La démocratie participative trouve un bon rythme

Depuis de longues années, je suis de ceux qui pensent qu’avant de lancer des réformes, les ministres devraient non pas nécessairement rencontrer des « représentants » réputés représentatifs des instances relevant du sujet, mais effectuer de véritables descentes sur le terrain des réalités. Il faut, avant d’effectuer des annonces, mesurer leur impact auprès justement de personnes non concernées. Le résultat serait souvent bien différent de ce que leur rapportent les membres des cabinets, les conseillers plus ou moins qualifiés et surtout les administrations centrales. Avec le Comité Consultatif citoyen cantonal, symbole de la concertation en amont des projets, je tente de faire remonter des avis sans complaisance, puisés dans des rencontres aussi libres que possible. Plus d’une cinquantaine d’élus du canton, ainsi que quelques parents intéressés, ont eu ainsi la possibilité d’ouvrir un dialogue direct autour de la réforme des rythmes scolaires, avec Françoise Cartron, Sénatrice de la Gironde, Vice-présidente de la commission « éducation, culture, communication » et Martine Faure, Députée, vice-présidente du groupe de travail de l’Assemblée sur ce thème. Une véritable démarche participative, au cours de laquelle les Parlementaires ont apporté au débat les éléments qu’elles possèdent sur le futur texte de loi… qui portera uniquement sur le primaire !

Bien évidemment, de nombreuses voix se sont élevées pour rappeler que « l’ intérêt de l’enfant » devait être au cœur des aménagements souhaités par le Ministre. Une position de principe qui vole en éclats dès que les lobbies ou les intérêts personnels entrent en jeu. Françoise Cartron rappela donc les dernières supputations sur les annonces que devrait effectuer le Président de la République mardi à 16 h 30 au Congrès des Maires.

« Le Ministre a déjà renoncé à une diminution de la durée des vacances scolaires estivales modulées selon des zones, en raison des difficultés d’organisation des épreuves nationales du bac… » expliqua la Sénatrice. « Il a rééquilibré les périodes travaillées à 7 semaines avec 2 semaines de coupure, et on ne changera rien à ces décisions » ajouta la Députée. « Il reste le rythme hebdomadaire qui reposera sur 9 demi-journées, avec un temps de travail des enseignants fixé à 24 heures d’enseignement selon les dernières négociations. La réduction de la journée face aux élèves sera de 5 h 15, soit une diminution de 45 minutes qui feront, cumulées, 3 heures pour un retour à l’école soit le mercredi soit le samedi matin. », et c’est là que le débat fait rage.

Qui va payer ces 3 heures d’aménagement du temps scolaire, étalées sur 4 jours ? Quel personnel devra assurer ces temps de présence devant tous les enfants ? Qui en déterminera les contenus ? Pourront-ils s’ajouter à la pause méridienne ou devront-ils être ajoutés en fin de journée ? Quels personnels seront affectés à cette tâche  et sur quelles bases seront-ils recrutés? Devront-ils s’inscrire dans les normes Jeunesse et sports ou Éducation nationale ? Qui aura la responsabilité légale de ces trois-quarts d’heure ? Que fera la CAF sur cet allongement de la prise en charge communale ou intercommunale des enfants ? Les élus présents n’ont pas l’air décidé à accepter le surcoût d’une décision de l’État… « Qui décide paye ! » exprima l’un d’entre eux et, en l’occurrence, les Maires souhaitent être les seuls à décider s’ils doivent payer… En fait, l’unanimité s’est vite faite sur la longueur des journées de présence imposées par le système social aux enfants dès leur plus jeune âge. Pour Martine Faure « certains continueront à effectuer 12 heures de présence dans les locaux et si leur temps d’enseignement change la durée de leur absence de chez eux restera la même. Il serait très important d’autoriser les mères à moduler leur temps journalier de travail ! ».

