentions, car la guerre économique faisant rage, tout est impossible en matière de réduction drastique des consommations énergétiques. Les signaux d’alerte et appels urgents se sont pourtant multipliés.

Plus de 190 pays seront présents pour décider de l’avenir du protocole de Kyoto et esquisser les bases d’un vaste accord prévu en 2015, auquel participeraient cette fois-ci tous les grands pollueurs de la planète. On peut rêver que les Chinois ou les Américains vont se plier aux imprécations écologiques des autres pays, en cette période où les profits nécessitent des entorses constantes à la protection de l’environnement. La responsable de l’ONU pour le climat a pourtant expliqué que « nous avons de moins en moins de temps » pour parvenir à contenir le réchauffement à +2°C,  mais elle est beaucoup moins connue dans notre pays que Copé ou Fillon qui, eux, ont fait monter la température dans l’espace UMP… Écoutez, regardez, lisez et vous verrez qu’il n’y a pas photo entre la conférence de Doha et la médiation d’Alain Juppé !

Cette même responsable a été claire et objective en déclarant : « La fenêtre d’opportunité se ferme rapidement parce que le rythme et l’ampleur des actions » engagées pour réduire les GES « ne sont simplement pas au niveau où ils devraient être ». Le thermomètre de la planète se dirige actuellement vers une hausse de 3 à 5°C au cours du siècle, et non 2°C, l’objectif de la communauté internationale, et seuil au-delà duquel le système climatique risquerait de s’emballer. Dont acte, mais bien évidemment, on expliquera (n’est-ce pas, Claude Allègre, dont on connaît la lucidité !) que c’est une exagération.

La discussion portera sur du rapiéçage des traités existants et on finira par ne rien décider, puisque le poker menteur reste le sport favori des Américains qui préfèrent un libéralisme débridé, mortel, asphyxiant et dévastateur. Au nom de leur liberté à polluer, ils privent les autres de la plus belle des libertés, celle de vivre ! Comment expliquer au commun des… mortels que la signature d’une seconde période d’engagement de Kyoto, après l’expiration de la première fin 2012, est l’un des grands dossiers attendus à Doha. Son principe a été acté à Durban fin 2011, et il faut désormais s’entendre sur la durée de Kyoto 2, ses objectifs de réduction de gaz à effets de serre. La discussion ne débute que sur 15 % des émissions de l’union européenne et de l’Australie, car le Canada, la Russie et le Japon ne veulent plus… participer, et que les États-Unis n’ont jamais ratifié le traité. Autant écrire que si le séjour est offert par le Qatar avec ses revenus pétroliers, la conférence ne pèsera pas pour rien sur le budget des États les plus démunis ! Les pays en développement veulent cependant faire de ce rassemblement un moment…symbolique. Le prolongement du seul texte contraignant pour les pays industrialisés devant réduire leurs GES, au nom de leur « responsabilité historique » dans le réchauffement, prend des allures de revendication des pauvres contre les riches. Une sorte de lutte des classes planétaires s’engage ! Le protocole de Kyoto (…) est leur seule assurance que des mesures, mêmes très imparfaites, seront prises en attendant le « grand accord universel prévu pour 2015 ! On n’est pas pressé… il n’y a pas encore, que diable, le feu au lac des coffres-forts bancaires ! Total aurait lancé une guerre en Libye pour rien ? Il y a encore du gaz et du pétrole à vendre, alors le Qatar pourra encore recommencer à jouer aux écolos.

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Cet article a 3 commentaires

  1. Nadine Bompart

    Très bien dit!!!
    Mais « après moi le déluge », et vive la consommation effrénée et le gaz de schiste!!

  2. J.J.

    Le combat des chefs, ou la chicane dans la cour de récréation, c’est selon l’image que l’on s’en fait, ne concerne guère que le débat franco- français : aux info d’Arte, l’événement a été expédié en 30 secondes et sans commentaires.
    A croire qu’il se passerait des événements plus importants dans le monde ?

    Ce qui est à craindre c’est que la petite chose dont nous avons enfin pu nous débarrasser refasse surface sous prétexte de « sauver » son cher parti (son cher parti = ce parti qui nous coûte très cher).
    La Fontaine a décrit ça dans « L’Huître et les Plaideurs »

    Cela me rappelle le genre d’individu que l’on met à la porte et qui réapparaît à la fenêtre.

  3. Christian Coulais

    « car la guerre économique faisant rage, tout est impossible en matière de réduction drastique des consommations énergétiques »

    Il y a bien une solution à la portée de toutes et tous, mais surtout des mieux lotis, cela se nomme le partage, la décroissance. Vivre mieux socialement avec moins de biens matériels que l’on répare, et que l’on change quand vraiment c’est cassé.

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