Il reste le cœur des préoccupations : quel est le meilleur choix pour la demi-journée supplémentaire ? Et là, très vite, on oublia l’intérêt de l’enfant pour causer « gros sous ». Tout le monde reste persuadé que les parents…. dans le cadre de leur volonté de protéger leur progéniture (?) revendiqueront le mercredi matin, aidés par une grande majorité d’enseignants surtout en milieu urbain. « En fait, ils ont tous trouvé, en gironde, depuis plus d’une décennie, obligatoirement une solution pour cette journée, et on va donc singulièrement compliquer leur organisation en interrompant la classe le mercredi à midi… mais je ne suis pas certain qu’ils aient autant de facilités pour l’accueil de leur enfant ». Bien entendu, on évoqua les conséquences de cette matinée travaillée pour les centres de loisirs, pour les apprentissages culturels associatifs et… pour les budgets communaux (transports, restauration, accueil périscolaire, chauffage, nettoyage…) avec une obligation de revoir tous les emplois du temps des personnels communaux. « Rien ne dit qu’une coupure d’un jour mercredi soit meilleure que deux jours complets en fin de semaine ! » commenta Françoise Cartron. On en arriva donc à la conclusion que le samedi matin (comme ce fut le cas durant de nombreuses années, pouvait se révéler à bien des égards plus souhaitable, car il ne suppose pas de frais supplémentaires pour les familles (restauration scolaire) et la Sénatrice proposa que « le samedi avant les vacances scolaires soient dévolu aux familles et qu’un samedi par demi-trimestre soit affecté au renforcement de la vie collective des écoles (réunions statutaires, rencontres parents-enseignants, conférences ou formation des parents, activités sportives…) ». Une démarche soutenue par l’ensemble des élus, comme le fut celle d’une décision par département et surtout pas par commune ou intercommunalité. On batailla ferme, mais nul ne remit en question la nécessité de la réforme. Ce fut un vrai moment de démocratie, durant lequel de nombreux élus purent s’exprimer, alors qu’à l’étage de la Mairie de Salleboeuf se réunissait le conseil municipal des jeunes. Au fait, qu’en pensent-ils de l’aménagement de leurs rythmes scolaires ?

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Cet article a 3 commentaires

  1. J.J.

    Difficile de Difficile de ménager la chèvre et le chou !
    Tout est question de conditions locales : du temps du « samedi matin », travaillant dans une école de ville, près des centres administratifs, nous avions un pourcentage élevé d’absents, certains parents habitant la périphérie ne jugeant pas utile de venir en ville uniquement pour amener les enfants à l' »école-garderie…

    Ce qui faisait le succès de l’école confessionnelle voisine, qui elle, touchant les subventions, mais appliquant ses propres règles, « pratiquait » le mercredi matin.

    Quant suite à un referendum général sur la ville nous sommes passés au mercredi matin, l’évêque a porté plainte auprès du tribunal administratif, sous prétexte de non respect du mercredi, réservé paraît -il au catéchisme.
    Il a gagné sur la forme mais perdu sur le fond, ce qui a permis le passage à la classe le mercredi .
    Où était l’interêt de l’enfant dans tout ça ?

  2. Cubitus

    Je m’arrêterai à votre première phrase sur la connaissance par les ministres de la réalité du terrain. Dès sa nomination, un ministre se retrouve enfermé dans une tour d’ivoire et se coupe complètement de la réalité (souvent, il l’était déjà avant). Ce ne sont pas ses conseillers ou son cabinet, majoritairement sortis de l’ENA ou autres grandes écoles qui vont l’informer utilement car, outre le fait qu’ils sont trop préoccupés par leur carrière et à ne pas déplaire au maître de céans, ils n’ont aucune connaissance concrète du pays, ayant appris ce qu’il savent par les livres et par les écoles dans lesquelles on les a isolés du reste du monde. Collège, lycée, grande école, ministère, voilà leur seule connaissance de la vie. Ces gens là travaillent sur la théorie et n’ont aucune connaissance de la pratique, de la vie réelle de leurs concitoyens. Comment voulez vous qu’ils appréhendent les difficultés de ceux pour lesquels ils sont chargés de proposer et de décider. Ça a toujours été comme ça et ce n’est pas près de se terminer. Entouré d’un tel staff, comment voulez vous que les pieds du ministre touchent le sol ? Le jour où un ministre, un député ou un sénateur connaîtra seulement le prix d’une baguette de pain, on en reparlera.

  3. François

    Bonjour !
    Et oui, Cubitus ! Malheureusement, vous êtes dans le vrai … que l’on peut compléter par une réflexion: il devient indéniable que cette Grande Ecole alsacienne est entre les mains d’une secte dont le but, sous couvert « d’éducation et de formation » de nos dirigeants MULTICOLORES, est, tout simplement, d’asservir notre vieille nation afin de mieux la rayer de la carte du monde !
    Le but est proche…quand on savoure le « mélodrame » auquel nous assistons depuis quelques jours! Du petit jeune blanc-bec au vieux sénateur somnolent, aucun des acteurs que nous voyons défiler n’est capable de manier une simple calculette! Comme gestionnaires, il est sûr qu’ils ne sont pas passés par la Primaire de Castillon version J-M !
    Alors comment peuvent-ils diriger l’avenir des français dont le seul intérêt, pour ces dirigeants ( MULTICOLORES), n’est que de payer leurs frasques !
    Pour rester sur une note optimiste, n’oublions pas de leur signaler qu’il existe un antidote pour Tous et notamment pour l’Actuel Premier d’entre eux: Il s’agit d’un sérum en injection mensuelle nommé Marché de Tulle des Laboratoires La Corrèze. Sa version de base Marché de Créon des Laboratoires La Gironde donne d’excellents résultats … en injection hebdomadaire ! !
    Cordialement.

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